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Critique de berni_29


Tout d'abord je remercie Alain Schmoll, l'auteur et les éditions Librinova, de m'avoir permis la lecture de ce roman. Quelques jours auparavant, j'évoquais des personnages attachants au travers d'une histoire faite de très bons sentiments, dont le livre m'était tombé des mains... Ici, c'est un peu le contraire. Les moyens de son ambition est un roman qui anime des personnages franchement antipathiques, enfin selon mon goût, mais qui ne manquent pas du tout d'intérêt. Allez comprendre !
C'est un roman noir, une histoire d'amour, d'ambition et de trahison.
Voilà un roman qui tourne autour de trois thèmes liés : l'ambition, l'argent et le sexe. Cette approche n'est pas originale, elle existe depuis la nuit des temps. de multiples écrivains de la littérature classique ont su mettre en oeuvre ce triptyque infernal et riche d'intrigues et de rebondissements, s'appuyant sur la construction de personnages denses, complexes, autant attachants que repoussants.
Comment faut-il vous parler d'un milieu totalement hostile ? Un jour prochain je vous parlerai de Crime et Châtiment, un livre qui permet de faire entrer le lecteur que nous sommes dans des zones qui lui sont totalement inconnues. Balzac aussi aimait ces ambiances, je pense notamment à Eugénie Grandet, quoique le sexe soit absent dans Eugénie Grandet, mais sans doute pas le désir. Maupassant aussi d'une autre manière, je pense à Bel-Ami... Et ne parlons pas de notre cher Zola, dans la saga des Rougon-Macquart...
Mais revenons à notre cruelle époque contemporaine qui n'a rien inventé sur le mauvais genre, le côté sombre du genre humain, c'est-à-dire l'ambition. Certes, l'ambition n'est pas quelque chose de négatif en soi, ce sont parfois les moyens de la servir. Ici tous les ingrédients sont réunis.
Le roman démarre sur un drame, autant vous en faire part tout de suite.
Nous sommes en 2018. André-Pierre, riche homme d'affaires, est retrouvé grièvement blessé après une tentative de suicide. Son succès de façade cache en réalité un homme acculé par les dettes. Dans le même temps sa charmante femme, Charline, répond aux abonnés absents... Voilà pour le décor planté !
À partir de la tentative de suicide d'André-Pierre, nous sommes invités à comprendre la psychologie des personnages, les tenants et aboutissants, en remontant le cours des choses, faisant connaissance avec leur vie depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte.
Ainsi l'auteur revient en arrière et nous tisse l'itinéraire respectif d'André-Pierre et de Charline, que rien ne prédestinait à ce qu'ils fassent connaissance et s'attirent l'un et l'autre. Nous revenons à l'enfance de chacun d'eux et suivons l'itinéraire qui a permis cette rencontre improbable. Au début, ce sont de charmants chérubins, comme tous les enfants... Quoique...
Il est né dans les beaux quartiers parisiens et toutes les portes lui étaient ouvertes... Jeunesse insouciante, légèreté de l'être, méconnaissance des réalités économiques et sociales, indélicatesse avec l'argent, surtout l'argent des autres, les dettes… voilà ce qui caractérise André-Pierre, issu d'un milieu très riche, celui de la banque d'affaires. Sa mère est une avocate de renom et elle n'aura de cesse de le sauver de chacun de ses faux-pas... Elle est sa meilleur alliée... Ah, les mères ! Justement, ma mère disait que ces gens-là sont nés avec une cuillère en argent dans la bouche.
C'est le contraire de Charline, son épouse brillante mais désargentée, issue d'un milieu très modeste, qui a su profiter de sa beauté et aussi de son intelligence pour s'offrir des études et un avenir. Elle a toujours fait ce qu'il fallait pour effacer ses origines modestes... Elle vit en intrigante sans scrupules. Avancer pas à pas.
Le personnage de Charline est aussi détestable qu'attachant. Certes elle est arriviste, tous les coups lui son permis pour s'élever socialement, y compris les moyens les plus douteux, c'est ce qui la motive, son intelligence, son opiniâtreté et les injustices qu'elle subit nous la rendent presque sympathique.
Il y a un gouffre qui sépare les deux univers dans lesquels ont grandi et vécu les deux protagonistes depuis leur enfance.
Mais s'il fallait leur trouver un point commun : ils savent toujours prendre le contrôle de leurs émotions.
On avance crescendo jusqu'à la rencontre d'Angel, personnage permettant d'offrir un tournant à l'intrigue... Il fallait bien un grain de sable à un moment donné...
J'ai vu ici, au travers des personnages des bêtes qui avançaient, des cigales, des chats, des loups, des hyènes, des corbeaux, des mantes religieuses...
Car les chats savent retomber sur leurs pattes, comme à chaque fois le fait André-Pierre, qui par ailleurs est plus cigale que fourmi...
La mante religieuse, c'est bien entendu Charline... Plus fourmi que cigale...
Ils croient être faits l'un pour l'autre et décident de faire route ensemble... Mais ne pas avoir les moyens de son ambition peut s'avérer dramatique...
La dernière partie du roman est soutenue, bien enlevée, relevant d'une mécanique implacable et redoutable qui dévoile les desseins de l'histoire.
J'ai aimé la structure du récit, c'est formidablement bien huilé. J'ai aimé la construction du personnage. le démarrage est sans doute lent, mais nécessaire pour bien comprendre d'où vient chacun des deux personnages centraux.
Sans porter de jugement, l'auteur nous invite en définitive et en toute liberté à porter un regard sur les deux protagonistes de l'histoire, et pourquoi pas interroger notre avis. Cette invitation est bien amenée...
S'il m'avait été possible de le faire, j'aurais voulu questionner ces derniers : "vous êtes-vous aimés un seul instant ?"
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