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Benoît-Thaddée standaert (Traducteur)
EAN : 9782330170066
288 pages
Actes Sud (14/09/2022)
3.34/5   41 notes
Résumé :
Hunter White, riche new-yorkais et investisseur à Wall Street, a acheté une licence de chasse lui permettant de tuer un rhinocéros noir, seul trophée qui manque encore à son palmarès. Parti en Afrique, son terrain de jeu de prédilection, il rêve d’enfin pouvoir ramener à sa femme, en guise de cadeau d’anniversaire, la tête empaillée de son rhinocéros. Mais son rêve se muera bientôt en cauchemar. Sans retour en arrière possible.
Alors que nous croyons avoir l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ce thriller psychologique atypique, écrit par l'une de mes compatriotes ( :) ), le bien nommé Hunter White (chasseur blanc, en français), chasseur chevronné depuis sa plus tendre enfance, se rend en Afrique afin de ramener une tête de rhinocéros pour l'anniversaire de sa femme. Pour mettre toutes les chances de son côté, il a choisi de collaborer avec son vieil ami van Heeren, qui possède de très bon pisteurs. Mais malgré toutes les précautions prises par Hunter, la chasse ne se déroule pas comme prévu. van Heeren lui fait alors une étrange proposition.

Je n'aurais jamais cru un jour donner une note de quatre étoiles (et demi) sur cinq à un roman traitant de la chasse. Et pourtant, me voilà en train de faire exactement cela, et de tenter d'expliquer pourquoi. Comme quoi, tout arrive.
J'avoue tout de même avoir eu quelques sueurs froides lors de certains passages qui, pas vraiment cruels, n'en étaient pas moins assez graphiques. Mais il faut parfois supporter de lire des descriptions dérangeantes, qui nous mettent mal à l'aise. C'est aussi cela qui nous fait évoluer en tant que lecteur(trice).

Une fois surmontés ces passages difficiles, ce que l'on retient surtout de ce récit, c'est sa grande qualité, et ce pour plusieurs raisons.

On ressent tout de suite l'amour que Gaea Schoeters porte à la nature et à l'Afrique. La beauté de ses descriptions sont telles qu'on ne peut que se sentir ému, au plus profond de soi, par ces paysages sauvages et ses habitants aux coutumes si éloignées des nôtres, mais si proches de la nature. de même, l'environnement et l'écologie sont mentionnés, non pas parce que ce sont des sujets « à la mode », mais parce qu'ils sont au coeur de la vie des peuplades avec lesquelles Hunter va se retrouver en contact. Et là aussi, l'écriture de Schoeters est ensorcelante, nous faisant comprendre ce que l'on risque de perdre à force de polluer notre lieu de vie. D'ailleurs, la qualité de l'écriture est exceptionnelle tout au long du roman et pas seulement lors des descriptions de magnifiques paysages en danger : la plume de l'auteure est l'une des grandes qualités de ce thriller. A souligner aussi le magnifique travail de traduction fourni par Benoît-Thaddée Stabdaert : ça fait beaucoup de bien, pour une fois, de ne pas lire un roman dans lequel le traducteur ne sait pas (plus) distinguer le futur du conditionnel (l'une des erreurs qui m'horripilent le plus dans les traductions actuelles).

J'ai aussi apprécié le fait qu'il n'y ait pas de cruauté inutile dans l'histoire. Même si, comme je l'ai déjà précisé, certaines descriptions sont très dures, Hunter n'est pas vraiment un chasseur bête et méchant. Il éprouve un certain respect, une sorte de compassion envers les proies qu'il chasse. Il précise lui-même qu'un vrai chasseur ne fait jamais souffrir son gibier, mais qu'il l'abat d'une seule balle bien placée : pour lui, seuls les criminels les plus sadiques laissent les animaux agoniser sans fin. Etrangement, donc, Hunter n'est pas aussi antipathique que l'on pourrait penser en entamant la lecture de ce roman. Je m'attendais à le détester et, en réalité, il m'a plutôt fascinée, et les aperçus de sa vie passée, qui nous sont offerts grâce à des nombreux flashbacks, sont intéressants et permettent de mieux comprendre les motivations profondes du personnage, pourquoi il est passionné de chasse : non pas pour les trophées, mais pour le processus en lui-même.

