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Critique de c.brijs


"Quinze ans, rappelez-vous : le moindre événement qui sort du quotidien déverse dans vos veines des torrents d'eau-de-vie en perfusion."

Après avoir lu avec plaisir le coeur en braille de Pascal Ruter, sélection du prix Farniente 2014, il était temps que je découvrisse celui-ci. Allais-je y retrouver ce cocktail d'humour et d'émotion qui m'avait particulièrement séduite ?

Dans L'amour au subjonctif, il est question d'amour, de subjonctif imparfait... et d'un voyage scolaire en Italie. Rien de bien original sauf lorsque les personnages se lâchent, que les situations frôlent le surréalisme et que tout part en vrille : "l'autorité, le planning, les profs... et les sentiments".

Côté distribution, on a droit à des personnages hauts en couleur. du côté des élèves, il y a Roméo, fou amoureux de Juliette (il ne pouvait en être autrement) depuis la maternelle, qui voit dans ce voyage son ultime chance de concrétiser ; Juliette qui, malgré son sens aigu de l'observation, reste aveugle à ses tentatives de rapprochement et, pour qui, ce voyage est synonyme d'heures de papote avec ses copines, Anna et Zoé ; Merlin, cleptomane attiré par tout ce qui brille et accro à une photo mystérieuse ; etc.

Du côté des adultes, madame Kroc, la prof de latin qui, au fil du voyage, va finir par le perdre tout à fait ; monsieur Gentil, le prof d'histoire qui passe son temps pendu au téléphone ; madame Triolet, la prof de musique qui parle en vers et ne peut pas s'empêcher de marquer le tempo, et le dernier mais non le moindre, Tarzan, le chauffeur de car balèze au coeur tendre, et son chat prénommé "Tête de con" ! Véridique comme dirait l'un des personnages.

Leur périple en Italie : Rome et Naples, nous est conté par les jeunes. Chacun apportant sa pierre à l'édifice avant qu'il ne s'écroule, pour notre plus grand bonheur. de leurs déboires culinaires et autres (ils ont droit à l'escalope panée à tous les plats alors qu'ils rêvent de pizza au mètre) à leurs découvertes culturelles marquantes (de taille si j'ose dire *) en passant par les rapprochements divers et une séance de confession improvisée dans les douches, on vit ce voyage avec eux.

Et, c'est bien connu, les voyages forment la jeunesse ! Ce titre en est une parfaite illustration. Bien au delà des visites, des carnets à remplir ("le truc qui transforme une jolie surprise et une belle déambulation hasardeuse en un inventaire de musée poussiéreux"), c'est surtout l'aspect humain qui prime. le fait de quitter ses parents, de vivre 24 heures sur 24 avec ses copains, on finit par se découvrir soi-même. Au bout du voyage, tous rentreront transformés, un peu plus grands, plus mûrs qu'avant...

Le côté fun du récit c'est que cette folie douce touche également les adultes de l'histoire qui vivent une seconde jeunesse, ouvrent les yeux sur une vie qui ne leur convenait pas et prennent un nouveau départ. Bien évidemment, dans la réalité, les points d'ancrage sont bien plus résistants et nos trois profs seraient revenus, au moins pour un temps, à bon port. La fiction permet heureusement d'autres scénarios, plus improbables, plus déjantés ! Ce trait grossi fait bien sûr sourire mais aussi réfléchir sur nos choix de vie où prime souvent la sécurité plutôt que le bonheur.

Bref, saupoudrez le tout avec quelques subjonctifs imparfaits bien placés ; l'une ou l'autre réplique du grand Shakespeare ; des histoires tout aussi croustillantes de "Coeurs déchirés", la série que ne manque sous aucun prétexte Tarzan ; quelques références cinématographiques de poids et d'un brin de philosophie à la Roméo et vous obtenez un ouvrage qui parle aux jeunes comme aux adultes un peu nostalgiques de leurs 15 ans ! Et, pour revenir à ma question de départ, c'est oui, cent pour cent séduite oui, même si, à mon sens, le côté décalé du récit prime de loin sur l'émotion. Et puis, comment, en tant que prof, ne pas fondre devant ce qui suit ?

"Elle était à cheval sur la grammaire. Exactement comme moi, parce que je pense que la grammaire, c'est le noeud papillon du langage."
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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