Les filles s’étaient ressoudées l’une à l’autre comme au temps de leur petite enfance lorsqu’elles encerclaient une proie imaginaire pour l’ensorceler et réduire ses forces à néant. Elles étaient intenses, toutes les cinq assises à terre comme des fillettes, éplorées mais ferventes, encadrant Alona de leur indéfectible soutien. Quand l’une se levait et brisait le cercle, c’était pour caresser la joue d’Alona, replacer une mèche de cheveux derrière son oreille, lui murmurer un mot doux. C’était une sorte de conseil de famille muet qui ne décidait plus de rien, un rituel chamanique mutique où les mains liées les unes aux autres formaient un rempart contre l’acceptation de la perte de celui qui les avait faites et aimées, chacune, à la folie