En novembre, il part pour Aix afin de rejoindre, dans sa bastide de La Malle, son ami Joseph Autran et lui soumettre sa dernière comédie, Les Idées de Mme Aubray, avant de la faire recopier.
Le personnage central de la pièce s'inspire de George Sand : Mme Aubray professe des idées généreuses sur le mariage, les classes sociales, les enfants naturels. Elle se trouve confrontée à un dilemme quand il s'agit de mettre ses idées en pratique et d'autoriser son fils à epouser une jeune femme qu'il aime, qui a eu un amant et doit travailler pour élever cet enfant sans père. Dans un premier temps, elle refuse avant de se raviser et d'accueillir comme sa fille cette femme déchue.
Dans sa préface, Dumas fils explique que toute chrétienne devrait se comporter comme Mme Aubray :
"Si elle n'est pas prête à l'imiter, elle n'est pas chrétienne, voilà tout, ou elle ne l'est que de nom, c'est-à-dire qu'elle appartient à la catégorie des bonnes dames de sacristie, de ces chrétiennes amateurs qui font de la propagande et de la tapisserie pour les évêques, qui dansent et se decollètent pour les pauvres, qui se confessent et communient pour leurs garanties extérieures, mais qui, au fond, se soucient autant de la grande morale et de la grande charité que des mystères d'Ėleusis ou de la doctrine des Védas".
La première image que le fils possède du père, c'est celle d'un géant immense aux yeux bleu saphir comme lui et aux étranges cheveux qui, lorsqu'on y touche, donnent l'impression d'être de la laine, un monsieur qui écrit, qui écrit sans cesse avec une plume qui gratte le papier et qu'il trempe dans un encrier dont il est interdit de s'approcher, crainte que l'encre noire ne fasse des pâtés sur le blanc du papier ou ne se répande sur le plancher.
La guerre finie, le fils souhaite que les restes de son père soient inhumés au cours d'une cérémonie digne de son renom. Le 17 novembre 1871, il indique au restaurateur Vuillemot, vieil ami de son père, que "le service se fera ainsi que l'inhumation à Paris au Père-Lachaise avant la fin de l'année, je l'espère du moins".
La nouvelle rendue publique déclenche une vive réaction des habitants de Villers-Cotterêts , ville natale de son père.
"Les habitants de Villers-Cotterêts viennent d'adresser en masse à M Alex . Dumas une protestation par laquelle ils s'opposent à la translation à Paris du corps de son père. Ils ne croient pas que M. Dumas veuille les priver de l'honneur de posséder ces glorieuses cendres, et ils évoquent à l'appui de leur demande la volonté même de l'illustre mort."
Le fils finit par se rallier aux arguments et désirs des Cotterėziens.
"comment se fait-il que votre père n'ait jamais écrit une ligne ennuyeuse ?" Je lui répondis: "Parce que ça l'aurait ennuyé !"
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Monsieur, répliqua sèchement Alexandre, quand on n’a pas de passions à vingt ans, on a des vices à quarante !
Je veux formellement être enterré sans aucune cérémonie religieuse ; je désire qu'il ne soit prononcé aucun discours sur ma tombe, et je dispense la Place des honneurs militaires. De cette façon, ne seront dérangés par ma mort que ceux qui voudront bien se déranger.
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Quand on voit la vie telle que Dieu l'a faite, il n'y a qu'a le remercier d'avoir fait la mort.
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[Dumas fils] emprunte pour l'intrigue [de "L'affaire Clemenceau"] au couple formé par le sculpteur James Pradier et sa femme Louise. F. de Lagenevais, pseudonyme d'Henry Blaze de Bury, dans "La Revue des Deux Mondes", écrit: «Cette femme qui pose pour les statues de son mari, cette femme pour qui la pudeur n'existe qu'à l'état de convention mondaine et que les lauriers de Phryné empêchent de dormir, […] nous les connaissons ou nous croyons les connaître, et peut-être le titre de monstre nous semble-t-il un peu fort pour ces belles païennes du XIXe siècle».
Mettre en commun notre coeur et notre bourse, tout nous donner et tout nous dire, telle fut notre devise.
Je ne sais pas deux caractères plus opposées que celui d’Alexandre et le mien, et qui cependant aillent mieux ensemble. Nous avons certes de bonnes heures parmi celles que nous passons loin l’un de l’autre ; mais je ne crois pas nous en ayons de meilleures que celles que nous passons l’un près de l’autre.