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Citations sur Saison de la Migration vers le Nord (36)

- Avez-vous provoqué le suicide d'Ann Hammond?
- Je ne sais pas.
- Et Sheila Greenwood?
- Je ne sais pas.
- Et Isabella Seymour?
- Je ne sais pas.
- Avez-vous tué Jean Morris?
- Oui.
- Intentionnellement?
- Oui.
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Point d'abri face au soleil, s'élevant à pas lents, lançant ses rayons de feu sur terre, comme pour accomplir une ancienne vindicte. Point d'abri sinon la torride cabine, ombre qui ne protège pas. Éreintante route qui montait, descendait: et rien qui séduise l'oeil. Arbustes éparpillés dans le désert, tout épines, sans feuilles, végétation misérable, ni vivante, ni morte. On pouvait rouler pendant des heures sans rencontrer âme qui vive. Puis un troupeau de chameaux maigres, efflanqués, se profilait avant de disparaître. Pas un nuage, promesse d'ombre, dans ce ciel de feu, couvercle de l'enfer. Le jour ne compte pas ici: c'est une torture que subit l'être vivant, dans l'attente de la nuit salvatrice.
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La ville se métamorphose en femme étrange dont les appels mystérieux provoquaient mon désir à mort. Ma chambre à coucher était source de deuil, virus ravageur. Telles femmes en étaient contaminées depuis mille ans. Et j’avais provoqué les insondables profondeurs du mal juqu’a Faire du meurtre une cérémonie.
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Ce n’est ni meilleur ni pire ici que là-bas. Mais je suis pareil au palmier dans notre cour, originaire de cet endroit. Et le fait que ceux de là-bas soient venus chez nous doit-il empoisonner notre présent et notre avenir? Pareils à d’autres envahisseurs à travers l’Histoire, ils devaient, tôt ou tard, s’en aller. ....... Et nous parlons maintenant leur langue sans culpabilité ni reconnaissance. Nous sommes tels que nous sommes des gens ordinaires. Et s’il devait y avoir mensonge, il serait notre œuvre !
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Le soleil, voilà l'ennemi. Il était maintenant au zénith, battant au cœur du ciel, comme disent les Arabes. Un cœur incandescent. Qui semblerait immobile durant des heures jusqu'à entendre les pierres gémir, les arbres pleurer, le fer implorer.
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Nulle offense à ce que, parfois, les mirages nous trompent, nos têtes fébriles sous la tyrannie de la chaleur et de la soif succombant à l'illusion. Les spectres qui habitent la nuit se dissipent à l'aube, et la fièvre du jour tombe à la faveur de la brise nocturne.
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Nous partîmes. Je la sentais, près de moi comme un halo de bronze, vivante et mystérieuse, une ville de volupté et de mystère. Heureux de la voir rire si facilement. On rencontre en Europe fréquemment ce genre de femme intrépide, gaie et curieuse de tout. Et moi, j'étais un désert de soif, plein de désirs fous. Comme nous prenions le thé, elle m'interrogea sur le Soudan. Je lui racontai des histoires invraisemblables de déserts aux sables d'or, de forêts vierges retentissant aux cris d'animaux imaginaires, de capitales fabuleuses dont les rues s'animaient au passage de lions et d'éléphants et où les crocodiles sortaient à l'heure de la sieste. Elle m'écoutait à moitié crédule. Elle riait, fermait les yeux, les pommettes colorées. Par moments elle m'écoutait religieusement, ayant aux yeux une compassion chrétienne. Je devins pour elle une créature primitive et nue de la jungle, armée de flèches et l'arc à la main, guettant lions et éléphants. Parfait: la curiosité changea en connivence, puis en compassion. Et quand j'agiterais la dormante mare des profondeurs, je transmuerais la compassion en désir. J'allais pouvoir jouer d'elle à ma guise, comme d'un instrument de musique accordé à ma façon.
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Cet homme d'Afrique est un des nôtres ! Il a pris femme chez nous, il travaille d'égal à égal avec nous : ce genre d'Européens ne sont pas moins coupables, si vous saviez, que les fous qui croient à la supériorité de l'homme blanc en Afrique du Sud ou aux Etats-Unis. Le même extrémisme idéologique est partagé à droite comme à gauche. Si Moustafa Saïd s'était consacré exclusivement à la science, il aurait gagné des amis véritables dans toutes les races, et vous auriez entendu parler de lui. Il aurait pu rendre service à son pays encore dominé par les superstitions. Et voilà que vous faites crédit à d'autres superstitions : l'industrialisation, les nationalisations, l'unité arabe, l'unité africaine. Vous êtes comme des enfants croyant découvrir par miracle un trésor en creusant la terre. Vous pensez ainsi résoudre vos problèmes et instaurer le paradis. Chimères et rêves éveillés !
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Je suis un mensonge.
En étais-je un également ? La réalité n'est-elle pas, pour moi, dans ce village ? J'ai vécu parmi des étrangers, mais superficiellement : sans les aimer ni les haïr. Mes pensées secrètes étaient pour le village qui ne quittait point mon imagination, où que je me tournais. A Londres, en été, après l'orage, je pouvais sentir l'odeur de mon village. Dans des instants dérobés, juste avant le crépuscule, tel village s'imposait à ma vision. Des bruits étrangers, des voix, les soirs de fatigue ou bien au petit matin, me parvenaient comme des voix familières. Je suis sûrement de la race des oiseaux sédentaires. Et d'avoir étudié la poésie ne signifie rien, le génie, l'agronomie ou la médecine sont autant de gagne-pain. Les visages, là-bas, je les imaginais bruns ou noirs, et je reconnaissais en eux les miens. Ce n'est ni meilleur, ni pire ici que là-bas. Mais je suis, pareil au palmier dans notre cour, originaire de cet endroit. Et le fait que ceux de là-bas soient venus chez nous doit-il empoisonner notre présent et notre avenir ?
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Ainsi ne suis-je pas plume au vent, mais créature, pareille à ce palmier, de haut lignage et de sûre destinée.
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