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Critique de Isidoreinthedark


Le dernier roman de James Sallis, féru de jazz et de littérature, auteur du cultissime « Drive », notamment remarqué pour son adaptation très réussie au cinéma et de la série « noire » dont Lew Griffin est l'improbable héros, est un livre déconcertant. Il commence comme un bon vieux polar par la macabre découverte d'un charnier dans une ancienne carrière proche de la ville qui donne son nom au roman, le retour d'Irak de Bobby Lowndes un enfant du coin devenu sniper chez les Marines et l'arrivée d'une agent du FBI attachante et un peu étrange. le héros Lamar, médecin depuis plusieurs décennies à Willnot, partage son quotidien avec Richard professeur de littérature au lycée de la ville et son chat Dickens à l'humeur fluctuante. Il est appelé sur les lieux du crime par le shérif vieillissant qui souhaite avoir son avis sur les cadavres découverts à côté de la ville et reçoit la visite clandestine de Bobby, qu'il a perdu de vue mais connaît bien pour l'avoir soigné lorsqu'il était adolescent.

Dans son style toujours aussi fluide et détaché, James Sallis met en place les éléments de l'intrigue, puis le roman digresse en douceur en se focalisant sur le quotidien harassant de Lamar qui oscille entre le traitement des affections légères à son cabinet de docteur de ville et les interventions plus graves à l'hôpital. le lecteur plonge progressivement dans les pensées parfois nostalgiques, souvent troublantes de Lamar sujet à de terribles cauchemars récurrents. Ce dernier est traversé par une citation de Kierkegaard, regarde le monde avec un oeil à la fois bienveillant, détaché et ironique, replonge régulièrement dans l'univers des romans de science-fiction qu'écrivait son paternel à la pelle, se perd dans les intrigues des livres de son enfance, ne s'émeut pas des visites inquiétantes que lui rend Bobby, et devise tranquillement avec l'agent du FBI qui a pris racine dans la petite ville hors du temps qu'est Willnot.

On comprend assez vite que James Sallis se fiche totalement de l'intrigue et se paie notre tête, qu'il ne cherchera même pas à esquisser un semblant de résolution de l'énigme qui était pourtant posée avec délicatesse en début d'ouvrage. Il semble préférer écrire sur la littérature et les fameux romans du père du héros qui font évidemment écho aux romans de science-fiction qu'écrivait Sallis lui-même au début de sa carrière. Reste Lamar qui contemple le monde avec le regard d'un gosse de dix ans partagé entre émerveillement et désenchantement et doit faire face à des démons intérieurs bien plus effrayants que la parodie de roman noir que James Sallis fait semblant d'écrire...
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