GLOSE de
JUAN JOSÉ SAER
On est le 23 octobre 1961, ou pas, octobre ou novembre, 60 ou 61,le 23 ou le 25, quelle importance? Angel Leto est descendu de l'autobus avec l'envie de marcher dans la rue St Martin ensoleillée, pas envie de retrouver son entresol obscur où il pratique la comptabilité. Pourquoi flâne t il au
lieu d'aller travailler, peut-être parce que sa mère, ce matin en prenant le café lui a dit »lui qui a tant souffert ». Il n'a pas voulu investiguer en voyant Isabel, sa mère, il s'est dit »me sonde t elle ». Il lui donnerait volontiers la réponse s'il la connaissait, Leto hésite puis s'enferme dans le silence, oui, c'est sûrement pour cela qu'il est en train de marcher dans la rue St Martin, ou pas, comme sa mère poussée à prononcer des phrases mystérieuses. En chemin il croise le Mathématicien, tout bronzé, qui revient d'un voyage en Europe, il est à bicyclette, il lui égrène toutes les capitales qu'il a visitées, c'est un penseur, il a été de tous les groupes trotskistes vers 55, famille d'avocats. Quand
Tomatis parle d'un auteur qu'il ne connaît pas, il achète ses oeuvres complètes et à la prochaine rencontre il est prêt à discuter.
On va suivre sur quelques kilomètres, un ou deux, la discussion de ces deux « amis »aussi dissemblables que possible mais qui ont en commun un problème, ils ont raté la fête d'une de leur connaissance, Washington Noriega et en avançant dans la rue ils vont «
gloser ». Ils vont tenter de reconstituer ce moment raté au mi
lieu de leurs propres pensées et de leurs préoccupations pratiques qui les feront dériver loin de cette soirée.
On retrouve dans ce livre les personnages favoris de Saer,
Tomatis, Soldi, Pigeon ou Washington, tous artistes ou intellectuels, c'est un livre brillant, intelligent, Saer a une plume d'une grande finesse.