Ici ce n’était pas la mort, mais la vie qui menaçait de vous cueillir à un coin de rue et de se déverser sur vous jusqu’à vous couper le souffle.
Le jeu politique finit toujours par vous plier à ses règles. C’est une leur nous sommes des grains , et les grains ne changeront jamais la meule, qui continuera de les moudre, et de les pulvériser. Transformer les choses de l’intérieur est une illusion. A l’intérieur, c’est nous qui nous transformons. Pas les pratiques politiques.
Il y a une présence qui demeure après tout départ. Peut-être même la vraie présence des êtres et des choses commence-t-elle seulement après leur disparition. Je ne crois pas en l’absence. Je ne crois qu’en la trace. Elle est parfois invisible. Mais on peut la suivre.
...hypokhâgne, classe où on découvre souvent que ce n'est pas parce qu'on sait tourner une phrase qu'on deviendra l'ombre d'un écrivain.
Les enfants, on l’oublie, portent aussi leur mélancolie, et pour le meilleur comme pour le pire, ils la vivent peut-être plus fortement, car à cette période rien ne se vit à moitié : le monde d’engouffre en nous de toutes ses forces et par toutes les entrées de notre âme encore tendre. Il y fait son œuvre sans égard pour notre âge. Puis il se retire tout aussi violemment. Vient alors le temps dans lequel on apprend à comprendre, à fuir, à se fermer, à feindre, à ruser, à guérir plus vite. Ou à mourir. Le temps enseigne toujours cependant. Mais il faut du temps pour apprendre du temps. Et l’enfant, n’est qu’au début du temps.
C'est parce qu'il lui donne la conscience tragique de l'indéfectible, de l'irréparable, que le passé est ce qui inquiète le plus l'homme. La peur de demain porte toujours, même infime, même quand on sait qu'il peut être déçu et le sera probablement, l'espoir des possibkes, du faisable, de l'ouvert, du miracle. Celle du passé ne porte rien que le poids de sa propre inquiétude. Et même les remords ou les repentirs ne suffisent pas à modifier le caractère irrévocable du passé; bien au contraire: ils le confirment même dans son éternité. On ne regrette pas seulement ce qui a été; on regrette aussi et surtout ce qui sera à jamais.
Rien n'attriste un homme comme ses souvenirs, même quand ils sont heureux.
Le crépuscule tombait et le fleuve se paraît peu à peu de cuivre vieilli ,comme si le soleil se dissolvait dans l'eau .
Ici ce n'était pas la mort , mais la vie qui menaçait de vous cueillir à un coin de rue et de se déverser en vous jusqu'à vous couper le souffle .
La vie dégorgeait de ce quartier populaire par tous ses pores ; et ce trop-plein d'éclats de voix ,de rires , de coups de klaxon , de bêlements de moutons , de chants religieux , d'odeurs de poubelles , d'odeurs de viandes grillées , de fumées de pots d'échappement , ce trop-plein-là , tout de splendeur et de misère , avait fini de saturer tout l'espace disponible .