AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Toute une vie (1CD audio) (14)

Un ami m’a dit un jour : « tu as fait de mauvais choix, puisque tu as échoué ». Je connais des réussites qui me font vomir. J’ai échoué, mais l’homme au fond de moi a été vivifié.  

Je crains les êtres gonflés de certitudes. Ils me semblent tellement inconscients de la complexité des choses … Pour ma part, j’avance au milieu d’incertitudes. J’ai vécu trop d’épreuves pour me laisser prendre au miroir aux alouettes. 
(Extrait de Toute une vie, site Hélie de Saint Marc)
Commenter  J’apprécie          560
Si je rencontrais demain, au coin d’une rue, l’adolescent que j’ai été, je voudrais qu’il n’aie pas à rougir de ce que je suis devenu. Je portais en moi une fièvre d’absolu. Avec impatience, je rêvais d’un grand départ vers un avenir lointain. Mes études étaient laborieuses et mon visage n’était pas beau. Je me souviens de camarades éblouissants, à qui tout souriait. Ils semblaient en état de grâce. Que sont-ils devenus ? Leur facilité m’impressionnait. Je cherchais sans doute à compenser mes faiblesses par un intense désir de vivre et une exigence en toutes choses. Je reconnais aujourd’hui cette empreinte dans le regard de quelques-uns des jeunes hommes qui viennent à moi. Je ne voudrais pas briser leur élan. Cependant, je sais à présent combien il est difficile de vivre une existence « simplement honorable », au sens de Montaigne, sans trahir les rêves de ses vingt ans.
(extrait "Toute une vie" Site Hélie de Saint Marc)
Commenter  J’apprécie          310
Un homme nu, battu, humilié, reste un homme s’il garde sa propre dignité. Vivre, ce n’est pas exister à n’importe quel prix. Personne ne peut voler l’âme d’autrui si la victime n’y consent pas. La déportation m’a appris ce que pouvait être le sens d’une vie humaine : combattre pour sauvegarder ce filet d’esprit que nous recevons en naissant et que nous rendons en mourant.
(Extrait "Toute une vie" site Hélie de Saint Marc)
Commenter  J’apprécie          170
Avant mon séjour dans les camps de concentration, je pensais que le pire venait d’ailleurs. J’ai trouvé le pire chez les autres, mais aussi en moi. Ce n’est pas l’abandon des siens qui est le plus dur à vivre, mais la déchéance de l’homme en soi. C’est la tristesse des déportés.
(Extrait de "Toute une vie" site Hélie de Saint Marc)
Commenter  J’apprécie          100
Le tunnel fut le pire épisode de ma déportation, — et il dura huit mois. Mais sans ces épreuves supplémentaires partagées avec tous les laissés-pour-compte des camps, des dimensions essentielles de la vie me seraient restées étrangères. Je n'aurais pas connu quelques hommes d'une hauteur insoupçonnée et des formes de courage que je n'ai plus jamais rencontrées. J'ai été le témoin d'attitudes hors du commun de la part d'hommes réduits à l'état de squelettes et traités comme des animaux. Cet interminable tenir, tenir jusqu'au bout de l'heure, puis du jour qui les laissait en vie. Cette volonté de rester debout le plus longtemps possible, pour les autres et pour eux-mêmes. Cette intégrité qui leur permettait de garder malgré tout une étincelle, une espérance dans la nuit...
Commenter  J’apprécie          40
Rien de plus inégal que la déportation. Je hausse les épaules lorsque j'entends dire : « Il a survécu parce qu'il était croyant, qu'il avait une volonté de fer », comme si ceux qui furent jetés dans les fosses communes étaient de mécréants sans caractère. Nous aimons trouver un sens à la souffrance, or le mal, justement n'a pas de sens. Il est le visage de l'absurde. J'ai vu des camarades de très grande résistance morale mourir parce que leur carcasse ne les soutenait plus.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai vu la grande France s'écrouler en quelques semaines. Je ne l'ai jamais oublié. Prenez les puissants d'aujourd'hui, toujours entre deux avions privés et trois conseils d'administration, avec des rémunérations faramineuses. Leur monde peut imploser en quarante-huit heures. Et combien d'entre eux se réfugieront sous la table, tremblants de peur, à essayer de sauver leur peau ?
Commenter  J’apprécie          40
Pendant des années les cauchemars liés à l'évacuation de Talung ont rejoint ceux de la déportation. J'avais le sentiment d'avoir été parjure. Ce mot veut-il dire encore quelque chose à une époque où la notion d'honneur est passée à l'arrière-plan ? Disons qu'il ne s'agissait pas d'un serment chevaleresque. Tout simplement de centaines d'hommes et de femmes dont, parfois, les moindres traits sont inscrits dans ma mémoire et à qui, au nom de mon pays, j'avais demandé un engagement au péril de leur vie. Nous les avons abandonnés en deux heures. Nous avons pris la fuite comme des malfrats. Ils ont été assassinés à cause de nous.
Sachez-le, c'était un crime.
Commenter  J’apprécie          30
Le soir de Noël, des éclats sombres traversaient le regard des légionnaires. Nous les sentions parfois démunis, plus silencieux qu'à l'accoutumée, retenus par le souvenir d'un berceau, d'une main maternelle qui s'approche pour calmer la fièvre d'un enfant ou par les cheveux déployés d'un amour laissé au loin.
Lorsque les hommes tombaient au combat, il fallait rassembler leurs affaires et prévenir leur famille. J'ai fait à cette occasion des découvertes que je garde précieusement en moi. Personne ne viendra les déranger. Elles mourront avec moi. Seul le silence est digne de certaines tragédies.
Commenter  J’apprécie          30
Lorsque je suis revenu de déportation, alors qu'en moi presque tout était détruit, j'ai craint de ne jamais retrouver mon équilibre. J'étais suspendu entre l'enfer et la lumière sans savoir où était ma place. J'aurais pu sombrer. Mon intégrité avait été atteinte. l'humiliation ne se dissout pas dans la paix. Elle ronge le cerveau, lentement, inexorablement. Si malgré les cauchemars et les blessures irrémédiables, j'ai pu renouer avec la vie, c'est grâce à mon enfance. En automate, je refaisais les gestes que mes quinze ans avaient gravés en moi lorsque j'étais un adolescent libre, empli de cette sensualité naturelle à ceux qui ne savent rien du mal. Je cherchais les traces anciennes du bonheur pour y poser mes pas. Mon enfance se posait sur moi. Elle distillait avec bienveillance les secondes de douceur et les minutes de quiétude, comme les rudes infirmiers de l'Iowa nourrissant à la cuiller, avec des précautions maternelles, les rescapés affamés des camps.
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (13) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3206 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}