J'ai aussi aimé la lenteur du récit, la patience dont l'auteure fait preuve en nous emmenant dans la traque de van Heeren et Hunter, qu'elle nous décrit en détail, presque point par point et minutes par minutes, en se concentrant non seulement sur le paysage environnant, mais aussi sur les sensations et réflexion des personnages. Il en résulte certains passages très intimistes, proches de l'huis-clos, ce qui n'est pas du tout déplaisant.
Mais malgré cette lenteur et cette profusion de détails, le suspense est bien présent. Dès les premières pages, la tension est là et l'on sent que quelque chose va se produire, autre que la chasse dans laquelle s'est lancé Hunter. Quoi ? On ne l'apprend que dans les toutes dernières pages. Mais le danger rôde autour des chasseurs et de leurs traqueurs : ils doivent rester sur leurs gardes, tout comme le lecteur, qui se demande ce qui va se produire, et quand.
Et finalement, quand le drame survient, on est étonné, car ce n'est pas du tout ce que l'on attendait.

Si vous êtes appréciez les romans d'Hemingway et de Rider Haggard, lisez Gaea Schoeters. Elle est la digne descendante de ces grands romanciers.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Actes Sud pour ce roman qui m'a fait sortir de ma zone de confort.
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« Comparé aux transactions défiant la légalité qu'il réussit à maintenir hors de portée des chiens de garde financiers, cacher l'obtention d'un permis de chasse pour un rhinocéros noir d'Afrique s'avère un jeu d'enfant (…) »
Hunter Winter, à qui on a attribué le prénom en référence à John A. Hunter, un chasseur professionnel de la première moitié du XXe siècle, est depuis son tout jeune âge passionné de chasse. de ses premiers trophées tuée dans les forêts américaines, son territoire s'est élargi à celui de l'Afrique, où la savane regorge encore de proies à sa mesure : léopards, buffles, steenboks, koudous, springboks, impalas, lions, et j'en passe. Aidé dans sa traque par un guide réputé, van Heeren, et ses pisteurs africains, Hunter se prépare, au début du roman, à chasser un rhinocéros mâle adulte, dont le comportement nuit au troupeau et dont on se persuade que l'éliminer sera une bonne affaire pour tous.
Le récit, hypnotique et envoûtant, dévoile les rouages d'un esprit prédateur, dès lors qu'on lui fait miroiter les difficultés d'une prise à prendre. Gaea Schoeters déploie, autour de ses personnages, un panorama grandiose dans lequel les animaux sauvages évoluent librement, ne connaissant aucune frontière, et dont le seul ennemi à craindre est l'homme, braconnier ou chasseur autorisé par l'État.
J'ai souhaité, tout au long de ma lecture, une punition à la hauteur des méfaits commis par Hunter Winter dans ce roman, que je juge inoubliable. Cinq étoiles, rien de moins!
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Ce thriller quasi politique est poignant. de par son écriture, l'autrice s'attaque à un sujet complexe de par son éthique : la chasse au trophée en Afrique. Il s'agit de personnes extrêmement riches qui choisissent un animal à abattre, payent des sommes mirobolantes afin d'exhiber ce trophée dans leur salon. C'est avec ce préjugé que je partais en débutant ce livre. Cependant, Gaea Schoeters amène la chose de façon subtile, en interrogant la vaste question qu'est la chasse dans sa forme la plus pure : celle de réunir des indices, de pister, de respecter et à la fin seulement de tuer. C'est une ode à la nature, aux peuples tribus encore présents en Afrique et aux limites de l'être humain.
Et bien évidemment, il faut ajouter à tout cela une dose d'enquête et d'angoisse lorsque la chasse au trophée s'élargit à tous les êtres humains, et plus seulement aux animaux...
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Bonjour les babeliophiles petit retour sur ma dernière lecture de 201 pages sur ma liseuse.
J'ai trouvé que c'était super bien écrit et décrit. En fermant les yeux j'aurais pu être en Afrique à voir ces animaux. MAIS c'est tout car le reste était long et surtout lent je me duiscennuye avec ce livre qui pour moi ne sera pas un trophée
Mais comme je dis toujours ceci n'est que personnel
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Hunter White est un financier corrompu pour qui tous les moyens sont bons afin de s'enrichir, ce qui lui permet, chaque année, de s'offrir un trophée de chasse.
Hunter estime qu'abattre un animal pisté et traqué par des hommes non armés qui lui désignent enfin sa proie calmée est une chasse glorieuse. de plus, il prétend préserver la nature en s'appuyant sur des arguments qui refusent d'envisager l'autre versant des choses.
Mais le gibier convoité a été abattu par des braconniers. Alors van Heeren, le guide de ces chasses aux trophées, qui connaît la noirceur de White, client chez lui depuis des années, va l'amener chez les bushman avec une intention lucrative bien peu louable.'

