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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« Ta main sur ma bouche » est un récit à 4 mains pensé de la manière suivante : les chapitres consacrés à Édouard sont écrits par Mika Tard, ceux consacrés à Ali par Déborah Saïag. Édouard et Ali sont en couple. Malgré leur différence d'âge et des carrières professionnelles qui n'en sont pas au même point, leur couple fonctionne relativement bien. Jusqu'au jour où, l'ex-compagne d'Édouard, Diane, accuse l'un de leurs amis, Niels, de l'avoir violée. Elle participe à la libération de la parole engendrée par le hashtag #MeToo qui consiste à publier son vécu personnel sur les réseaux sociaux. Ces révélations font l'effet d'une bombe dans le petit microcosme amical et pourtant… beaucoup s'interrogeaient sur le comportement plus que limite de Niels avec les femmes. « Ta main sur ma bouche » interroge la complexité de l'ère du #MeToo et choisit d'explorer tous les points de vue sous différents angles.

Voici une lecture singulière pour un sujet devenu tristement banal… L'union faisant la force, chaque femme ayant été harcelée sexuellement apporte sa pierre à l'édifice des autres. Lecture singulière par le style surtout. L'écriture est très fidèle au langage parlé. Certains reprocheront le manque de « style littéraire ». Même si j'ai eu du mal à m'y habituer, je reconnais que cette façon de faire ancre le récit dans une époque. « Putain, l'enfer. Ce téléphone c'est la prison de ma vie. C'est la contagion de l'urgence. L'aliénation. Il te relie à toutes les angoisses de tout le monde, comme si t'avais pas déjà assez des tiennes. Ta mère. Tes amis. Ton boulot. Instagram qui te rappelle que le monde va vite, alors que toi tu sembles aller trop lentement. Twitter, l'endroit de toutes les injures. Whatsapp qui te surveille. À te dire qui est en ligne. Et puis les pop-ups. Les infos qui jaillissent de ton écran. (…) La ferme. Ferme ta gueule. Lâche-moi. Tu me pollues. Juste envie d'un massage et de ne penser à rien. de me mettre sur off. de déconnecter. Mais non, je ne vais pas pouvoir parce que je dois répondre. »

Vous ne trouverez pas d'envolées lyriques, ni de poésie, ici on parle brut, on parle vrai, on ne mâche pas ses mots. Cela donne des passages brutaux, parce que la volonté affichée est de provoquer un électrochoc, mais aussi de décrypter tous les points de vue.

J'ai trouvé assez osé, pour ne pas dire parfois périlleux, de mettre en perspective la palette complète des réactions humaines face à ce type d'accusation :

La sidération face à la nouvelle dans le petit cercle d'amis

La défense des amis de « l'accusé »,

Les menaces envers la victime et la tentative d'intimidation pour qu'elle retire son post public,

Le retournement de situation au regard des témoignages : « Avec les années, j'ai compris que j'ai préféré croire ce qu'il m'avait dit, croire que j'en avais eu envie moi aussi, pour m'épargner la souffrance d'un viol. Tout ce que ça engendre. (…) Il laissait toujours planer avec habileté ma culpabilité. Ma responsabilité. Il me disait que je l'avais allumé. »

Les réactions parfois très critiques d'autres femmes : « Faut faire la différence entre la drague et le harcèlement. (…) Oui bon et quand un mec est trop relou, pas besoin d'être traumatisée. Tu le recadres et s'il insiste tu lui fous une baffe et c'est réglé. (…) Tu veux quoi, tu veux qu'on interdise la drague, mais c'est ridicule. C'est magnifique la drague. »

La peur des hommes : « Ça y est, maintenant, ça va être le procès de tous les hommes. On est déjà détrônés de partout. Bientôt, on ne saura plus où se foutre. »

Les dégâts provoqués sur la réputation d'un accusé en faisant son procès directement sur les réseaux sociaux : « Vous êtes quand même une drôle d'époque. Enfin, c'est quoi ces accusations qui pleuvent tous les jours… sans fondement. Ce hashtag c'est la porte ouverte à toutes les diffamations. Ça tourne plus très rond. Moi, je comprendrais que les hommes s'indignent. T'imagines si eux faisaient un hashtag “balance ta salope.” ».

L'impossibilité de se défendre : « En tout cas, c'est un tournant pour tout le monde. (…) Bon, bien sûr, le danger avec internet c'est qu'il y ait des accusations bidons qui tombent. de simples vengeances qui tournent au drame. (…) Et puis, Internet, ça se propage à une telle vitesse. Quand la digue lâche, c'est un tsunami. C'est irréversible. »

Les promesses secrètes faites à soi-même de toujours défendre ce genre d'attaque, particulièrement dans les lieux publics et se rendre compte que toute intervention peut provoquer des réactions très différentes de celles attendues.

