Elantris, tome 3 : L'âme de l'empereur

Chaque personne était pareille à un puzzle. C'était ainsi que Tao, son premier formateur en Falsification, lui avait expliqué les choses. Un Faussaire n'était pas un simple arnaqueur ou escroc. C'était un artiste qui peignait à l'aide de la perception humaine.
.... Un Faussaire devait créer quelque chose de si parfait, de si beau, de si vrai que ses victimes ne se doutaient jamais de rien.

Il se surprit à pleurer.
Pas pour l'avenir, ni pour l'empereur. C'étaient là les larmes d'hun homme qui voit devant lui un chef-d'œuvre. L'art véritable allait au-delà de la beauté ; au-delà de la technique. Ce n'était pas une simple imitation.
C'était l'audace, le contraste, la subtilité.

- Les gens, par nature, expliqua Shai en se levant pour aller chercher un autre sceau, tentent de soumettre ce qui les entoure. Nous bâtissons des murs pour nous abriter du vent, des toits pour arrêter la pluie. Nous apprivoisons les éléments, plions la nature à notre volonté. Ca nous donne l'impression de tout contrôler.

Non, ce qui avait provoqué la chut d'Ashravan, c'était la vie elle-même. La vie dans le palais, dans un empire réglé comme une horloge. Oh, pas aussi bien que ça aurait pu. Mais ça fonctionnait bel et bien.

Cependant, un homme à la fois honnête et intelligent était toujours, toujours plus difficile à arnaquer que quelqu'un de malhonnête et d'intelligent.

L'oncle Won avait appris à Shai que se faire battre était l'une des règles de la vie. Que si doué que l'on puisse être, il existait toujours quelqu'un de meilleur. Si l'on g ardait constamment ce fait en mémoire, on ne devenait jamais sûr de soi au point de sombrer dans la négligence.

𝐿𝑒𝑠 𝑔𝑒𝑛𝑠 𝑐ℎ𝑎𝑛𝑔𝑒𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑙𝑒𝑛𝑡𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡, 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑙𝑒 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠. 𝑂𝑛 𝑛𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑠𝑎𝑖𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑠𝑖𝑚𝑝𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑢𝑛 𝑝𝑎𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑠𝑒 𝑟𝑒𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑢𝑛 𝑒𝑛𝑑𝑟𝑜𝑖𝑡 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑛𝑜𝑢𝑣𝑒𝑎𝑢. 𝑂𝑛 𝑠’𝑒́𝑐𝑎𝑟𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑑’𝑎𝑏𝑜𝑟𝑑 𝑑𝑢 𝑐ℎ𝑒𝑚𝑖𝑛 𝑑’𝑢𝑛 𝑝𝑎𝑠 𝑚𝑖𝑛𝑢𝑠𝑐𝑢𝑙𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑒́𝑣𝑖𝑡𝑒𝑟 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑖𝑒𝑟𝑟𝑒𝑠. (...) 𝐸𝑛𝑓𝑖𝑛, 𝑜𝑛 𝑠𝑒 𝑟𝑒𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑎𝑖𝑡 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑚𝑎𝑢𝑣𝑎𝑖𝑠𝑒 𝑣𝑖𝑙𝑙𝑒, 𝑎̀ 𝑠𝑒 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑛𝑑𝑒𝑟 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑛𝑛𝑒𝑎𝑢𝑥 𝑏𝑜𝑟𝑑𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑟𝑜𝑢𝑡𝑒 𝑛𝑒 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑣𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑚𝑖𝑒𝑢𝑥 𝑔𝑢𝑖𝑑𝑒́𝑠

Les gens changeaient lentement, avec le temps. On ne faisait pas simplement un pas pour se retrouver dans un endroit totalement nouveau. On s'écartait d'abord du chemin d'un pas minuscule pour éviter des pierres. Pendant un moment, on longeait ce chemin, mais ensuite on s'en éloignait légèrement pour marcher sur un terrain moins dur. Puis on cessait d'y prêter attention tandis qu'on s'en éloignait de plus en plus. Enfin, on se retrouvait dans la mauvaise ville, à se demander pourquoi les panneaux bordant la route ne nous avaient pas mieux guidés.

Sa tante Sol lui avait dit un jour de sourire aux pires insultes et de montrer les dents face aux moins graves. Ainsi, personne ne saurait jamais ce qui lui traversait la tête.

Chaque personne était pareille à un puzzle.