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Critique de ahasverus


Justine est orpheline à 12 ans. Elle fait le choix de la vertu. Sa soeur Juliette, 15 ans, suit la route du vice et ses petits arrangements.

Dans le monde de Justine, les ogres sont bien intégrés. Ils portent des beaux costumes, ils ont une belle situation et beaucoup de relations. Bon, en fait, c'est comme dans la vraie vie...

Sauf que chez Justine, le soleil brille peu sur la vertu : son chemin ne passe qu'au milieu de prêtres ignobles, de bandits sanguinaires , de notables sodomites ou de nobles parricides qui n'ont d'autre but que de jouir des effets de leur cruauté sur notre héroïne et ses soeurs de malheurs.

Sur son chemin de croix, Justine se voit proposer le choix du bien ou du mal. Elle choisit toujours le bien et le respect de l'autre et s'en trouve invariablement punie tandis que le mal prospère.

L'histoire de Justine a accompagné Sade durant toute sa carrière littéraire. Il en délivra trois versions. Celle présentée ici est la seconde. Elle est moins crue que sa troisième édition parce qu'elle bénéficie du vocabulaire châtié de Justine.

Sade n'a pas donné par hasard son nom à plusieurs langues pour décrire cette perversion sexuelle qui pousse quelqu'un à prendre du plaisir dans la souffrance de l'autre : il a lui même pratiqué un peu tout ce qu'il décrit. Notre pardon ne va à lui que grâce au temps, avec lequel on sait maintenant que va, tout s'en va : strangulations, saignées, pédophilie, morsures de chiens, que notre petite Justine subit, de même que tout ce qui a pu germer dans la longue vie du crâne puant du divin marquis.

Les contre-valeurs développées par Sade sont tranchées : égocentrisme et athéisme. Individualisme forcené. Epoque oblige, le parti de l'auteur n'est pas clairement énoncé, et Justine les traite sans cesse en sophismes, visant le bonheur dans un autre monde.

La qualité de l'écriture de Sade réduit à rien les 200 ans qui nous séparent de la conception du roman. Il envoie Bram Stoker et de quelques auteurs du début du 20ème dans des oubliettes poussiéreuses pleines d'un style désuet. Sade écrit bien. Son matérialisme exacerbé est parfaitement présenté et son traitement suscite toujours la controverse (voir critiques des babelionautes).

Justine ou les malheurs de la vertu est donc une très grande oeuvre immorale, d'une lecture très agréable. Quand au marquis, il a sans mérite échappé à la mort et fini chez les fous. Son âme ne connaît pas de paix : on l'a exhumé. Son crâne a illustré des conférences dans plusieurs pays. On lui prête des pouvoirs magiques. Il circule peut être -sûrement- encore quelque part, et il fait toujours l'actualité (Le Dernier Crâne de M. de Sade ; Histoires Chûchotées à Justine, etc)
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