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Critique de Maldoror


Mes frères et soeurs nantis,

Le livre dont il est question, aurait pu participer au concours du bouquin le plus snob de l'année 2013 puisqu'il ne s'adresse bien évidemment qu'à nous. Mais, je doute qu'il aurait pu gagner. Ne serait-ce que parce que son prix n'est pas au niveau ! Cinq malheureux euros !

Donc s'il n'est pas le plus snob, on aurait pu se dire qu'il aurait pu être le plus incongru, puisque parler de nos idées fausses sur les pauvres et la pauvreté pourrait presque nous surprendre quand ils et elle existent depuis toujours, qu'on en parle de manière croissante, que nous les côtoyons de plus en plus dans nos villes, qu'on nous sollicite abondamment à leur sujet. Bien sûr, nous ne sommes pas inconscients, nous nous doutons que nous ne savons pas tout, que ce n'est pas parce que l'argent ne fait pas le bonheur, que tant de gens sont pauvres. Mais enfin…

Eh bien si ! « Comme les personnes qui ont des niveaux de revenus différents vivent de plus en plus dans des mondes séparés, elles se connaissent et se comprennent de moins en moins. » Et donc merci à ATD Quart Monde de nous mettre les points sur les i, tels des poings sur les yeux. Et même si ces point(g)s sont présentés avec la froideur de l'approche rationnelle et globalisante, avec celle de la statistique et des chiffres, avec des réponses objectives à des questions précises et quasi techniques, ils arrivent à rendre ce livre malgré tout bouleversant par ce qu'il laisse comprendre des situations décrites, parce qu'il permet un certain niveau de projection dans ce (quart) monde.

Et qu'y voit-on ? Des gens dont le nombre augmente, qui sont de plus en plus éloignés de la société, qui s'enfoncent de plus en plus dans la misère, alors que le comble est que, même le plus égoïstement possible et sans aucun altruisme, nous aurions économiquement tout intérêt à régler au plus vite la question de la pauvreté (en l'éradiquant bien sûr (la pauvreté pas les pauvres of course, même si Baudelaire voulait les assommer (pour leur bien évidemment))). Mais visiblement, même quand nous décidons de nous y mettre, nous avons une très forte propension à nous planter de méthodes, allégrement et systématiquement, avec un quasi contrepied aux pratiques qui seraient les plus efficaces. La faute à qui ? à quoi ? Il semblerait que ce soient des problèmes de schémas mentaux, de représentation de cette France du bord. Il nous faudrait en fait une capacité à se projeter dans une logique qui nous est apparemment difficilement accessible parce que totalement étrangère (évidemment puisqu'on est dans un autre Monde). Or, au lieu d'associer et de faire coopérer les principaux intéressés à ces réflexions, la posture la plus courante face à l'incompréhension est d'exclure. Et là carrément ! Physiquement of course, mais aussi affectivement, intellectuellement, culturellement, mentalement... au point que cette France d'en dehors ne compte plus pour beaucoup (ce qui est justement la définition de la misère selon Joseph Wresinski, le fondateur d'ATD Quart Monde).

Finalement, ce livre n'est ni snob ni incongru et est au contraire tout simplement bougrement réaliste. A mon avis, il est même carrément d'utilité publique dans sa volonté d'essayer de changer nos regards et nos approches sur cette France d'en dessous, puisque « la misère n'est pas la seule affaire des plus démunis, ni de leur seule responsabilité. Elle est un dysfonctionnement entre nous, citoyens. » Alors, allons-y : aidons-nous les uns les autres !
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