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Philippe Garnier (Traducteur)
EAN : 9782757811016
257 pages
Points (09/10/2008)
3.23/5   109 notes
Résumé :
«Pâle fin de journée et la gare est déserte. Dans les cafés les lumières ne sont pas encore allumées. Dean est assis dehors à une des tables en fer. Dans la rue en pente bordée d'arbres qui débouche sur la place, minuscule, presque seule, Anne-Marie descend.»
Elle n'est pourtant pas si jolie. Mais Dean est fou d'elle, de son corps, de sa peau. Le temps d'une virée à travers la France, ils vivent un amour radieux, incandescent et fatalement éphémère...
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Il y a plusieurs manières de lire Un sport et un passe-temps de James Salter, traduit par Philippe Garnier. Si l'on pense y retrouver la dynamique romanesque tant appréciée dans Pour la gloire ou Et rien d'autre, alors on tombera de haut, et on s'ennuiera ferme. Avouons-le, ce risque m'a guetté en début de lecture.

Mais si on se laisse embarquer par l'atmosphère nébuleuse de cette parenthèse amoureuse et mélancolique dans les pas de Dean - jeune américain fauché échoué en France où il s'attarde dans les années 60 pour y vivre sa romance avec Anne-Marie sous le regard du narrateur - alors de nouvelles perspectives s'ouvrent vite. Et révèlent un foisonnement de questionnements et de contrastes qui font la force et la singularité de ce livre.

« Certaines choses, comme je l'ai dit, je les ai vues, certaines découvertes et d'autres rêvées et je ne peux plus faire la différence entre elles ». Ainsi parle le narrateur-voyeur, mêlant le récit amoureux observé ou rêvé, à ses propres errances. « Je ne dis pas la vérité sur Dean, je l'invente. J'invente à partir de mes propres carences, ne l'oubliez jamais ».

S'affranchissant ainsi d'une certaine forme de réalité, Salter nous plonge alors en plein contrastes. Contrastes de lieux, quand ses personnages voyagent sans cesse entre le Paris festif de l'après-guerre et les plafonds bas de l'hiver dans les terroirs de l'Est : Autun, Sens, Nancy. Vous en reprendrez bien un petit peu ? Alors voilà Dijon, Avallon, Besançon. Dean voyage. Pas toujours bien, mais il voyage beau, embarquant Anne-Marie dans sa Delage 1952.

Contrastes de l'amour et des montagnes russes perpétuelles des sentiments : intensité des corps qui exultent soir et matin dans une libération bienvenue, pour retomber dans la fadeur du quotidien et le réalisme d'une histoire dont le début évoque nécessairement la fin à venir. Si le cul est ici libéré, il garde sa part de tristitude face à son inéluctable impasse. « Quand il jouit, c'est comme si une merveilleuse imposture avait pris fin ». Tout est dit.

Contrastes de l'autre enfin, omniprésent dans les cafés, restaurants, soirées où se pose le couple et son double évanescent. Et tellement transparent en dehors de l'instant, renvoyant chacun à sa propre solitude et à la vacuité de son présent. Alors revient pour Dean la tentation de l'Amérique et du retour. Il est temps de refermer la parenthèse et d'entrer enfin dans la vie, plus fort de cette expérience.

