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Critique de Munin


Il y a plus d'idées dans la table des matières d'un roman de Clive Barker, que dans l'oeuvre complète d'un écrivain fantastique lambda. Cette vérité énoncée, il faut tout de suite admettre ensuite que cela ne fait pas des livres de Barker des réussites à tous les coups. Loin de là, même, dans beaucoup d'entre eux les idées géniales étant noyées sous des intrigues délayées, des personnages mal utilisés, et de la métaphysique fumeuse. Mais quand il réussit son coup, le résultat vaut vraiment le détour, et on comprend alors pourquoi il a inspiré autant de ses contemporains, et ce que les jeux de rôle Kult ou Unknown Armies lui doivent.

Secret Show, le roman, est une demi-réussite. On y voit deux puissants occultistes, ayant tout deux réussi à percer l'illusion de la réalité et touché aux pouvoirs qui la sous-tendent, engagés dans une lutte à mort à travers leur influence sur la population d'une petite ville de Californie.

L'adaptation en BD révèle toutes les qualités, mais aussi toutes les faiblesses du roman. Celles-ci sont en plus alourdies par le choix du scénariste de transposer plutôt qu'adapter le roman : sa fidélité au matériau de base, malgré la contrainte du format et du nombre de pages, rend l'intrigue quasiment illisible. Les ellipses nombreuses, les raccourcis imposés par la pagination, font déverser sur la tête du lecteur toute la cosmologie improbable de Barker : quiddité, terata, cosme... La dramatisation de l'histoire est tellement difficile à suivre que je me au défi le lecteur, qui ne connaît pas déjà le roman, de dire qui sont les personnages principaux. le Jaff ? Tesla ? Grillo ? Howie & Jo-Beth ? le traitement de l'"American Way" et des icônes de l'Amérique moderne, au travers du personnage du comique et de la fête donnée par ses amis d'Hollywood après sa mort, est totalement incompréhensible dans la BD - et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.

Mauvaise BD ? Elle l'aurait été sans le talent de Gabriel Rodriguez, déjà vu dans Locke & Key. Son trait, clair et précis, surprend toujours autant dans une histoire d'horreur onirique, mais ses personnages, reconnaissables et expressifs, ses décors, bourgade californienne engluée dans le cauchemar, ses monstres aussi, créent une superbe ambiance, que finalement l'intrigue poussive renforce : le lecteur, balloté d'événement incompréhensible en épiphanie improbable, est dans le même état d'hébétude que les habitants de la petite ville, écrasés par la chaleur californienne et les cauchemars imposés par les demi-dieux qui se livrent à leur guéguerre occulte sous leurs pieds.

Si le fan de Barker y trouvera son compte, il est déconseillé de commencer par là sa découverte du fantastique gnostique mâtiné d'horreur Lovecraftienne de l'auteur. Il vaut mieux choisir de lire le Royaume des Devins, superbe roman foisonnant à l'intrigue plus condensée que les mastodontes Galilée, Imajica ou Everville.
Lien : http://hu-mu.blogspot.fr/201..
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