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Critique de Bigmammy


A 73 ans, sentant sa fin prochaine, Ijichi Eiji se prend d'amitié pour le médecin qui vient soulager ses douleurs et commence à lui raconter sa vie, comment il est devenu yakuza.

Soir après soir, il explique à cette oreille attentive le fonctionnement de l'organisation principalement spécialisée dans la gestion des tripots où l'on joue aux dés, ses règles immuables, du moins telles qu'elles étaient en vigueur entre 1920 et 1980.

« Il y avait des règles précises pour pratiquement tout - de la façon dont on salue quelqu'un au-dessous ou au-dessus de soi, la façon de parler aux gens, la façon d'indiquer que vous les écoutez, tout. C'est un monde féodal, très différent de la vie ordinaire extérieure. Et ça va même jusqu'à influencer les relations que vous avez avec les femmes. »

Grand, fort, Eiji est recruté à 16 ans à cause de sa belle gueule par un yakuza et commence sa carrière tout au bas de l'échelle. A travers cette autobiographie, c'est toute la société nippone du XXème siècle qui se dévoile, loin des clichés des films américains ou hongkongais. Une société militarisée, où la police est présente partout, avec des conditions d'entrainement des jeunes recrues envoyées surveiller les régions les plus septentrionales - Corée, Mandchourie, confins avec la Russie – terrifiantes, les périodes d'incarcérations particulièrement dures.

Car si Eiji monte en grade dans l'organisation mafieuse, il court aussi de réels dangers et parfois se fait prendre. Il passe alors de longs mois en prison. Pendant ce temps, le gang lui garde sa paye au chaud … La vie d'un tel homme se résume à surveiller les jeux, les animer afin que les clients misent encore davantage même s'ils ont tout perdu, faire qu'ils passent un bon moment et reviennent – les Japonais sont fous de dés – prêter main forte à des gangs amis – se rendre utile aux chefs, boire du saké et profiter des femmes. Et survivre à des catastrophes comme le grand incendie qui détruisit Tokyo en 1926, réussir à se tirer vivant de défaite de 1945, reconstruire, recommencer en plus grand.

Eiji, né en 1906, est de la génération de mon père. Et ce qu'il raconte me donne l'impression de pénétrer à l'intérieur d'une estampe d'Hiroshige II, déambuler dans les quartiers de plaisirs … le rapport au sexe et aux jeux d'argent, à l'honneur et à la solidarité des japonais n'a rien à voir avec ce que nous ressentons en Occident sur ces sujets.

Ce récit véridique, très bien traduit, nous en donne la preuve.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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