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Critique de ElGatoMalo


J'étais impatient et enthousiaste à l'idée de plonger dans l'univers des Citées Obscures tout en étant un peu inquiet car je n'avais lu aucun des chapitres précédents. Mais apparemment cela n'a aucune importance car il saute au yeux que ce volume est un peu à part. Il s'agit d'un album conceptuel en plusieurs parties.
La première qui fait apparaître progressivement le capitaine Nemo au cours d'un voyage dans la géographie imaginaire de l'univers des Citées Obscures de Benoît Peeters et François Schuiten(*). Il surgit d'un gribouillage pour se concrétiser progressivement au fil des doubles pages non numérotées qui présentent d'un coté une image de l'intérieur d'un engin fabuleux, ce n'est pas exactement le Nautilus mais le Nauti-poulpe, fusion de la machine avec le moment le plus mémorable du roman, le combat avec le poulpe (**). Cette image est commentée par les réflexions du capitaine qui revient à lui. On est donc à la fois à l'intérieur du vaisseau et à l'intérieur de la tête du personnage. Et le jeu avec les espaces se développe aussi en une troisième dimension car sur la page en vis-à-vis, celle de droite donc, une gravure à la manière des illustrations de l'édition Hetzels des Voyages Extraordinaires, représente ce qui se passe au même moment à l'extérieur du bâtiment.
La seconde partie commence quand le capitaine sort du Nauti-poulpe dans un bassin qui se trouve devant la Halle Freyssinet dans la ville bien réelle d'Amiens (***) où effectivement, c'est du concret, l'installation d'une sculpture monumentale en bronze rendant hommage à Jules Verne est prévue pour mars 2025. Là, commence un nouveau déplacement, une nouvelle mutation, hybridation, transformation. le mode narratif passe d'une image par page à une série d'images séquentielles, trois par page puis quatre, toujours sous-titrées par les pensées du personnage qui perd lui aussi son identité, encore une transition, pour adopter celle de Jules Verne lui-même au fil des vignettes qui s'égrainent tout en se remplissant de couleurs (des gris colorés comme le seraient des illustrations vieillis sur un papier oxydé par le temps, le support papier du livre n'est pas parfaitement blanc non plus mais dans un ton de blanc cassé et très légèrement teinté de jaune). Cette partie se termine sur un gros plan de la rédaction en lettre cursives des premières lignes de Vingt mille Lieues sous les mers.
La troisième partie est constituée de textes autour de Jules Verne, sa relation avec son éditeur ; l'édition et le succès de son premier roman, le refus du second qui sera enfoui, caché au fond d'un coffre-fort ; la redécouverte (à la dynamite) de cet inédit : Paris au XXe siècle ; les illustrations pleine page de Schuiten de l'édition de 1994 y sont insérées. Les deux dernières illustrations font référence à une installation qui a déjà eu lieu, projections sur des jets d'eau, et au projet de sculpture monumentale en bronze du Nauti-poulpe à Amiens.

(*) Deux cartes permettent de repérer le trajet effectué, évidemment les noms qui apparaissent sont fantaisistes. Si on veut se documenter sur le sujet, Peeter et Schuiten ont créé un site internet avec une base de données très détaillée de leur oeuvre, voir le lien sous la critique.
(**) le nom Nautilus étant basé, selon toute vraisemblance, sur le mot Nautile qui désigne certes un sous-marin expérimental en bois conçu par François-Guillaume Coëssin et son frère Jean-Alexandre en 1811, mais aussi, et cela bien avant, un céphalopode à tentacules (90 quand même) sans ventouse, vivant dans une coquille spiralée à surface lisse, l'animal était déjà par certains cotés, un Nauti-poulpe.
(***) "...en cours de fabrication par le sculpteur Pierre Matter. Une oeuvre en bronze de neuf mètres de long et six de haut. Ses douze tonnes ne lui permettant pas d'être installée devant la gare comme initialement prévu, elle arrivera donc derrière, « comme si elle émergeait des hortillonnages », sourit François Schuiten". Voir article de Jean-Christophe Fouquet sur le site web de la ville d'Amiens.
Lien : https://www.altaplana.be/fr/..
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