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" Jusqu'à son terme, la vie réserve des surprises. "
Surtout si, comme Lady Slane, quatre-vingt-huit ans, vous décidez de vivre enfin comme vous en avez envie. Charmante, soumise, dévouée à son mari et ses enfants, elle a toujours obéi sans broncher, sans affirmer ses propres désirs. Alors sans hésiter, veuve après soixante-dix ans de vie commune, elle décide, à la surprise générale de ses descendants, de se retirer dans une modeste maison de la campagne anglaise avec pour seule compagnie sa vieille et fidèle servante française, et pour seul but la sérénité et la douceur d'évocation de ses souvenirs.

Progressivement, trois vieux messieurs, M. Bucktrout, M. Gosheron et M. FitzGeorge, son propriétaire, un artisan, et un amateur d'art admirateur secret de la lady dans sa jeunesse, complètent le tableau de sa nouvelle vie sociale. Vieux certes, mais délicieusement excentriques chacun à leur manière, ils l'aident à composer et apprécier sa nouvelle existence, conforme à ses envies de fin de vie.
Drôle et étonnant quatuor dont j'ai suivi avec grand plaisir les tribulations !

Semblant n'être au début qu'une délicieuse histoire so british au ton irrévérencieux et non dénuée d'humour, le récit progresse peu à peu vers une réflexion beaucoup plus poussée sur les choix de vie et leurs conséquences. Certes le roman est paru en 1931, son charme décalé et suranné est bien réel, mais il dévoile néanmoins un très beau portrait de femme au soir de son existence, remarquablement écrit et construit qui plus est.
Elle étonne, lady Slane, par sa réelle capacité à se révéler à un âge avancé, à choisir de vivre intensément jusqu'au bout, passant de l'activité de la jeunesse à l'introspection mature et plus sensible. Il n'est résolument jamais trop tard pour se réveiller, se réinventer et vivre selon ses aspirations les plus profondes : tel est bien le message de Vita Sackville-West, d'une étonnante modernité intemporelle finalement.
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Que dire ? Que dire, à part que Toute Passion Abolie m’a époustouflée… C’est une histoire tendre et touchante qui nous est racontée, et que c’est beau, que c’est gracieux ! Je ne pensais pas être autant éblouie par un si petit livre en le débutant, et pourtant, c'est arrivé.

Beaucoup de thématiques intéressantes sont abordées, notamment celle de la vie heureuse. En effet, l’héroïne du roman, Lady Slane, est âgée de 88 ans, et on regarde à travers ses yeux son passé – principalement ses regrets, ses peines, ses frustrations ; mais pas que, on découvre aussi de jolies rencontres, de beaux souvenirs, des rêves qui se réalisent enfin, des espoirs jamais éteints… L’auteure aborde également le sujet des conditions - très regrettables - de la femme à l’époque, et comme le prouve notamment la citation sur le mariage qui suit : « Comme les femmes font du tapage autour du mariage ! pensait-elle, mais qui les blâmerait, puisqu'il est la seule et unique grande histoire de leur vie ? N'est-ce pas pour ce rôle qu'elles ont été façonnées, habillées, déguisées, éduquées - si tant est qu'on puisse appeler cet apprentissage une éducation -, protégées, gardées à l'abri, couvées, parquées, réprimées, et tout cela pour que, le moment venu, on puisse les livrer, ou qu'elles puissent livrer leurs filles, au service de l'Homme ? » ; cette dernière représente exactement tout ce qui m’aurait terrorisée si j’avais vécu à cette époque, cette réduction de la femme à celle d’épouse et de mère, la soumission, l’absence totale de liberté et d’accomplissement personnel…

Je me suis vraiment identifiée à Lady Slane, et pourtant j’ai encore quelques bonnes dizaines d’années devant moi avant d’atteindre son âge, mais la lecture de ce livre m’a donné une leçon de sagesse incroyable, et que cela fait du bien ! Je trouve l’idée de Vita Sackville-West de mettre en scène une héroïne âgée très originale, et le fait de mêler à la fois introspection (qui se révèle complexe et profondément bouleversante) et vie quotidienne (dans toute sa banalité et sa futilité) offre un beau contraste qui révèle toute la grandeur du récit, ce qui aboutit à un portait très réussi. J’ai aimé aussi le cynisme dont fait preuve Lady Slane vis-à-vis de ses prétentieux et vénaux enfants au début du roman, et la soif de liberté qui l’anime la rend vraiment admirable et fascinante.
Et puis, il est tellement agréable de suivre la charmante et poétique écriture de l’auteure ! Je la trouve à la fois raffinée et puissante et je ne peux m’empêcher de remarquer qu’elle me trouble autant que celle de Virginia Woolf, ce qui n’est peut-être pas si étonnant que ça après tout.

