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Éric Hazan (Traducteur)
EAN : 9782913372351
91 pages
La Fabrique éditions (07/02/2005)
3.94/5   31 notes
Résumé :
Après cinq ans, l'éditeur new-yorkais retrace les étapes et les conséquences des changements intervenus dans l'édition française, la presse et les autres médias : l'affaire Vivendi-Wendel, le rachat du Seuil par La Martinière, le rachat de la Socpresse par Dassault... En France, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, la concentration est à l'oeuvre, dans un seul but de rentabilité.
Que lire après Le contrôle de la parole : L'édition sans éditeurs, suiteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'auteur, André Schiffrin a été pendant 20 ans à la tête de Pantheon Books, maison d'édition littéraire aux États-Unis. Il dirige depuis 1991 The New Press, maison indépendante à but non lucratif.

Ce livre paru en 2005 aux éditions La fabrique est la suite de L'édition sans éditeurs, publié par le même éditeur en 1999.

Avant la 2e guerre mondiale, tous les grands journaux étaient sous le contrôle de groupes industriels, mais la presse a ensuite gagné son indépendance, et a pu être gérée par les personnes qui y travaillaient. Aujourd'hui, la presse nationale est détenue majoritairement par des grands groupes, et elle reçoit des subventions importantes de l'État (voir à ce sujet le livre Éditocrates sous perfusion : Les aides publiques à la presse, trente ans de gabegie, aux éditions Libertalia.)

L'auteur met en évidence la connexion entre les différentes industries de la culture et de l'information (telles que l'édition, la presse, la télévision, la radio), les multinationales et l'État. Il évoque également la situation de l'édition aux Etats-Unis, et l'émergence de gestions alternatives de certaines maisons au Danemark ou en Suède.

En France, les grands groupes industriels s'emparent de l'édition et de la presse alors qu'ils ont à l'origine des activités complètement éloignées de ce domaine, que ce soit la distribution de l'eau pour Vivendi, le bâtiment pour Bouygues, ou encore, l'armement pour Dassault ou Lagardère : « La France devenait ainsi le seul pays au monde où l'essentiel des organes de presse est la propriété de marchands d'armes et d'avions militaires, Lagardère Dassault, qui détiennent à eux deux 70% de la presse française. »

Après que les grandes chaînes ont investi les parts de marché de la librairie indépendante, celle-ci se fait maintenant grignoter par les hypermarchés. le même phénomène a eu lieu aux USA, où les grandes chaînes sont à leur tour menacées par les discounters, qui peuvent vendre des livres à des tarifs encore plus bas car il n'y a pas de prix unique du livre : « Ces derniers se sont rendu compte que s'ils avaient obligé bien des indépendants à fermer en offrant des remises importantes sur les bestsellers, il s'en trouve d'autres pour leur infliger maintenant le même traitement. » En France, les hypermarchés représentent la même menace que les discounters aux USA.

André Schiffrin nous présente des modèles alternatifs qu'il a pu observer en Europe : la gestion de maisons d'édition par des fondations à but non lucratif au Danemark, ou une organisation en coopérative en Suède.
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Voilà la suite de l'édition sans éditeurs, mais toujours avec ce côté frustrant que le livre date cette fois-ci de 2005 et évidemment on se demande bien ce qui s'est passé après, sans doute pas des progrès.
L'Europe n'a pas tardé à rattraper les USA : grâce à la « bienveillance » de l'État pour les capitaux français, on assiste à une «trustisation » de l'édition française, au mains de fonds d'investissement, des capitaux émanant pour la plupart soit de magnats de la presse Hachette possède 222 titres de presse dans le monde !) soit d'entreprises d'armement dont il n'est pas utile de détailler les positionnements politiques.

C'est donc maintenant la course au best-seller, au profit, l'uniformisation des idées, le conformisme intellectuel, le nivellement par le ras, la manipulation de l'opinion.

Après une description précise des mécanismes économiques qui gouvernent l'édition en France, André Schiffrin fait un petit tour par la Grande-Bretagne puis revient aux États-Unis et analyse les conséquences de ces phénomènes sur la guerre de Bush en Irak, où le milieu de l'édition, tout comme la presse, a été d'un soutien indéfectible pour son maître.

Il ne fait pas bon être éditeur indépendant, libraire indépendant, et bientôt même lecteur indépendant dans ce monde manipulé par les gros sous. Lecture intéressante, qui apprend à s'y reconnaître, sans doute orientée, et qui n'est pas sans faire peur.
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J'avais tellement apprécié le premier, que j'ai lu le deuxième!
Mais je dois avouer que, même s'il est très intéressant, j'ai été un peu déçue.
Cette fois l'auteur s'intéresse au cas de la France, et aux grands changements qui ont lieu dans le secteur éditorial et dans le milieu journalistique.
Il évoque ainsi le cas de Vivendi, mais aussi le "combat" entre grands groupes et maisons d'édition indépendantes, et montre également que, petit à petit, l'édition française se rapproche du modèle économique américain.
Des sujets très intéressants donc, mais je trouve que le livre se tourne un peu trop (à mon goût) vers les médias et leur interaction avec le gouvernement. Je m'attendais à ce que la part concernant l'édition soit... plus conséquente.
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C'est la suite de l'édition sans éditeur. Schiffrin dénonce avec toujours autant de verve les conglomérats de l'édition et fait cette fois un état des lieux de ce qui se passe dans l'hexagone. le parallèle avec les Etats-Unis et l'Angleterre est néanmoins saisissant et le constat sans appel, « l'exception française » semble elle aussi menacée par une priorité de profit où les chiffres ont raison de la qualité des oeuvres proposées.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective business, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit.
Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible.
Rien n’est plus difficile, poursuit-il, que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise.
Tout se joue chaque jour, sur les chiffres d’audience. Nous sommes le seul produit au monde où l’on « connaît » ses clients à la seconde, après un délai de vingt-quatre heures.
(Patrick Lelay, ex-PD-G de TF1)
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Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, le contrôle des médias et de notre manière de penser par les conglomérats n’est pas une fatalité liée à la mondialisation, mais un processus politique auquel on peut s’opposer, et avec succès.
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Videos de André Schiffrin (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Schiffrin
Quel destin pour la littérature dans le monde numérique ? .Conférence du mardi 19 juin 2012Nous vivons dans un monde numérique, nous lisons de plus en plus sur écran. Si les effets de cette révolution sur la lecture sont souvent commentés, nous n'avons pas encore pris la mesure de ses conséquences sur l'écriture, sur notre écriture numérique. de quoi sera faite la littérature dans vingt ans, lorsqu'elle sera entre les mains des générations qui auront appris à lire, écrire et compter sur écran?Avec la participation de :Antoine Compagnon, Collège de France ;Nathalie Heinich, sociologue, directrice de recherche du CNRS ;André Schiffrin, éditeur franco-américain, auteur de L?argent et les mots et de L'Édition sans Éditeurs ;Denis Zwirn, président de Numilog.Débat animé par Catherine Escrive, journaliste.
+ Lire la suite
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