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Citations sur L'argent et les mots (4)

L’une des raisons qui rendent si intéressante l’évolution de l’édition dans le monde, c’est qu’elle représente un véritable microcosme des sociétés où elle se produit et des effets entraînés par le capitalisme. Techniquement parlant, il n’y a guère de raison pour que l’édition aujourd’hui soit très différente de celle du XIXe siècle : jusqu’à une époque récente, elle suivait d’ailleurs le modèle artisanal traditionnel, assez proche de l’entreprise décrite par Balzac dans Les Illusions perdues. Plus important encore : l’édition était considérée comme un métier et non comme un business. Ceux qui s’intéressaient vraiment à l’argent ne choisissaient pas la carrière d’éditeur. S’il fallait évidemment que les éditeurs gagnent assez d’argent pour continuer à produire, ils n’espéraient pas tirer de leur entreprise des profits fabuleux.
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Lors de la parution de L’Édition sans éditeurs en France il y a une dizaine d’années, la réaction de la presse fut unanime : la situation que je décrivais dans le monde anglo-saxon était certes critique et tout à fait regrettable, mais une telle évolution était impossible au pays de l’exception française, où la diversité culturelle fait partie intégrante du système. Pour dire la vérité, la réaction en Espagne, où le livre parut quelque temps après, fut sensiblement la même. Aujourd’hui, ceux qui ont lu le livre me reprochent d’avoir été trop optimiste. C’est que la situation actuelle est bien pire que ce que je dépeignais, pire même que ce à quoi je m’attendais. Car je pensais moi aussi que dans la situation française, le poids des deux grands groupes, Hachette et Vivendi, pourrait rester heureusement équilibré par le troisième groupe, celui des indépendants, assez puissant et influent pour tenir face à la pression des conglomérats et à la tendance à la mondialisation.
Quelques années plus tard, dans Le Contrôle de la parole, je décrivais les premières phases de l’écroulement du vieil édifice. Par une ironie de l’histoire, c’est la décision prise en 1998 par la Générale des Eaux de devenir, sous le nom de Vivendi, un grand groupe de communication et de divertissement lancé dans le jeu de la mondialisation, qui entraîna sa chute et ébranla tout le système. Les achats de studios de cinéma et de maisons d’édition américaines menés par le PDG de Vivendi, Jean-Marie Messier, furent particulièrement malencontreux. Alors qu’il savourait ses louanges chantées par la presse aux États-Unis comme en France et coulait des jours heureux dans son appartement sur la 5e avenue, son empire ne tarda pas à s’écrouler. Il avait acheté pour 2,2 milliards d’euros Houghton Mifflin, grande maison d’édition de Boston. Il fut obligé de la revendre en perdant quelque 700 millions d’euros, somme colossale dont la presse française ne fit guère mention. Si Messier avait enjoint à toutes ses maisons d’édition de ne plus publier que de la poésie et des romans difficiles, jamais elles n’auraient pu perdre ne serait-ce qu’une petite fraction d’une telle somme.
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"Le monde des mots dans sa relation avec l'argent subit les grands changements qui ont transformé nos pays et nos cultures. Mais ces changements ne sont pas forcément définitifs. D'autres voies sont possibles, et c'est à nous de les choisir et de les suivre."
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Lors d’un récent passage à Rome, j’ai été frappé par l’énorme différence entre les livres proposés dans une grande chaîne comme Mondadori et ceux que l’on trouvait dans une librairie indépendante. Il n’y avait pratiquement rien de commun entre les deux. Dans les grandes chaînes, on ne voyait que très peu – voire pas du tout – de titres « exigeants » (demanding). En revanche, on y trouvait les derniers best-sellers, à prix cassés. A New York, quand la grande chaîne Barnes and Noble a ouvert un magasin juste à côté d’une des dernières librairies indépendantes, la librairie St. Mark, ses propriétaires étaient légitimement inquiets. Mais quand ils ont regardé de près l’offre de leur nouveau concurrent, ils ont constaté qu’on n’y trouvait que 4 % des livres de leur propre stock.
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