Bref, pour résumer un peu le tout, je dirais que Toute Passion Abolie est une belle histoire qui arrive à mêler force et douceur, et à laquelle il serait dommage de passer à côté, en attendant de parvenir effectivement à l’âge où toute passion est abolie, mais où la vie prend enfin toute son importance.
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Epouse aimante de l'ancien vice-roi des Indes, Lady Slane a toujours semblée soumise – reléguée comme un bagage qui suivait sans rechigner son mari. Désormais veuve à 88 ans, elle devient le centre d'attention de ses enfants qui voudraient décider ce qui sera le mieux pour elle – et surtout pour eux. Lady Slane va surprendre son entourage en choisissant enfin de vivre sa vie comme elle l'entend.

Cette liberté retrouvée lui permet de croiser trois hommes à la personnalité forte : son propriétaire, un artisan, et un excentrique collectionneur d'art.

Publié en 1931, ce court roman centré sur le statut des femmes à l'aube du XXème siècle m'a semblé être d'une certaine façon le pendant de Une Chambre à soi de son amie Virginia Woolf. Vita Sackville-West nous offre ici le portrait d'une femme qui se souvient comment ses rêves de jeunesse furent brisés en acceptant de se conformer à ce que sa famille, son époux, la société, attendaient d'elle. En parallèle, l'auteur nous invite à une réflexion sur la vieillesse, et grâce à la finesse des observations cette thématique m'a le plus touchée.




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J'ai aimé ce roman d'une grande beauté élégiaque, le portrait en miroir de Lady Slane qui à 88 ans et à la mort de son hiératique époux, ancien vice-roi des Indes, entend bien vivre désormais comme elle l'entend. Loin de ses 6 enfants qui cherchent à l'enfermer pour son bien.

Lady Slane n'a qu'une envie à son âge, renouer avec son jardin intime et son moi le plus vrai et le plus naturel, la Deborah Lee de sa jeunesse.

Regrets et graines d'amertume sont des légers nuages à chasser dans le ciel bleu de la vieille Lady.
Un joli bouquet d'élixir de souvenirs et de douce euphorie l'attend contre toute attente dans sa nouvelle maison à Hampstead.

Devant la douceur d'un été finissant qui semble éternel, je suis tombée sous le charme suranné de l'écriture et du portrait en légères touches pétillantes de Lady Slane comme devant un tableau impressionniste.

Un très très joli coup de coeur !
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"Toute passion abolie" a été une excellente lecture ! J'ai vraiment aimé cette histoire -très originale mais pourtant charmante- dont le personnage principal est purement merveilleux ! Nous suivons le quotidien de Lady Slane, âgée de quatre-vingt huit ans, qui, à la mort (à l'âge de quatre vingt quatorze ans !) de son mari, le très célèbre Henry Holland mieux connu sous le nom de Lord Slane, ancien vice-roi des Indes, chevalier de la légion d'honneur et de toutes autres sortes de titres, décide de se retirer, à la surprise générale de ses six enfants, Herbert, Carrie, Charles, William, Kay et Edith, dans une petite maison située à Hampstead, dans le calme et la sérénité. Lady Slane peut ainsi s'installer, accompagnée de sa gouvernante et vieille amie Genoux, et va commencer une nouvelle vie palpitante : la vieille dame va alors se lier à son nouveau propriétaire, M. Bucktrout, ainsi qu'à l'électricien qui s'occupe de sa belle maison, M.Gosheron. Lady Slane se replonge alors dans ses souvenirs, en tant que jeune fille, Déborah Lee, puis lors de son mariage qu'elle n'a jamais souhaité où elle deviendra Déborah Holland ; Madame Slane nous apprend également ce qu'elle a ressenti tout au long de sa vie, ses espérances, ses doutes, ses joies et ses peines et se pose la question suivante : ai-je passé une vie heureuse ?
Enfin, dans la troisième partie, nous croisons M. FitzGeorge, un personnage vraiment essentiel puisqu'il sera le compagnon de Lady Slane pendant ses derniers jours et lui révelera un passé qui les a marqués...

