Les ombres de Big Ben

-Je crois que personne ne sait ce qu'il se passe réellement au sein d'un couple à part les deux personnes qui le constituent. Pas même leurs enfants. La perception qu'en a le monde extérieur est souvent bien loin de ce qui se passe derrière les murs d'un foyer.

- Pourquoi faites-vous cela ?
Elle prit le sac qu'on lui tendait.
- Parce que j'ai connu la détresse autrefois. Et que je me souviens de ma peur.

-La règle des suffragettes selon laquelle on ne doit nuire à aucune vie humaine autre que la sienne. Nous avions prêté serment. On avait le droit de nuire à des biens matériels ou à soi- même, mais pas à autrui, expliqua Kathleen. Au cours de toutes ses actions, votre mère n'a jamais fait de mal à personne physiquement.

- Objection, lança Sir Nigel en se levant. Tout homme possède des droits conjugaux. Il est tout à fait légitime de coucher avec sa femme, que cela plaise à celle-ci ou non.

D'autres murmurèrent d'obscurs propos sur le fait que les femmes prenaient le travail des hommes.

En 1918, la loi de représentation du peuple avait donné le droit de vote à tous les hommes de plus de vint et un ans, et uniquement aux femmes de plus de trente ans, si elles étaient propriétaires ou riches locataires, diplômées de l’université britannique ou épouses d’un universitaire. A vingt et un ans, je n’entrais dans aucune de ces catégories et ne pouvais donc pas voter.

A chaque pas en avant, on semblait en faire deux en arrière.

– Je suis surprise que des femmes aient encore envie de se présenter aux élections. Elles se font prendre de haut, ridiculiser par les autres députés et laminer par la presse. Je ne pourrais pas supporter cela.

– Il n’a pas l’habitude de voir des filles en pantalon, tu sais. Nous avons tous deux reçu une éducation assez conventionnelle, et il ne fréquente pas beaucoup de monde depuis la guerre.