Le livre est dense et remuant.
Dense en ce qu'il secoue la pensée.
Le Quichotte est décrit dans son universalité et les lettres adressées à son auteur
Miguel de Cervantès par
Lydie Salvayre analyse les moindres errances (c'est le cas de le dire) de l'hidalgo trop souvent réduit à une histoire de moulins.
La « quête » du héros est décortiquée et nous amène à des préoccupations contemporaines.
Tout continue, tirer le fil de l'histoire des hommes et jamais il ne se casse…
Remuant car il renvoie le lecteur à lui-même, à tenter de comprendre les motivations qui animent cette quête et où lui-même se situe.
Riche, tourbillonnant, à lire, à user tant chaque phrase contient des mots qui percutent.
Il y a des passages sur la littérature, sur l'illusion et son contraire, sur la violence, sur l'amour, sur l'attitude humaine : ses oppositions, ses servitudes, ses violences, des passages qui atteignent leur but : penser, voir, peut-être comprendre.
De l'humour aussi, un humour lucide, des termes plus terre à terre mais appropriés aux situations décrites, un livre « manifeste » est-il mentionné en quatrième de couverture, un livre qui bouleverse et poursuit un chemin en chacun de nous.
Un livre qui porte « Le Quichotte » en étendard de notre monde.
Une histoire d'un temps maudit (l'Inquisition) et ses autodafés (censure actuelle mais autodafé au Canada - le livre n'arrête pas de nous renvoyer à l'actualité).
Un temps maudit qui a mis d'autres oripeaux en nos jours et c'est ce que
Lydie Salvayre nous dit sans détours en laissant cependant place à l'espoir -autre Quichotte?-. Illusion?
Un livre magnifique, personnel et singulier, offert à tous, un livre qui prend place au sein de la littérature digne de ce nom.