Lettie, fraichement débarquée de sa Virginie natale, suite au décès de sa mère, est obligée d'imposer sa présence à Bev, son cousin adoré, devenu fermier au Texas et flanqué d'une épouse et d'enfants.
Tout commence mal pour la pauvre Lettie. Dès le voyage en train, un séduisant inconnu la met en garde contre les rigueurs de cet état, et contre
le vent en particulier. Lettie, petite nature, est rapidement et fortement impressionnée par le discours de Wirt Roddy et par ce qu'elle voit défiler du paysage. Des arbres rabougris, des étendues sèches et des vaches efflanquées.
A la descente du train, accueillie par un inconnu et assaillie par
le vent, elle entame un petit périple pour gagner la ferme de son cousin.
Pour mieux nous permettre de compatir aux malheurs de la jolie Lettie, l'écrivain alterne les descriptions des lieux et des situations vécues par la jeune fille et les souvenirs de celle-ci, liés à La Virginie. le contraste entre ces deux états est cruellement évident. La sécheresse qui sévit au Texas rend la nature hostile,
le vent charrie sans cesse du sable, les habitations sont rustiques, voire rudimentaires, et les manières des hommes sont bien brusques... La Virginie est le symbole de l'opulence, des bonnes manières. Les vallées sont vertes et arrosées de jolies rivières, les fleurs s'y épanouissent, on prend le thé avec ses amies et voisins... la douceur de vivre du sud, quand on a la chance de ne pas être issu d'un milieu pauvre.
Lettie doit faire sa part du travail, elle qui ignore tout des tâches ménagères, il faut faire plus de 30 km pour aller voir des voisins, et pas question de se rendre en ville, c'est tout un voyage. L'isolement, la promiscuité seraient supportables sans la volcanique épouse de Bev, femme forte et belle qui méprise la faiblesse.
Lettie, fragile jeune fille élevée dans du coton, qui croit encore au prince charmant, se laisse peu à peu dévorer par ce pays si singulier et sauvage.
le vent souffle sa folie sur cette pauvre fille, incapable de prendre la bonne décision et qui, de désillusions en épreuves, perd peu à peu sa raison. Je suis ressortie de ma lecture aussi ébranlée que Lettie Mason, je dois le dire.
La plupart des passages sur la sécheresse et la nature sont saisissants. On souffre pour ces cow-boys isolés et plus encore, pour toutes ces pauvres bêtes - vaches et chevaux -, condamnées à mourir lentement de faim et de soif, sous les yeux impuissants de leurs propriétaires. Les hommes et les femmes de ce Texas impitoyable doivent faire preuve à la fois de résignation et de force pour s'adapter à ces dures conditions de vie. Lettie n'aura ni l'une ni l'autre et sa déchéance est poignante.
La traductrice,
Pascale Voilley, dans une excellente préface, évoque le phénomène des dust bowl, ce désastre écologique qui toucha le Middle-West durant la grande dépression. Des sécheresses et tempêtes de poussière qui durèrent une décennie (!!) et modifièrent pour toujours l'équilibre écologique de ces régions. de quoi méditer, encore aujourd'hui...
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