La captive, dans cette alcôve sordide et noyée d'ombre, perçut immédiatement qu'elle avait une compagnie : l'odeur. A dire vrai, c'était beaucoup plus qu'une odeur ; c'était un foyer de corruption et de relents immondes, exhalés de la cuvette des wc, des murs, de cette chose innommable qui devait être un matelas ; c'était le chaud parfum des crasses de corps et d'âmes, et des désespoirs, et des haleines de bouches malades ; c'était le remugle d'un entassement de misères, qui rayonnait.
Un filet de sang coulait de son épaule blessée. Carol, sans mot dire, se remit à tirer jusqu'à vider entièrement le chargeur, tandis qu'il reculait, tressautant à chaque impact, les yeux exorbités. Elle le vit porter les mains à sa poitrine étoilée de rouge, cracher le sang dans un hoquet, reprendre un instant son équilibre, puis tomber de côté sans même essayer de protéger sa chute. (chap. 5)