Avec sa plume délicieuse, ses phrases poétiques et son talent incontestable, Vita Sackville-West signe là un magnifique roman, sans doute son plus connu et bien sûr l'un des plus jolis de son époque.

A lire !!
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Un petit chef d'oeuvre! Ce délicieux roman m'a enchantée!

Le livre s'ouvre sur les pensées incisives et détachées de Lady Slane, face au cadavre de son mari, le comte de Slane, qui " s'était affaissé à la fin du repas, entraînant soudainement dans l'histoire tout le poids de ses quatre-vingt quatorze années ."

Puis ce sont les réflexions d'Edith, la cadette des enfants du comte, qui nous sont rapportées. Elle se sent différente et observe avec acuité les réactions de ses frères et soeurs, leur hypocrisie, leur mesquinerie.

Vient le moment jubilatoire de la réunion familiale, où doit se régler le sort de Lady Slane, que ses enfants ( sauf Edith, bien sûr ...) , engoncés dans leur sens du devoir, se voient prêts à prendre chez eux, chacun leur tour, sans même lui en avoir parlé.

La vieille mère de quatre-vingt huit ans, si docile, effacée, qui a toujours tenu à la perfection son rôle d'épouse d'un haut fonctionnaire, va cependant les stupéfier! Elle refuse avec douceur leur proposition, qui sonnait plutôt comme un ordre... Et elle leur annonce qu'elle a décidé de vivre seule, dans une maison, en location, à Hampsead.

Commence alors une nouvelle vie pour elle, libre et apaisée, entourée d'amis dévoués. Fermement, elle fait comprendre à ses enfants qu'il en sera ainsi. Elle peut enfin se consacrer à elle-même et évoquer sans nostalgie pesante son passé. Elle goûte alors avec bonheur, même si elle se sait proche de la mort,les petits plaisirs de la vie.

J'ai beaucoup apprécié sa volonté de terminer sa vie comme elle l'entend, de se détacher des conventions, de rêver à son aise, ce que le style tour à tour acéré et poétique de l'auteure rend très bien.

Toute passion abolie, " assise au soleil dans l'été finissant", elle peut désormais humer tranquillement l'odeur délicieuse des pêches mûres...

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C'est une évidence pour ses enfants, Lady Slane n'est pas une femme de tête. Toute sa vie, elle a été « aimable et charmante » - entendez soumise, « un prolongement de son mari », se tenant prête à tout moment sur n'importe quel quai pour y être enregistrée comme un bagage. Mais à 88 ans, Lady Slane devient veuve et, toute passion abolie, décide de faire ce qu'elle veut au plus profond d'elle-même: se laisser aller, se laisser bercer par la brise, contempler sa vie, rêvasser. Questionner le fonctionnement de nos sociétés, rêver à une humanité plus belle, «libre désormais de croire en un monde de bonté et de lumière»:
«Elle avait parfois éprouvé la sensation de vivre dans une humanité plongée dans un monde d'illusions, embarquée dans des rêves à la fois dérisoires et dangereux. Ce système lui semblait être basé sur des conceptions fausses. le hasard seul avait fait que les hommes avaient pris l'or et non la pierre comme symbole de la réussite, qu'ils bâtissaient leur vie sur l'esprit de compétition et non sur la tendresse. Mais pourquoi n'était-il pas venu à l'esprit des habitants de la planète qu'elle tournerait beaucoup mieux tout simplement avec des pierres et de la tendresse?»

Il ne se passe pas grand chose dans ce roman puisque Lady Slane n'aspire à rien d'autre qu'une douce quiétude, et malgré cela c'est plutôt intéressant. Ça ne manque pas d'élégance et de jolies considérations sur les plaisirs de la vie contemplative, même si c'est peut-être un chouïa bavard quand même par moments.
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Lady Slane vient de perdre son mari, ancien vice-roi des Indes. Ses enfants sont prêts à lui organiser sa vie. Mais à 88 ans, après avoir toujours été au service des autres, elle n'a plus l'intention de laisser les autres décider pour elle.
Alors elle recherche la petite maison de ses rêves pour vivre sa vie comme elle l'entend , loin de l'image qu'elle a toujours véhiculé.

