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Critique de CeCedille


Dans ses mémoires, "Burning the Days" (Une vie à brûler, 1997), au chapitre nommé "Icare", James Salter décrit ses premières leçons de pilotage. Quiconque a tenu un jour le manche d'un avion s'y retrouvera, dans ce mélange des sentiments d'ivresse et de terreur. Il y a là la patte d'un écrivain. On pouvait craindre le pire pourtant de ce militaire formaté par West Point, pétri de valeurs militaires et d'héroïsme guerrier dans le contexte de guerre froide des années cinquante. Buck Danny ne fait pas nécessairement un bon romancier. A vouloir être Saint-Exupéry ou Jules Roy, on risque de n'être que Closterman. Héros certes, mais hors firmament littéraire.

On trouverait presque du Jünger dans la première partie de ces mémoires en forme de journal: un moine-soldat, à condition que la luxure s'accommode de la condition cléricale entre deux vols périlleux. le mauvais temps, les intermittences de la radio, les approximations des pilotes rendent les retours de mission aléatoires et les meilleurs n'échappent pas aux accidents. Lui-même, qui n'est pas des meilleurs, à court d'essence, prend une voie de chemin de fer pour un terrain d'atterrissage en 1945.

Salter, qui raconte sa vie de pilote militaire de manière distanciée, la quitte soudain pour écrire des scénarios de films et des romans. Après avoir dessiné dans le ciel de fines ligne blanches avec le réacteur de son jet, il papillonne désormais dans le cinéma et parmi les monstres sacrés.Il en résulte, dans la seconde partie de son livre, un concours de "name dropping" et une "inclination pour le fragmentaire" (p. 407), dont le tirent, par instants, les exploits dans l'espace de ses anciens congénères contemplés à la télévision avec un mélange d'admiration et de désespoir de n'en être point.

Pour le lecteur français voici au moins un auteur américain qui connait et aime notre vieux pays. A sa manière : "La figure française que je connaissais le mieux était, bien sûr, Napoléon" Ceux qui attendaient les "masses de granit", n'auront que la tricherie de Joséphine sur son âge pour se faire épouser (p. 412) ! Et sa vision de la capitale ressemble un peu à celle de Woody Allen dans Minuit à Paris.

Restent quelques notations pénétrantes ou touchantes (ainsi la maladie de Sonneberg "son mal était une marque de supériorité, tout comme son léger sourire tolérant" -p. 422-) ponctuant cette succession de dialogues qu'affectionne une certaine littérature américaine.

Il faudra vérifier que "A Sport and a pastime" (Un sport et un passe-temps, 1967) ou "Ligth years" (Un bonheur parfait , 1975) justifient une telle faveur de la critique.
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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