AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lililaluize


Goncourt de l'an 2000.
Hommage à Ingrid Caven, son épouse , petite fille allemande chantant pour les nazis, le corps cassé par une maladie tel un puzzle, s'identifiant au tableau Dora Maar, devenue femme icône de la fine fleur du cinéma français de Fassbinder (son premier époux) et Eustache, muse d' Yves Saint Laurent, reine de la nuit, chanteuse à l'art de vivre sulfureux, pop attitude des nuits sacrées. On passe des souvenirs de son enfance aux douloureuses évocations des chambres à gaz, d'un récital qu'elle a donné bien plus tard dans la citadelle de David à Jérusalem aux soirées sous cocaïne et LSD, le tout, ponctué d'anecdotes autour de Romy Schneider et d'Andy Wharol, de l'élite parisienne par le personnage croqué, entre autres, de Jean Pierre Rassam à Bette Davis... Toute une époque s'agite sous la plume tourbillonnante et effervescente de Schuhl et quelle richesse ! quel régal !

Pourtant c'est bien tardivement que je me suis lancée dans cette lecture . J'ai commencé mon approche de Schuhl par "Les apparitions", un récit personnel, et peut-être est-ce une bonne chose. Découvrir l'esprit de l'auteur au gré de ses pérégrinations / imaginations m'a certainement permis d'appréhender un peu mieux "Ingrid Caven" puisqu'il faut le dire d'entrée de jeu, c'est une lecture exigeante et pour en absorber sa substance, il me semble opportun d'être charmé au préalable par le monde de Schhul et d'accepter de sortir de sa zone de confort. Un univers de mots qui prédomine l'histoire, des ellipses qui peuvent nous perdre , des pensées qui se glissent au beau milieu d'un récit pour le rendre plus présent, plus prègnant.
Si beaucoup jugent "Ingrid Caven" de roman élitiste, fouillis, éprouvant, on ne peut les blâmer, il y a du vrai, les références culturelles pointues en prime. Cependant, je ne peux me résoudre à réduire Schuhl en ces termes. Il est un créateur, l'inventeur d'une littérature singulière, le bâtisseur d'un édifice unique. C'est à nous de faire la démarche de pénétrer dans son espace extravaguant dans lequel le mot est roi, la trame fantasque, la forme littéraire un design novateur.
Schuhl, tel picasso, construit son oeuvre à l'image du corps destructuré et douloureux d'Ingrid. Amoureux éternel et touchant , il délivre un portrait remarquable de Caven et réanime avec superbe le faste d'une époque Rock'n'Roll révolue et ce, sans perdre de vue l'exigence des mots qui écrivent pour lui puisque Schuhl n'écrit pas, il s'efface.
Ingrid Caven, elle, s'impose.

En conclusion, un roman intello ? A mort ! c'est du Schuhl.
Vaut-il le coup ? Plutôt deux fois qu'une !

Un roman chiadé, sans pareil, brillant.
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}