Dans un style détaché qui m'a séduit, ce livre m'aura entraîné là où je ne m'y attendais pas, me faisant découvrir une autre face d'un auteur apprécié. Et rien que pour cela, je recommande !
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James Salter, né en 1925 à New York sous le véritable nom de James A. Horowitz, est écrivain et scénariste. En 1945, il termine ses études d'ingénieur, sort cinquième de sa classe de la prestigieuse académie militaire de West Point et entre dans l'US Air Force comme pilote. James Salter participe à la guerre de Corée, puis il prend la décision d'entrer au Pentagone. Il est affecté en France et commence à écrire avant de démissionner de l'armée après la parution de son premier livre basé sur son expérience de pilote de chasse durant la guerre de Corée, The Hunters paru en 1956, et adapté au cinéma avec Robert Mitchum en 1958. Un sport et un passe-temps, qui date de 1967 est sorti chez nous en 1996.
En France dans la période de l'après-guerre. Un narrateur inconnu, relate la liaison de quelques mois entre son ami Philip Dean, étudiant américain, avec une jeune fille française, Anne-Marie Costallat. Dean et Anne-Marie sillonnent la France profonde, d'Autun aux bords de Loire, dans la belle bagnole de l'américain, logent dans des hôtels où ils bouffent et « baisent comme des haltérophiles », de ville en ville.
Quand le bouquin est sorti, à l'époque, il a fait son effet et on le comprend aisément quand on a vécu cette période, car il est fait de scènes de sexe – sans sensualité - clairement exposées où bite et couilles ne se cachent pas derrière des périphrases. On peut, certes, trouver un intérêt relatif à ce roman – ce que laisse entendre mon résumé volontairement provocant – mais ce serait pourtant aller un peu vite en besogne.
Si je ne trouve pas le roman franchement remarquable, je ne me sens pas en dire du mal pour autant. D'abord, il y a une écriture qui transcende tout, paraissant très simple de prime abord mais s'avérant très coulée et mélodieuse, terriblement addictive. Les dialogues très courts mais très nombreux, sonnent justes. le récit, lui, paraît un peu éthéré, au gré des souvenirs réels ou reconstruits par le narrateur, voire délibérément inventés. On suit vaguement les tourtereaux dans leur périple provincial alternant route, table (l'auteur semble apprécier la cuisine française) et plumard : « Et on a mangé, je ne te dis pas. A table comme un vieux couple français, tu sais, assis rien qu'à manger. Et on a fait l'amour tous les soirs. » Dans une sorte de raccourci qui fera hurler certains, je dirais que ce roman m'a fait penser à du Henry Miller écrit par Françoise Sagan ! le sexe et l'américanisme de l'un, la légèreté vagabonde trempée dans le modernisme de son époque, de l'autre.
Mais derrière la provocation sexuelle pour ce temps (mots crus et Anne-Marie, la femme, particulièrement active à la manoeuvre) il y a une passion fougueuse dont on sait par avance, Dean le premier, qu'elle ne durera pas toujours. A l'insouciance apparente d'Anne-Marie, s'oppose les inquiétudes de Dean, l'argent qui manque et son avenir. Des scènes d'amour torride, émergent des instants de lucidité cruels générant une mélancolie touchante à laquelle se mêle un certain désenchantement de l'écrivain « Plus clairement on voit ce monde, plus on est obligé de faire comme s'il n'existait pas. » J'ajouterai que la fin du roman est très belle.
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Cela faisait longtemps que je voulais découvrir James Salter, je ne sais pas pourquoi j'ai autant traîné à me décider. Mais comment résister à cette réédition dans la jolie Bibliothèque de l'Olivier et ses couvertures plus appétissantes les unes que les autres ? Alors j'ai sauté à pieds joints dans ce roman écrit par Salter en 1967 et dont la traduction française a été publiée en 1995 par L'Olivier, je me suis laissé glisser au fil du courant qui porte le voyage en France d'un étudiant américain un peu oisif, un peu dandy, dans des décors empreints de nostalgie. Plus qu'une histoire, une atmosphère.

"Que s'était-il passé ? Ils étaient partis et avaient fait l'amour. Ce n'était pas si rare. On doit s'attendre à rencontrer pareils événements. Ce n'est rien qu'un doux accident, peut-être la fin de l'illusion. En un sens, on peut dire qu'il n'y a pas de mal à ça, mais alors pourquoi, au fond de soi, se sent-on si à part ? Si isolé. Meurtrier, même."

Philippe Dean est américain, étudiant en principe mais il n'en est plus très sûr. Son séjour en France le mène à Autun où il rencontre Anne-Marie Costallat une jeune française. Leur relation s'ébauche, leurs peaux se découvrent au fil des rencontres. Et tout ceci nous est raconté par un narrateur, ami récent de Dean qui les observe avec un soupçon d'envie, et qui imagine, invente ce qu'il ne voit pas, s'immisce au plus près de leurs échanges, au plus profond de leur intimité. Au point de la rendre incroyablement réelle, voire impudique aux yeux du lecteur. L'insouciance d'enfant gâté de Dean, l'éveil de quelques espoirs chez Anne-Marie, les escapades sur les routes, les passages des salons parisiens aux hôtels de province, les paysages d'automne dont la lumière perce les pages... Tout ceci irradie d'un charme fou, fait de petites choses à l'allure sépia, d'une atmosphère tout en langueur mais tenue par l'acuité de l'écrivain et les petits détails qu'il distille au fur et à mesure.

"Rien de ceci n'est vrai. J'ai dit Autun, mais ce pourrait tout aussi bien être Auxerre. Je suis sûr que vous vous en rendrez compte. Je ne fais que consigner des détails qui m'ont pénétré, les fragments qui ont pu ouvrir ma chair. C'est l'histoire de choses qui n'ont jamais existé..."

