Citations sur Juste avant (39)
La maison de retraite, l'hôpital, et encore la maison de retraite, quelle fatigue ! Mais je ne suis pas pressée, faut du courage pour se dépêcher de mourir, je préfère encore m'ennuyer. J'ai souvent entendu des gens dire, du haut de leur grande jeunesse : "Si j'étais comme ça, je préférerais mourir."
J'aimerais bien vous y voir, petits frimeurs ! Quand le moment est venu, on s'emballe beaucoup moins. On se dit, finalement je ne suis pas si mal que ça. Je suis moche, mais je n'ai plus personne à séduire. Je n'ai plus de dents, pas de problème, voilà mon dentier. Je n'entends rien, ça m'évitera d'écouter les bêtises de ma voisine de table et ça me fera pardonner de ne pas lui répondre. Toutes les excuses sont bonnes pour se donner une raison de continuer.
J'ai peur, j'ai un peu peur quand même. Ca va venir, ça me rôde autour, j'ai chaud et j'ai froid, je me rétrécis. Cette odeur, l'hôpital, on reconnaît tout de suite, rien à voir avec la maison de retraite ; ça sent plus les produits et moins la chair qui se fane. J'entends des voix au loin, douces, je devine les jeunes femmes en blanc, parfois je sens qu'on me prend la main, ça devient chaud, je respire, je n'ai plus mal.
Tu sais ce qui me rend le plus triste quand je pense à la mort, la tienne, la mienne, celle des autres, c'est la phrase de cette chanson de Barbara pour le grand Jacques : "Plus jamais, en avril, toucher le lilas blanc... Mais qui peut dire?"
"Mais alors, ma petite Fanny, qu'avez-vous appris en Inde ?" Bonne question, amigo, qu'est-ce que j'ai appris ? Le dénuement, la patience, l'émerveillement, l'angoisse d'être perdue, la contemplation, la faim, l'épuisement, la puissante joie des petits riens. J'y ai presque tout appris et réappris.
« Les morts précoces, ça met un drôle de bazar dans les familles, et dans les cœurs. »
La différence entre la vie et la mort peut donc tenir à la disposition d'un drap : sur les épaules ça respire, couvrant le crâne c'est cuit.
L'autre jour à la télé, j'ai vu un reportage sur une maison de retraite.Une jeune fille adorable, pleine de convictions, venait chanter avec les mémés et elle leur faisait battre le ryhthme avec des grelots ou des claves, je ne sais plus. La salle s'appelait "Espace tendresse", c'était d'une tristesse à vomir.Je ne peux plus voir ce genre de scène, je ne veux plus.
« - Mais alors, qu'avez vous appris en voyage ?
- Bonne question, qu'est ce que j'ai appris ? Le dénuement, la patience, l'émerveillement, l'angoisse d'être perdue, la faim, l'épuisement, la puissante joie des petits riens. J'y ai presque tout appris et réappris. »