Citations sur La forêt des damnés, tome 1 (72)
Je me dis qu'on est tellement braqués sur le danger que représente la Forêt qu'on en oublie les autres dangers de la vie. Je me dis qu'on est drôlement fragiles, ici - on dirait des poissons dans un aquarium cernés par les ténèbres qui se resserrent de tous les côtés.
_ J'ai connu l'amour... je murmure, autant pour moi-même que pour mon frère.
Un coin de sa bouche se soulève dans un demi-sourire.
_ Tu ne peux pas avoir connu l'amour.
Je suis sur le point de protester, quand il lève une main pour m'interrompre et ajoute:
_ Si tu l'avais connu, tu ne me dirais pas de tuer ma femme comme si c'était un choix facile. Tu saurais qu'on ne renonce pas à l'amour comme ça. Et tu saurais qu'on ne peut pas le tuer. Jamais
Qui sommes-nous, sinon les histoires qu'on transmet ? Que se passe-t-il quand il ne reste plus personne pour raconter ces histoires ? Et pour les écouter ? Qui saura que j'ai existé ? Et si on est les seuls survivants...qui connaîtra nos histoires ? Et qu'adviendra-t-il des histoires de tous les autres ? Qui s'en souviendra, de celles-là ?
Nous étions les gardiens de notre mémoire et nous avons échoué. C'est comme ce jeu auquel on jouait, à l'école, quand on était petites : on s'assied en cercle, une élève chuchote une phrase à l'oreille de sa voisine et on fait passer le message jusqu'à ce que la dernière élève du cercle répète ce qu'elle a entendu, et là, on s'aperçoit que ça n'a rien à voir avec ce que c'était censé être.
Voilà à quoi ressemble notre vie aujourd'hui.
« Tu crois vouloir l'amour, Mary. Tu crois que c'est un beau cadeau qui ne te fait que te rendre épanouie et comblée. Mais tu as tort. L'amour peut-être cruel, affreux. Ça peut devenir très noir et faire beaucoup de mal.»
cette vie c'est celle que l'on ma donné pas celle que j'ai choisie .
Maintenant, j'appréhende de venir à la lisière de la Forêt et de regarder derrière la clôture. J'ai peur de le voir là, avec les autres : vêtements en loques, peau flasque, doigts rouges et éraflés à force de tirer sur le grillage, et cet horrible gémissement suppliant.
Je me rallonge sur la plateforme et je sens le bois chauffé par le soleil à travers mes vêtements. De gros nuages blancs filent dans le ciel bleu, poursuivant leur route comme si tout ça n'était pas que mort, ruines et douleurs.
- Les Soeurs ont tort. Ce qui compte, ce n'est pas de survivre. Ça devrait être l'amour. Quand on connaît l'amour... c'est ça qui fait que la vie mérite d'être vécue. Quand on vit avec tous les jours. Qu'on se réveille avec, qu'on s'y réfugie pendant l'orage et après un cauchemar. Quand l'amour te fait oublier la mort qui nous entoure et te comble à un point que tu ne peux pas exprimer.
Nous étions les gardiens de notre mémoire et nous avons échoué. C'est comme ce jeu auquel on jouait, à l'école, quand on était petites : on s'assied en cercle, une élève chuchote une phrase à l'oreille de sa voisine et on fait passer le message jusqu'à ce que la dernière élève du cercle répète ce qu'elle a entendu, et là, on s'aperçoit que ça n'a rien à voir avec ce que c'était censé être.
Voilà à quoi ressemble notre vie aujourd'hui.