Le lecteur est prévenu dès le départ, la route - même en Delage - n'est pas droite, il faut se laisser porter un peu comme on feuillette nonchalamment et dans le désordre de vieux albums photos ou bien comme on décide soudain de partir à l'aventure au gré de son inspiration, charge au hasard de tracer le chemin. Mais il y a bien un pilote qui insuffle force et singularité à chaque page et grave les destins de météorites dans l'esprit du lecteur. La vie passe ici avec l'élégance que confère la vulnérabilité.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Bonjour,
je tombe par hasard sur les "critiques" concernant ce livre que j'ai beaucoup aimé lire il y a un an ou deux. J'ai un peu oublié le détail de l'histoire, mais il n'y eut pour moi pas l'ombre d'un ennui. On revisite avec ce jeune américain et son amie une province profonde d'après-guerre. Les images qu'en donne l'auteur m'ont paru somptueuses, écrites dans un style limpide, dans une prose parfois poétique. L'argument n'est pas mince, le niveau social des deux personnages est bien différent et cela donne de l'acuité au propos. Et la fin tombe comme la foudre. Bref, pour votre plus grand bonheur, découvrez par vous même J. Salter, pilote de guerre et écrivain.
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Un jeune (et sans doute riche) Américain aime tant la France qu'il veut en jouir jusque dans ses moindres recoins : il s'installe en solitaire à Autun, dans la maison d'un couple d'amis.

Il est bientôt rejoint par Philipp Dean, jeune homme pleine de charme, celui-ci rehaussé par sa vieille Delage décapotable.

Ce fascinant ami s'éprend bien vite d'Anne-Marie, une jeune femme vive et bien roulée, avec laquelle ils partagent une liaison torride : ils se baladent, à pied ou dans la belle voiture, arpentant sans fin de nombreuses petites villes françaises, ils fréquentent bars et restaurants, vont d'hôtel en hôtel, ils n'ont pas grand chose à se dire mais sont heureux, et ils font l'amour - à peu près au même rythme que je lis des livres.

Très vite l'histoire du narrateur s'engourdit dans son propre immobilisme et ses amours ratées. Elle s'estompe devant cet amour un peu fou, d'une intensité rare, au sein duquel se glisse peu à peu une sensation de vide, de désespoir immatériel.

On ne sait trop d'ailleurs si cette histoire est réelle, fantasmée ou rêvée, ou même si c'est une pure création littéraire du narrateur. Tout cela à la fois, sans doute.

Cela commence un peu comme un film de la Nouvelle Vague avec ce que cela implique de jeunesse décidée à vivre à 100 à l'heure, quitte à toucher le fond, et de langage propre, personnel, intime, d'une poésie tout à la fois douloureuse et joyeuse.

Rien, aucun détail ne nous est épargné de cette "sidérante sexualité" . Mais il y a dans cette crudité-même une espèce de lumière détachée et insouciante, de bonheur englouti qui empêche la saturation (enfin presque). L'écriture de James Salter ( alliée à l'habileté du traducteur Philippe Garnier) est une présence de tous les instants, gouttes d'eau de sensations, intuitions fulgurantes, s'unissant pour créer cette ambiance légère, pleine d'instants, de désirs et d'aspirations.

Roman d'une jeunesse passée avec ce que cela a de futile, d'obsédant et de fragile, Un sport et un passe-temps laisse une impression tout à la fois douce et piquante : la vie l'emporte sur le chagrin, et là où le lecteur croyait entrer dans une chronique à la fois légère et douce-amère, il ressort ému d'une touchante mélancolie.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Rien de ceci n’est vrai. J’ai dit Autun, mais ce pourrait tout aussi bien être Auxerre. Je suis sûr que vous vous en rendez compte. Je ne fais que consigner les détails qui m’ont pénétré, les fragments qui ont pu ouvrir ma chair. C’est l’histoire de choses qui n’ont jamais existé bien que le moindre doute à ce sujet, la plus petite possibilité, plonge tout dans le noir. Je veux seulement que toute personne à la lecture de ceci soit aussi résignée que je le suis. Il y a déjà suffisamment de passion dans le monde comme ça. Tout en frémit. Non que je pense que ça n’a pas de raison d’être, non, non, mais ce n’est jamais qu’une mince écharde réfléchissante qui trouve toujours le moyen de capturer la lumière.
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Que s'était il passé ? Ils étaient partis et avaient fait l'amour. Ce n'est pas si rare. On doit s'attendre à rencontrer pareils événements. Ce n'est rien qu'un doux accident, peut être juste la fin de l'illusion. En un sens on peut dire qu'il n'y a pas de mal à ça, mais alors pourquoi, au fond de soi, se sent-on si à part ? Si isolé. Meurtrier même.
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Quand je suis près d'elle je peux presque sentir sa peau, la goûter, comme un
homme qui meurt de faim, comme un marin qui sent la végétation avant de voir terre.
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Il est très près de ses sous, encore plus même que la plupart des Français, ce qui n’est pas peu dire.
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Maisons de médecin, à coup sûr. Ils sont tous docteurs. Vétérinaires. Yeux, nez, gorge, oreilles. Ils se sont retranchés dans les plus solides maisons de la ville, les plus grandes, dominant toutes les rues. Tout ce qui peut reluire brille. Les plaques sont toujours astiquées.
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