Citations sur Terre Ceinte (39)
La lutte des classes est le moteur de l'Histoire. La faim est le moteur de la lutte des classes.
p 31
Il est plus facile de battre une femme que de l'aimer.
Mourir pour ses idées est la plus honorable des morts, car cela prouve qu'on en avait. Grand privilège dans un monde de bêtise, qui ne pense plus ou pense à l'envers.
p 68
La peur, la froide peur: c'est en elle, et en elle seule, que se retrouvent ceux qui résistent et ceux qui se soumettent à un régime tyrannique. Il n'y a naturellement ni héros ni salauds, et le courage, n'a alors pas plus de sens, ni de valeur, que la lacheté. Il n'y a d'abord que des gens qui ont des peurs et qui, ensuite, font quelque chose de cette peur: ils volent avec les ailes qu'elle leur donne aux talons, ou demeurent au sol, déséspérément perclus, les pieds entravés.
p 60 et 61
Leur cause est noble, mais ils prétendent connaître ceux qu'ils veulent aider; or, ceux-là, on ne peut jamais les connaître, on ne peut jamais deviner les luttes et les passions intimes et singulières qui les animent, et pour lesquels ils se lèvent et essaient de se protéger de la mort.Ce que ses amis n'ont pas compris, c'est que les gens cherchent avant tout à survivre. On ne peut dès lors leur demander de se révolter, car leur pulsion de survie est déjà la plus formidable forme de résistance qui soit. Mais survivre a-t-il un sens sans dignité et sans honneur ?
p 216 et 217
Le travail commença. Ils ne savaient pas combien de nuits cela prendrait, mais ils s'y mirent. Décider de commencer à se battre, et transformer la peur. C'est le plus important et, naturellement, le plus difficile, pour un homme qui n'est pas libre et qui rêve de sa liberté.
P. 59
Attendre face à la peur, c'est la laisser gagner sans l'avoir combattue, en lui ayant même facilité l'affaire.
C’était un homme du désert, un homme du soleil tyrannique, un homme des tempêtes de sable, un homme des visages brûlés et des étendues arides, un homme des nuits froides et silencieuses ; il ne s’enivrait que de l’incertitude du lendemain, de la fragilité d’une existence offerte à la furie des éléments, menacée par l’impitoyable guerre des hommes, suspendue à la seule volonté de Dieu.
Les fanatiques exaltés sont les moins à craindre : leur propre bêtise, dont ils n’ont pas conscience, suffit à les condamner ; elle les réduit à la triste et tragique dimension de pauvres histrions.
Mais les fanatiques froids, dont l’exaltation folle ne se traduit qu’à travers ce calme épouvantable et cette précision clinique qu’ils mettent dans tous leurs gestes, voilà des hommes que la raison autant que le cœur doit craindre.
Il ne se rendait plus qu'aux exécutions capitales, les seules encore à lui procurer cette adrénaline qu'il cherchait désormais en vain dans les tâches de chef de la police islamique. Les rares fois où il jubilait encore c'était quand, devant la mort, les condamnés, dans un ultime sursaut de désespor, essayaient de s'accrocher à la vie. Il aimait surprendre dans leurs yeux effarés ou dans les derniers mots qu'ils lachaient comme dans un délire d'agonie, la peur, l'effroyable peur de la mort. Voir cette peur chez ceux qui allaient mourir, saisir ce regard vide, lui faisait rssentir puissamment la fragilité de cette existence dont nul n'était le maître. Le plaisir qu'il prenait à se rappeler que la mort planait sur chaque homme, et pouvait, selon la volonté divine, s'abattre sur chacun d'eux, était à la mesure de l'indifférence que suscitaient en lui les hommes et les femmes qu'il exécutait.
p 176