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Critique de Aline1102


Dans ce thriller psychologique atypique, écrit par l'une de mes compatriotes ( :) ), le bien nommé Hunter White (chasseur blanc, en français), chasseur chevronné depuis sa plus tendre enfance, se rend en Afrique afin de ramener une tête de rhinocéros pour l'anniversaire de sa femme. Pour mettre toutes les chances de son côté, il a choisi de collaborer avec son vieil ami van Heeren, qui possède de très bon pisteurs. Mais malgré toutes les précautions prises par Hunter, la chasse ne se déroule pas comme prévu. van Heeren lui fait alors une étrange proposition.

Je n'aurais jamais cru un jour donner une note de quatre étoiles (et demi) sur cinq à un roman traitant de la chasse. Et pourtant, me voilà en train de faire exactement cela, et de tenter d'expliquer pourquoi. Comme quoi, tout arrive.
J'avoue tout de même avoir eu quelques sueurs froides lors de certains passages qui, pas vraiment cruels, n'en étaient pas moins assez graphiques. Mais il faut parfois supporter de lire des descriptions dérangeantes, qui nous mettent mal à l'aise. C'est aussi cela qui nous fait évoluer en tant que lecteur(trice).

Une fois surmontés ces passages difficiles, ce que l'on retient surtout de ce récit, c'est sa grande qualité, et ce pour plusieurs raisons.

On ressent tout de suite l'amour que Gaea Schoeters porte à la nature et à l'Afrique. La beauté de ses descriptions sont telles qu'on ne peut que se sentir ému, au plus profond de soi, par ces paysages sauvages et ses habitants aux coutumes si éloignées des nôtres, mais si proches de la nature. de même, l'environnement et l'écologie sont mentionnés, non pas parce que ce sont des sujets « à la mode », mais parce qu'ils sont au coeur de la vie des peuplades avec lesquelles Hunter va se retrouver en contact. Et là aussi, l'écriture de Schoeters est ensorcelante, nous faisant comprendre ce que l'on risque de perdre à force de polluer notre lieu de vie. D'ailleurs, la qualité de l'écriture est exceptionnelle tout au long du roman et pas seulement lors des descriptions de magnifiques paysages en danger : la plume de l'auteure est l'une des grandes qualités de ce thriller. A souligner aussi le magnifique travail de traduction fourni par Benoît-Thaddée Stabdaert : ça fait beaucoup de bien, pour une fois, de ne pas lire un roman dans lequel le traducteur ne sait pas (plus) distinguer le futur du conditionnel (l'une des erreurs qui m'horripilent le plus dans les traductions actuelles).

J'ai aussi apprécié le fait qu'il n'y ait pas de cruauté inutile dans l'histoire. Même si, comme je l'ai déjà précisé, certaines descriptions sont très dures, Hunter n'est pas vraiment un chasseur bête et méchant. Il éprouve un certain respect, une sorte de compassion envers les proies qu'il chasse. Il précise lui-même qu'un vrai chasseur ne fait jamais souffrir son gibier, mais qu'il l'abat d'une seule balle bien placée : pour lui, seuls les criminels les plus sadiques laissent les animaux agoniser sans fin. Etrangement, donc, Hunter n'est pas aussi antipathique que l'on pourrait penser en entamant la lecture de ce roman. Je m'attendais à le détester et, en réalité, il m'a plutôt fascinée, et les aperçus de sa vie passée, qui nous sont offerts grâce à des nombreux flashbacks, sont intéressants et permettent de mieux comprendre les motivations profondes du personnage, pourquoi il est passionné de chasse : non pas pour les trophées, mais pour le processus en lui-même.

J'ai aussi aimé la lenteur du récit, la patience dont l'auteure fait preuve en nous emmenant dans la traque de van Heeren et Hunter, qu'elle nous décrit en détail, presque point par point et minutes par minutes, en se concentrant non seulement sur le paysage environnant, mais aussi sur les sensations et réflexion des personnages. Il en résulte certains passages très intimistes, proches de l'huis-clos, ce qui n'est pas du tout déplaisant.
Mais malgré cette lenteur et cette profusion de détails, le suspense est bien présent. Dès les premières pages, la tension est là et l'on sent que quelque chose va se produire, autre que la chasse dans laquelle s'est lancé Hunter. Quoi ? On ne l'apprend que dans les toutes dernières pages. Mais le danger rôde autour des chasseurs et de leurs traqueurs : ils doivent rester sur leurs gardes, tout comme le lecteur, qui se demande ce qui va se produire, et quand.
Et finalement, quand le drame survient, on est étonné, car ce n'est pas du tout ce que l'on attendait.

Si vous êtes appréciez les romans d'Hemingway et de Rider Haggard, lisez Gaea Schoeters. Elle est la digne descendante de ces grands romanciers.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Actes Sud pour ce roman qui m'a fait sortir de ma zone de confort.
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