Citations sur Une aventure de Danny Valentine, tome 1 : Le baiser d.. (19)
Je crois que je n’avais jamais vu un démon arborer un air perplexe. Il rengaina son arme et pénétra dans mon vestibule en traversant mes boucliers de sécurité, qui s’écartèrent obligeamment pour le laisser passer. Quand il se retrouva face à moi après avoir refermé la porte d’un coup de botte, je l’avais sondé jusqu’à la dernière molécule.
Voilà qui ne me dit rien qui vaille. Qu’est-ce qu’un seigneur des Enfers fiche chez moi ?
- Elles ont permis d'engendrer le futur, elles sont mortes pour une raison. Vous ne comprenez pas? La liberté, Dante. La liberté pour les démons et pour l'humanité. Plus de Prince des Mensonges pour tirer les ficelles en coulisse et nous forcer à nous agenouiller devant lui.
J'étais sur le point de me précipiter vers la fenêtre quand la pression de l'air se modifia brusquement. Un coup de tonnerre gronda dans le lointain, et un éclair de douleur fusa dans mon épaule gauche.
Japhrimel. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine.
Quelqu'un m'avait un jour accusée d'être insensible. C'était faux - j'avais ressenti la douleur jusqu'au plus profond de mes os. Je ne voyais juste pas l'intérêt de l'afficher devant autrui.
Je pleurais parce que le réconfort de la mort m'était refusé, parce qu'on m'avais ramené de force dans mon corps épuisé et parce que j'y étais piégée de nouveau.
Je pleurais de soulagement, n me raccrochant de toutes mes forces à Japhrimel le démon. Il était solide, et chaud, et réel, et je ne voulais pas qu'il m'abandonne.
À mi-chemin des escaliers, la niche avec la petite statuette d’Anubis était telle que je l’avais laissée – elle avait juste pris un peu la poussière. Ma maison était restée la même. C’était seulement ma vie qui avait été dévastée jusqu’à ses fondations.
— Je m’entraîne avec Jado presque tous les jours quand je ne suis pas en mission.
— Ce vieux dragon ? Pas étonnant que tu sois si forte.
Il me suivit à l’intérieur et s’ébroua pour se débarrasser d’une partie de l’eau. Ça va ruiner les tatamis, songeai-je, en me demandant si projeter des éclats de verre sur lesdits tatamis était une bonne idée, finalement. Il peut probablement se le permettre.
— Je n’ai même pas réussi à obtenir une séance d’entraînement avec lui, reprit Jace. Certains disent qu’il n’accepte que les femmes.
— Non, j’ai vu des hommes. Mais il dit que les femmes sont meilleures. Plus rapides. Plus fourbes.
Le démon me jeta un coup d’œil, puis se pencha au-dessus de moi pour regarder par le hublot. Son parfum envahit un instant mes narines et je laissai échapper un soupir, mes paupières à demi closes. Une fois que vous commenciez à vous y habituer, la présence d’un démon à vos côtés avait quelque chose d’absurdement rassurant. Au moins, vous étiez sûr que la chose la plus dangereuse dans les parages était sous vos yeux en permanence.
— Ne pense pas à ça, murmurai-je en fermant les yeux. Ce à quoi tu ne peux pas échapper, tu dois le combattre ; ce que tu ne peux pas combattre, tu dois le supporter. Et si tu ne peux vraiment pas dormir, réfléchis à quelque chose d’utile.
Je trouvai le démon dans la cuisine, en train de contempler la machine à café avec une expression horrifiée. Ou du moins, une imitation aussi proche que possible de l’expression horrifiée, compte tenu de son visage lisse et saturnin.
— Il y a un problème ?
— Vous buvez de l’instantané ? demanda-t-il comme s’il venait de découvrir que je sacrifiais des nourrissons à Jéhovah dans ma cuisine.
— Il se trouve parmi les vôtres, répondit Lucifer. Votre monde est un terrain de jeu pour nous, et les siens sont cruels.
— Sans blague. Un démon qui aime faire le mal ? Je n’en crois pas mes oreilles. — Laissez-moi vous dire quelque chose, Dante Valentine, rétorqua Lucifer en fixant les flammes. J’ai vu votre espèce ramper dans la poussière à l’aube de votre temps, et j’ai eu pitié de vous. Je vous ai donné le feu. Je vous ai donné la civilisation et la technologie. Je vous ai donné les moyens de vous élever au-dessus de la boue. Je vous ai donné le secret de l’amour. Mes démons vivent parmi vous depuis des milliers d’années, ils vous ont accompagnés et ont modelé votre système nerveux pour faire de vous davantage que des animaux. Et aujourd’hui, vous me crachez dessus et m’appelez le Mal.