Ce livre écrit en 1931 aurait presque pu être écrit aujourd'hui. Un plaisir!
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Au décès de son mari « C'est probablement parce qu'Henry Lyulph Holland, premier comte de Slane, vivait depuis si longtemps, qu'on avait fini par le croire immortel. », Lady Slane décide d'habiter une maison à Hampstead seule avec sa chère Genoux (vous noterez que, pour une gouvernante, on ne met pas Mademoiselle devant !!) où elle se lie d'amitié avec son propriétaire et l'artisan chargé des menus travaux. A 88 ans, elle désire, à l'âge où toutes les passions sont abolies, La vie coule paisiblement, entre promenades, thé. Elle se remémore sa vie de femme mariée et prend le temps de regarder, de s'abandonner à ses rêveries, surtout loin de ses enfants.

Elle se souvient de la demande en mariage de Holland, de sa réponse distraite, mais ferme devant ses velléités de peintre…. Pourtant elle l'a aimé, l'a soutenu, l'a suivi et décoré de sa présence.

La vie lui réserve encore quelques surprises, entre autre, sous la forme de Mr. FitzGeorge, collectionneur atypique, un ancien amoureux platonique de la belle vice-reine. Lui-aussi devient un habitué de la maison et les conversations au coin de feu ou les promenades à petits pas font leur bonheur à tous.
Lady Slane me fait penser aux paysages peints par John Constable, qu'elle apprécie tant. Ce n'est pas une vieille dame indigne, mais une femme digne qui au soir de sa vie veut vivre comme elle le désire, entourée par son petit aréopage de son choix, sans souci des convenances.
La plume alerte de Vita Sackville-West fait que l'on ne s'ennuie pas un instant. Passant de l'ironie à la poésie, de la douceur aux sarcasmes, elle nous dépeint la fin d'une époque : celle de Lady Slane, ainsi que ce 19ème siècle bourgeois et guindé où ses enfants évoluent obsédés qu'ils sont par l'argent, le rang….. Par petites touches, sans avoir l'air d'y toucher, elle met le doigt dans les fissures de cette société anglaise. Autant l'atmosphère est légère lorsque Vita Sackville-West raconte Lady Slane, autant lorsque ses enfants arrivent, on a une brusque envie de se tenir bien droit sur sa chaise.

La lecture de ce très beau portrait de femme m'a ravie et j'ai noté cet auteur que je ne connaissais pas. Merci Letitbe, ta chronique m'avait alléchée. Je relirai cette amie de Virginia Wolf.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Lorsque Henry Lyulph Holland, premier comte de Slane, décède c'est l'émotion qui prime. Ce vieil homme mort à 94 ans est l'ancien vice roi des Indes, un ancien premier ministre, c'est aussi l'époux de Lady Slane. Que va devenir Mère.? Les 6 enfants se réunissent, proposent, s'arrangent et décident pour elle ....
Patatras cette encore très belle dame décide , du haut de ses 88 ans et à la stupéfaction générale de reprendre les rênes de sa vie en mains et de vivre enfin comme elle l'entend ! Finies les réceptions, les obligations mondaines, les oeuvres de charité , tout ce tralala qui a rempli son existence depuis plus de 70 ans sans lui laisser le moindre moment de répit.
Non elle ne veut pas aller vivre à tour de rôle chez ses enfants, elle veut aller vivre seule à Hampstead, elle veut aller s'installer dans la maison qu'elle y a vue il y a 30 ans !!
Et voilà Lady Slane installée avec Genoux ,sa femme de chambre depuis son mariage Elle n'aspire plus qu'à une seule chose pouvoir vivre lentement à son rythme de vieille dame laisser filer le temps ; recevoir ses petits-enfants, et leurs enfants pas question trop fatigant !
Les seules personnes à trouver grâce à ses yeux sont Mr Bucktrout, son propriétaire,, Mr Gosheron, l' entrepreneur ils forment avec Genoux un quatuor moyenne d'âge 85 ans...
Quel roman!, c'est tout à la fois charmant, émouvant , grinçant! Vita Sackeville-West passe au vitriol cette société qu'elle connait si bien.Publié en 1931, c'est un pan de la société britannique de l'époque qui est croqué à pleines dents.Bien sûr et éternellement quel rôle la femme doit elle jouer? a t' elle le droit de se rebeller ou son sort est il exclusivement celui d'être une femme au foyer dévouée à l'époux que sa famille lui a choisi et à ses enfants?
C'est toujours avec un très grand plaisir que je me plonge dans les romans de Vita Sackeville-West et une fois de plus je n'ai pas été déçue ! Que demander de plus ?
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