Vous verrez, ce n'est pas toujours politiquement correct, loin de là et les auteurs frappent parfois là où ça fait mal, comme ici de justifier le droit de salir la réputation de quelqu'un parce que certaines femmes ont subi le viol : « Les meufs qui se prennent un viol dans la gueule, elles ont rien demandé, non. Bah, ce sera pareil pour certains mecs qui se feront accuser sur la place publique. Injustice pour tous ! Peut-être que ça va forcer quelques connards à réfléchir. »

Si toutes ces réflexions restent très intéressantes et permettent vraiment de cerner la globalité de ce phénomène, les idées fondamentales se perdent dans de nombreuses digressions. Les auteurs ont fait des choix narratifs que je ne partage pas forcément et qui desservent, à mon sens, le propos. Par exemple, j'estime que tous les passages consacrés au duo Niels/Ali n'apportent pas grand-chose. J'aurais préféré une approche plus psychologique de la personnalité de Niels, une occasion de s'infiltrer dans son esprit. Que dire de cette fin qui clôture le roman en queue de poisson ? Je suis totalement restée sur ma faim. Vous l'aurez donc compris : il y a des points de vue très prenants dans ce texte, mais aussi des circonvolutions beaucoup plus discutables. N'hésitez pas à vous faire votre propre avis.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Ce livre me faisait de l'oeil depuis un certain temps déjà.

Nous rencontrons Edouard et Ali, un jeune couple. A chaque chapitre, nous alternons avec le point d evue de chacun d'eux. Un jour, l'ex d'Édouard publie un #MeToo dans lequel le meilleur ami d'Édouard est accusé de viol.

Ce livre est vraiment très intéressant. Il emmèné a se poser la question de comment peuvent réagir l'entourage suite a une telle médiatisation d'un événement. Si j'ai apprécié l'historien, l'alternance des points de vue dans les chapitres, j'ai par contre été très surprises par la fin plutôt brutale. du coup, difficile pour moi de savoir ce que je pense vraiment pour l'instant. Je crois être un peu déçu de cette fin qui survient trop rapidement et qui, selon moi, ne colle pas vraiment avec la thématique principale de l'histoire.

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Oui je sais... Encore ce sujet. Vous le croirez ou non mais malgré ma ferveur féministe jamais épuisée, j'ai fini par m'en lacer !!! Était ce le roman qui était mauvais ? Selon moi pas que, mais bien le traitement du sujet que l'on a (trop) vu et qui mérite un répit bien mérité. Il doit bien exister autre chose à raconter que me too, balance ton porc, viols et incestes en ce monde non ?

en attendant, le roman Ta main sur ma bouche ne m'a pas convaincu. C'est du déjà vu mal écrit ou mal interprété je ne sais pas... Mais c'est mal fait ça j'en suis sure.
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Repéré il y a un moment, j'adore souvent ce que publie la maison d'édition (Nil / Robert Laffont). Quand j'ai vu que la version livre audio était disponible j'étais ravie ! C'était l'occasion de le découvrir. le sujet est forcément un sujet qui touche ma corde sensible. J'étais totalement curieuse de découvrir la thématique dans un roman.

Déjà gros point positif pour les narrateurs, ils sont dans les meilleurs que j'ai pu écouter. Ils rendent vraiment vivante l'écoute.

Pour en revenir au livre, c'est hyper moderne et ça se ressent totalement dans la plume et le manière de raconter l'histoire. Ça pourrait être l'histoire qu'on nous raconte en soirée, sur des personnes plus ou moins proches. Ça s'inscrit complètement dans son époque.

Au début, j'étais emballée et totalement prise dans l'intrigue. Il y a un côté page-turner hyper efficace. J'aime beaucoup quand les chapitres sont découpés entre la vision de deux personnages principaux. Leur psychologie est hyper réaliste et complètement cohérente.

Forcément, on aborde un sujet hyper délicat et il y a des moments où t'as envie de secouer le personnage dans tous les sens (voire pire). Dans ce sens là c'est hyper malin et bien mené. Je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce qu'il y a mais c'est un point de vue qui est tenu jusqu'au bout.

C'est surtout la fin qui m'a déçue. Elle me semble précipité et je ne comprends pas bien le message que l'on veut faire passer. Ça m'a laissé totalement perplexe. En gros, ça a gâché toute la construction et toute mon expérience de lecture.

J'aurais aimé une vraie réflexion sur le personnages de Niels. Ou du moins sur l'histoire qui le concerne. J'ai une impression d'inachevé et de clôture un peu facile pour ne pas trop se mouiller.

En bref, il y a de nombreuses réflexions intéressantes sur la société actuelle malheureusement je reste mi-figue mi-raisin à cause des derniers chapitres.
Lien : https://madamepointvirgule.f..
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