Quand White et van Heeren pensent le monde comme marchandise, les bushmen le perçoivent comme don et sacrifice. Ce n'est qu'une fois immergée dans le monde de l'autre que l'avidité sera déroutée et dévoilera pleinement l'être véritable du prédateur.
L'écriture est magnifique, capable de convoquer la beauté et la grandeur des paysages comme d'évoquer les circonvolutions de l'esprit humain, depuis l'occlusion à toute pensée autre chez le Chasseur jusqu'à son acceptation par les bushman pour qui tout participe au sens du monde.




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critiques presse (1)
Culturebox
29 décembre 2022
Pour son premier livre publié en France, l'auteure belge choisit d'emprunter des sentiers inédits pour une chasse originale. Un thriller politique (et moral) intense, cauchemardesque. Une plongée en apnée, sans répit. Un livre puissant.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Chez les animaux, les yeux de la proie sont disposés des deux côtés de la tête, afin qu'elle puisse, pendant sa fuite, garder un oeil sur son agresseur. Les yeux d'un prédateur se trouvent en revanche sur le devant de sa tête, car il ne s'intéresse qu'à la proie qui court devant lui. Seuls ceux qui sont chassés regardent derrière eux.
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Le climat est malade. Les Blancs sont aveugles et ne voient rien venir. Mais nous, nous lisons le déclin climatique dans les mouvements des animaux, dans les plantes qui meurent, sur les surfaces vides dans le sable, où les insectes avaient l'habitude de ramper. Les dieux sont en colère, et si vous ne vous réconciliez pas avec eux rapidement, rien ne réussira à survivre ici.
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Hunter examine le rhinocéros avec attention. L'animal tout entier, depuis son corps volumineux jusqu'à ses pattes courtaudes, ressemble tout au plus à une ébauche: un premier jet qui gagnerait à être élaboré davantage, mais qui aurait échappé prématurément à la dextérité de son créateur. Prototype oublié d'une espèce qui ne s'est pas développée davantage. De lourds plis de peau tombent sur son encolure comme les épaulettes d'une cotte de mailles. Sa peau épaisse est si rigide qu'elle paraît presque écailleuse. L'ensemble de l'animal évoque un reptile préhistorique. Les grosses rides qui encombrent son cou ressemblent au collier d'un dinosaure, et l'extrémité de sa tête, qui hésite entre un bec crochu et une bouche ourlée d'une lèvre supérieure prononcée, a quelque chose de profondément primitif. Mais l’œil noir est si brillant, frangé de cils délicats, dissimule une étrange forme de douceur, qui contraste fortement avec l'aspect brutal de l'animal. On dirait presque que son regard trahit une certaine mélancolie. Un sentiment inconnu s'empare de Hunter et, un court moment, l'excitation de la chasse cède la place à autre chose. Ce n'est pas de l'affection, mais plutôt un sentiment de crainte vénérable qui le saisit à proximité d'une créature infiniment plus ancienne que lui. Jamais auparavant il ne s'était senti aussi proche de début de l'évolution, comme s'il était renvoyé d'un bond à l'époque précédant le début de l'humanité.
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Nous sommes en Afrique, mon cher. N'oubliez jamais cela. La vie humaine n'a pas la même valeur ici. Non pas parce qu'ils aiment moins leurs enfants, mais parce que la vie est plus dure sous les tropiques : la moitié de leurs enfants meurent avant l'âge de quinze ans, un enfant sur cinq meurt avant l'âge d'un an.
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L'image le surprend, car bien qu'il connaisse le concept de neige, ainsi que le mot qui la nomme, il n'a jamais observé ce phénomène à proprement parler. C'est comme s'il assistait à la naissance d'un enfant : un événement tout ce qu'il y a de plus banal, qui se produit régulièrement depuis des siècles déjà en se manifestant sans vacarme à travers le monde, mais qui, lorsqu'il s'offre à la vue pour la première fois dans la vie d'une personne, lui apparaît tel un miracle.
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Videos de Gaea Schoeters (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gaea Schoeters
10 févr. 2023 « Le trophée » de Gaea Schoeters, auteure belge, est un polar atypique et une auteure que je découvre puisque c’est son premier roman publié en France.
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