Citations sur Le Sorceleur, tome 2 : L'Epée de la Providence (138)
Nous ne désirons pas un Brokilone et une forêt qui nous empêchent d’avancer. Une telle entité blesse notre orgueil, nous irrite et nous empêchent de fermer l‘œil car nous sommes, nous humains, les propriétaires du monde. Nous pouvons tolérer dans ce monde quelques elfes, des dryades, à la condition que ces créatures restent discrètes. Accepte notre volonté, Souveraine de Brokilone ou péris. p.265
- Vea, dit le sorceleur, tu avais raison.
- Hum ?
- C'est bien lui le plus beau.
Humain ! Retire-toi ! Va t‘en au plus vite de Brokilone. Tu as conquis le monde entier, humain, partout tu as laissé ta trace, partout tu colportes ce que tu nommes modernité, ère du changement, ce que tu nommes progrès. Mais nous ne voulons ni de toi ni de ton progrès. Nous ne désirons aucun d’étés changements. Nous ne voulons rien de ce que tu apportes.
Gyllenstiern, lui souffla Yarpen Zigrin, un nain trapu et barbu dont la nuque énorme, goudronneuse et recouverte de poussière brillait à la lumière du feu. Un bouffon ampoulé. Un porc bien gavé. Lorsque nous sommes arrivés, il nous a fait de grands airs jusqu’aux nuages, bla-bla, et souvenez-vous, les nains, a-t-il prévenu, qui commande ici, à qui vous devez obéissance. C’est le roi Niedamir qui ordonne et ses paroles sont loi, et ainsi de suite. J’écoutais immobile en ayant envie d’envoyer mes gars le désarçonner et lui piétiner son manteau. Mais je me suis maîtrisé, vous savez. On aurait encore dit que les nains sont dangereux, agressif,s que ce sont des fils de chienne et qu’avec eux il est impossible de… de… comment dit-on, par le diable… de coexister ou autre chose. Et il y aurait eu encore un pogrom dans une petite ville. J’ai donc écouté en hochant sagement la tête.
p. 28
Il est facile de tuer avec un arc, jeune fille. Il est facile de lâcher la corde en pensant : Ce n'est pas moi, c'est la flèche. Mes mains ne portent pas le sang de ce garçon, c'est la flèche qui l'a tué, pas moi. Mais la flèche ne rêve pas la nuit. Je te souhaite de ne pas rêver non plus, petite dryade aux yeux bleus.
- J'ai toujours pensé qu'il s'agissait d'un état d'âme sublime et merveilleux ; digne même, s'il est déçu. J'ai composé tant de ballades sur ce sujet. Mais le sentiment amoureux n'est que végétatif, Geralt, horriblement et banalement végétatif. C'est l'état de quelqu'un qui succombe à la maladie, qui ingurgite un poison. Car, semblablement à celui qui s'empoisonne, l'amoureux est prêt à tout pour obtenir l'antidote. À tout. Même à l'humiliation.
- Essi, je t'en prie.
- Je me sens humiliée par l'objet de ma confession qui me condamne indignement à souffrir en silence. J'ai honte de t'avoir mis dans l'embarras, mais je ne pouvais faire autrement. Impuissante devant le sort qui m'afflige, je suis comme les malades : totalement soumise à une grâce extérieure. Les maladies m'ont toujours horrifiée ; elles entraînent faiblesse, désorientation et solitude. La maladie est ce que l'on peut rencontrer de pire.
De temps en temps, affirmait le musicien, l'homme doit rencontrer ses congénères en un lieu où l'on peut rire et chanter, manger à volonté des brochettes et des ravioles, boire de la bière, écouter de la musique et effleurer en dansant les courbes de jeunes filles humides de sueur. Si chaque individu décidait d'assouvir ces besoins au petit bonheur la chance, argumentait-il, sans organisation concertée, un incommensurable désordre en naîtrait. C'est pourquoi l'on avait inventé les festivités et les fêtes. Et puisque l'on avait organisé des festivités et des fêtes, il convenait d'y participer.
Par tous les démons de l'enfer ! Géralt, tu n'es pas un enfant: tu sais qui tu es. Un mutant. Ne le prends pas mal : je ne veux pas t'humilier ou te témoigner du mépris ; je ne fais qu'affirmer un fait. Mutant, tu demeures incapable de ressentir des émotions, car c'est ainsi qu'on t'a modelé : pour exercer ton métier.
À quelle erreur m'a conduite l'orgueil de la reine de l'hiver, convaincue de sa toute-puissance. Il y a des choses que même la magie ne peut procurer. Et il y a des dons qu'il ne sied pas d'accepter si l'on n'est pas capable de les rendre... par quelque chose d'aussi précieux. Car ces dons vous filent alors entre les doigts : ils fondent comme des éclats de glace que la main presse. Il ne restera alors que le regret, un sentiment de perte et d'injustice...
Le possible ne connaît pas de limite, tout au moins dans la nature.
dans « Les limites du possible »