Avec lassitude, il balança une fois de plus les jumelles vers la gauche. Lentement, il suivit l'horizon et parvint au centre de la baie. Alors, les jumelles s'arrêtèrent. Pluskat se raidit, regarda attentivement.
A travers les lambeaux de brume qui se dissipaient, l'horizon s'emplissait de navires, comme par enchantement, des bateaux de toute sorte, de toute taille, qui évoluaient tranquillement, comme s'ils étaient là depuis des heures. On aurait dit qu'il y en avait des milliers. C'était une armada spectrale, surgie de nulle part. Le souffle coupé, figé sur place, Pluskat contempla le spectacle sans y croire, plus ému qu'il ne l'avait jamais été. A ce moment, l'univers du bon soldat Pluskat commença de s'écrouler. Il se rappelle qu"en ces derniers instants, il comprit, avec calme et certitude, que " c'était la fin de l'Allemagne".
-" Croyez-moi, Lang, les premières vingt-quatre heures de l'invasion seront décisives...Le sort de l'Allemagne en dépendra...Pour les Alliés, comme pour nous, ce sera le plus long jour."
Feld-maréchal Erwin ROMMEL.
à son aide de camp,
22 avril 1944.
Bonne fête papa j'espère que ça te plaira bonne lecture ta fille qui t'aime Océane
L'opération "Gambit" commençait bien. Il regrettait secrètement, cependant, que l'on n'eût pas choisi un autre nom pour cette opération. Bien qu'il ne fût pas superstitieux, le jeune commandant avait été navré, en recherchant le mot "gambit" dans le dictionnaire, de découvrir que cela voulait dire aux échecs "sacrifier un pion à l'ouverture". Honour jeta un dernier regard sur les soldats allenmands de la plage. Le lendemain, à cette même heure, l'enfer se déchainerait sur ces grèves.
Avec lassitude, il balança une fois de plus les jumelles vers la gauche. Lentement, il suivit l'horizon et parvint au centre de la baie. Alors, les jumelles s'arrêtèrent. Pluskat se raidit, regarda attentivement.
À travers les lambeaux de brume qui se dissipaient, l'horizon s'emplissait de navires, comme par enchantement, des bateaux de toute sorte, de toute taille, qui évoluaient tranquillement, comme s'ils étaient là depuis des heures. On aurait dit qu'il y en avait des milliers. C'était une armada spectrale, surgie de nulle part. Le souffle coupé, figé sur place, Pluskat contempla le spectacle sans y croire, plus ému qu'il ne l'avait jamais été. À ce moment, l'univers du bon soldat Pluskat commença de s'écrouler. Il se rappelle qu'en ces derniers instants, il comprit, avec calme et certitude, que "c'était la fin de l'Allemagne" (La nuit - chapitre VIII - page 165).