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Citations sur Sortilèges de l'ouest (10)

Et puis un beau soir, au détour du dernier virage, en contrebas et par-delà un champ de dunes constellé de saules, nous découvrîmes enfin la rivière perdue, la mystérieuse San Juan, flottant dans son canyon comme un ruban de lumière. Dans les teintes roses du crépuscule, ce furent les derniers pas pour nous rapprocher de cette eau qui si longtemps était demeurée une énigme, une promesse dérisoire, tout au long de ces cascades de rocs desséchés. La carte de l’inconnue d’El Paso n’avait pas menti : un chemin conduisait bel et bien jusqu’à la rivière.
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La civilisation est un luxe , bien sûr, une fine couche de dorure sur l'existence humaine.
Grattez le vernis délicat du supplément d'énergie et de matière première qui le constitue et l'existence redevient une pure question de survie.
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Les anthropologues, par leurs recherches génétiques, leurs fouilles archéologiques et leur phénotypes, ont établi avec une quasi-certitude que les premiers Américains ont traversé le détroit de Béring il y a une dizaine de milliers d'années, et que les Navajos sont descendus des régions arctiques il n'y a guère que trois ou quatre cents ans, ces bédouins américains étant finalement des habitants de la toundra, exilés.

[...] Le mythe navajo des origines affirmait que leur peuple avait surgi d'une grotte tapissée de glace, une matrice hivernale et nue, creusée dans le flanc de la montagne au sud-ouest du Colorado.

Les vieux Navajos font encore des pèlerinages vers ce berceau de leur tribu.

Peut-être au fond, ces histoires sont-elles vraies, chacune à sa façon.

Ce sont toutes des rêves, toutes des chants sacrés.
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Il est intéressant de relever que dans le zen japonais, tout comme dans l'animisme des Indiens des Plaines, on retrouve des formes de contemplation qui alternent la station assise et la marche.
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De toutes les affirmations étonnantes faites par De Selby, le héros de mon roman, je crois qu'aucune ne l'est davantage que celle qui dit qu'"un voyage est une hallucination".


Flann O'Brien
- en exergue du livre "Sortilèges de l'Ouest" -
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C’était un jour idéal pour croiser des animaux et repérer leurs traces. Nous trouvâmes des empreintes de coyotes, de cerfs et de ratons laveurs, dans la boue métallique d’une mare asséchée. Il y avait partout des déjections de coyotes, accompagnées de boules de poils de lapin, de carapaces d’insectes, de baies sauvages, de plumes d’oiseaux bleus, d’esquilles d’os divers. Les coyotes, à l’instar des hommes et des ours, sont pratiquement omnivores. Entre autres aliments étranges repérés dans leurs estomacs, on découvre pêle-mêle crapauds cornus, carapaces de tatous, bourdons, serpents à sonnettes, mille-pattes, cordages, ficelles, pneus, boucles de harnais, coquilles d’œufs, miel et mottes de terre. Pour un coyote, le monde n’est qu’un vaste banquet. Il n’est guère étonnant qu’ils passent leur temps à lâcher ce rire qui monte de leurs gueules rouges et béantes : c’est un rire spontané de joie sans mélange.
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Mais tout cela, c’était avant l’édification des barrages. Le Colorado a un débit moyen de vingt milliards de mètres cubes par an. Seul un peu plus d’un dixième parvient jusqu’au Mexique ; le reste est retenu aux États-Unis par tout un réseau de tunnels, de barrages et de canaux qui permet d’arroser Los Angeles, l’Imperial Valley, Denver, les villes du désert d’Arizona, etc. Les deux milliards de mètres cubes sont utilisés pour irriguer les exploitations agricoles au nord du delta, à l’aide d’un entrelacs de canaux d’une longueur totale de neuf cent cinquante kilomètres. Aujourd’hui, le Colorado ne se jette plus dans la mer. Ce n’est plus un fleuve, son delta n’est plus qu’une carcasse historique habitée par un fantôme hostile et inapaisé.
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Et pourtant, il est tout aussi facile de vous noyer ou de mourir de froid dans ces mêmes canyons. On a parfois l’impression que la San Juan possède un sens de l’humour rusé, un peu comme si elle avait l’âme d’un coyote. Un jour, elle vous fait bondir sur place, le lendemain, elle vous immobilise. Elle vous dessèche, puis elle vous noie. Je me suis fait prendre un jour de mars dans un blizzard, avec un vent qui abaissait la température aux environs de moins vingt et de gros flocons mouillés qui remontaient le canyon en me lacérant comme de minuscules poignards. Je poursuivis ma marche, tombai en état d’hypothermie extrême et ne dus ma survie qu’à une grotte dans laquelle je me pelotonnai à l’abri du vent, allumant un feu à l’aide de brindilles humides et de bois flotté, et restant là à attendre que la vapeur s’échappe de mes vêtements trempés. Le lendemain, la neige fondit et le canyon s’emplit d’eau glacée à hauteur de la taille : on aurait pu se noyer dans les trous les plus profonds. Deux jours plus tard, le ciel était de nouveau brûlant et clair, l’eau de fonte avait disparu et j’avançais péniblement dans le sable sec à la recherche d’eau potable à l’ombre des rochers sous les falaises. C’est un lieu qui vous rend fou et qui vous laisse pantois, le désert de San Juan !
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Exil, abandon, extinction : le bison en est bien entendu l’exemple le plus emblématique. Au milieu du XIXe siècle, ils étaient encore cinquante millions à paître dans les prairies ; trente ans plus tard, il en restait moins de mille. On les avait abattus pour la viande délicate de leurs langues, pour leurs peaux, pour affamer les Indiens dont la survie en dépendait, et tout simplement parce qu’ils étaient sauvages. La dernière étape de leur extermination fut le commerce des os : Blancs et Indiens parcoururent les prairies en mettant le feu à l’herbe pour exhumer les squelettes de bisons et, par wagons entiers, les empilèrent le long des voies pour être expédiés vers l’est où on les utilisait dans la fabrication des engrais et le raffinage du sucre. On raconte que parfois les tas d’ossements atteignaient trois mètres cinquante de haut et quatre cents mètres de long. Deux millions et demi de dollars d’ossements. Qui s’étonne si aujourd’hui les plaines sont hantées ?
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Pour rien au monde je n’aurais voulu vivre plus près des Grandes Plaines, un endroit vraiment trop triste à mon goût. Si ces plaines avaient eu un hymne, c’est un Indien au bord de succomber à la petite vérole qui l’aurait joué sur un tam-tam tout déglingué, accompagné par un cul-terreux de l’Oklahoma soufflant dans un harmonica à demi bouché par la poussière. Si elles avaient eu un drapeau, les étoiles seraient remplacées par des crânes de bison. Quand je pense aux Grandes Plaines, c’est à l’exil, à l’abandon, à l’extinction que je pense.
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