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Critique de Lune


Le nom de Vita Sackville-West m'était connu en tant que conceptrice du fameux jardin blanc de Sissinghurst et aussi associé à l'époque littéraire britannique de Virginia Woolf. Je connaissais quelques grands traits percutants de son histoire personnelle et de son audace. Je savais qu'elle avait écrit; je viens de découvrir l'un de ses romans, celui qui fut et est toujours considéré comme le plus abouti.

Le cadre de vie :première partie du vingtième siècle avec des relents du dix-neuvième qui perdurent dans un milieu artistocratique anglais.

Les personnages : Lady Slane, 88 ans. Genoux, sa gouvernante depuis plus de soixante ans. Ses enfants (déjà d'un certain âge), des petits et arrière-petits enfants; le propriétaire et gérant de Hampstead; le menuisier; le mystérieux M. FitzGeorge.

L'action : Lady Slane, devenue veuve, prend pour la première fois ses propres décisions et décide de s'installer librement dans la maison rêvée entrevue il y a de nombreuses années à Hampstead. Les jours qui lui restent à vivre s'écouleront enfin paisibles uniquement nourris des relations qu'elle admet, relations vraies sans le spectre de la compétition, de la réussite sociale et de l'argent. Devenue elle-même, Lady Slane se laissera aller au vertige du passé, à l'introspection et pour la première fois, sans regrets, comprendra la distance entre la vie imposée et la vraie vie. Les récompenses seront au nombre de deux : l'amour de M. FitzGeorge qui révélera la densité de ce qu'aurait pu être une relation amoureuse entre deux êtres respectueux reconnaissant à l'autre le droit d'être et l'arrière-petite fille, projection d'elle-même, qui pourra dépasser préjugés et milieu afin de se réaliser et non de réaliser ce que les autres projettent pour elle. L'amitié vraie des vieux messieurs désintéressés mettra du baume au coeur face à l'égoïsme, l'arrivisme, la froideur des enfants.

Ce que j'en pense : roman délicieusement désuet mais qui remue lorsqu'on re/découvre ce que fut la condition féminine jusqu'il n'y a pas si longtemps. "Elevées comme des saintes, on les livre comme des pouliches" a dit George Sand. Cette phrase a trotté dans ma tête tout au long de la lecture. L'homme "propriétaire" d'une femme comme d'une maison, d'une écurie, etc... voilà de quoi sentir la nausée monter... et se dire que dans certains endroits du monde, l'histoire se répète, encore plus tragique... Telles sont les considérations qui peuvent monter lors de cet écrit qui est pourtant sage, un peu nostalgique, carrément d'un autre temps. Sa modernité ne réside que dans ces réflexions et le rend intéressant en tant que témoignage de l' histoire sociale féminine.

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