AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Marc Amfreville (Traducteur)Jean-Sébastien Stehli (Préfacier, etc.)
EAN : 9782351780169
235 pages
Gallmeister (06/03/2008)
3.89/5   19 notes
Résumé :
En 1973, Rob Schultheis retire ses maigres économies de la banque et prend la route de l'Ouest au volant de son minibus Volkswagen. Il débarque à Telluride, dans le Colorado. À l'époque, Telluride n'est qu'une petite ville minière coupée du monde, où vivent quelques familles isolées et où rôdent encore loups et grizzlys ; le genre d'endroit où l'on vous passe à tabac si vos cheveux sont trop longs. Trente ans plus tard, elle est devenue une destination de villégiatu... >Voir plus
Que lire après L'or des fous : Vies, amours et mésaventures au pays des Four CornersVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Rob Schultheis, encore un écrivain américain incontournable de nature writing . Même veine que Abbey, Bass ou Peacock.
Il vit à Telluride (Colorado ).
Après avoir été correspondant de guerre en Afghanistan, il est tombé amoureux de l'ouest américain :
" Telluride est le seul endroit où je puisse vivre aux Etats Unis" [...] " C'est encore relativement isolé et on ne se sent pas coincé par la réalité de la vie américaine..."
"Tout autour de nous, la beauté et le mystère oscillent et changent, ils prennent des formes toujours plus étranges et incroyables...ouvrez grands les yeux. "
Voilà, mais, c'était en 1973 ...

Depuis, Telluride est une station de ski huppée qui organise un festival de cinéma très élégant.

Heureusement, il nous reste les écrits de ces quelques doux-dingues, ces êtres éternellement purs, qui marchent la tête dans les étoiles.
Schultheis est de ceux-là. Mais, il est avant tout un témoin de son temps.
Aussi, entre deux rêveries nées de la magie de l'instant, ce livre fait figure de chronique historique, géologique ou encore culturelle.
Ainsi va-t-on cheminer du monde disparu de la mine au domaine musical par exemple.
Partant de la nuit des temps, du psaume indien, il partage sa réflexion sur l'évolution de la musique à travers les âges pour en arriver à présenter XIT, qui mélange les rythmes tribaux traditionnels avec une dose de country, de western et de hard rock...

Hétéroclite donc ce récit.
En longeant les cascades de Turkey Mesa, c'est une pensée de Tolstoï qui lui vient à l'esprit...
Ou encore un petit tour dans les Rocheuses et on s'en va !

Un auteur aux multiples talents, sensible à la beauté de la nature mais aussi à la poésie sans frontières : il a traduit en anglais des poèmes d'Hakim Sana'i, un poète afghan très célèbre en orient.

Et, par ce livre nature writing, il partage tout simplement ses passions pour offrir un ouvrage bien écrit, vivant, agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          150
L'Ouest c'est un territoire sauvage dont les limites sont floues, surtout pour un petit Français qui n'a jamais mis les pieds aux États-Unis. C'est grâce à Rob Schultheis et son intrigant roman qu'on débute un périple dans ce grand Ouest, attirant aujourd'hui touristes mais qui fut un espace déserté et laissant la nature aux commandes.

Car en 1973, Rob Schultheis a fait ce choix de retour à la nature : il est passé à la banque, a retiré ses économies et est parti avec son baluchon en minibus, direction Telluride dans le Colorado.
On est encore loin de ces villes en pleine croissance et Telluride fait figure de petite ville minière encore retirée du monde. Et si je vous dis que là-bas vivent les loups et grizzlys et que seules quelques familles s'aventurent à peupler les lieux, vous me suivez?

Car à Telluride (surnommée Tell you ride par Schultheis) on sait d'emblée qu'on va à l'aventure, qu'on part pour la débrouille, que lorsqu'il y a grand froid tous les habitants sont frigorifiés, lorsqu'il fait trop chaud les lacs s'assèchent et rendent la vie impossible. On a peine à croire que la population locale est tout à fait dépendante au temps et pourtant ! C'est les yeux exorbités qu'on lit les pages narrant toutes les avalanches qui ont cours dans la région, recouvrant routes et hommes. Cela semble tout bonnement incroyable d'assister à de tels déferlements, à de telles coulées de neige et pourtant c'est monnaie courante là-bas. Mais Telluride réserve aussi de bien belles surprises comme les castors, ouvriers infatigables travaillant à monter des barrages dans la région. La description de ces petites bêtes organisées nous fait chaud au coeur et c'est l'incompréhension lorsqu'on voit qu'avec l'installation de frais retraités c'est le déplacement de familles entières de ces castors qui font "tâche" avec le paysage local en changement.

Car même si l'auteur met l'accent sur l'Ouest à l'époque de son emménagement, on ne peut s'empêcher de regarder trente ans plus tard ce qu'est devenue "sa" ville. C'est maintenant une destination de villégiature pour les riches skieurs venus d'ailleurs. On est pas loin du rêve américain mais celui-ci ne parait pas sensé. En effet, tous ceux qui pensent y trouver un achèvement vers le bien-être, une retraite paisible et cosy, sont bien loin de la vérité. Qu'ils sont drôles ces expatriés qui croient révolutionner l'Ouest en essayant de le conquérant par l'argent : en tentant d'acheter des propriétés, de déloger les vieilles croyances (fantômes entre autres). Mais n'est-ce pas cela justement l'Ouest? Cet étrange mystère qui perdure alors que personne n'y a prise et ceux qui se lancent dans l'investissement sont ceux qui ont le moins de chance de durer dans l'Ouest.

Il est assez incroyable ce livre ! Normalement cela n'aurait pas dû être ma tasse de thé mais j'ai adoré sa manière d'aborder sa région, sa ville ; on sent qu'il l'aime son Ouest. de sa première installation de fortune dans un petit cabanon laissant passer toutes les intempéries à son retour après une expédition digne des plus grands road trips, on suit les pérégrinations de Schultheis avec délectation. C'est une suite de petites chroniques sur l'Ouest, sur la nature, les animaux et sur tous ces personnages que l'on ne voit que dans les films : quelques cow-boys, des indiens...
Merci Monsieur Schultheis pour cette vision inimitable de l'Ouest ! Il nous parait bien indomptable et c'est justement ce peu d'emprise qui nous le rend si cher et surprenant.

Et lisez la page 100 que je ne peux dévoiler ici où j'ai eu un fou rire mémorable. Une anecdote sur une bestiole avec une chute absolument géniale ! C'est ça du Schultheis : il a le don de nous raconter la nature comme aucun autre. C'est flamboyant, c'est parfois sublimement ingénieux... voilà ce qu'est l'Ouest, alors embarquez pour Telluride !
Commenter  J’apprécie          30
Décidemment Gallmeister est le seul éditeur où je ne suis jamais déçue. L'auteur, parti s'installer à Telluride, nous décrit la transformation d'une petite bourgade de vrais montagnards en grande station de ski huppée. Sous forme de chroniques, des histoires de vie en haute altitude avec de beaux sauvetages d'écologie et de faune. Les pages sur les castors sont mémorables. L'homme, avec sa suffisance, après avoir fait disparaître les castors, les réintroduit pour reconstruire ce qu'il a déconstruit et qui compromet l'écosystème. Pour tous les amoureux de montagne, de la nature, des grands espaces, de Edward Abbey.
Commenter  J’apprécie          150
L'auteur

ROB SCHULTHEIS est né aux États-Unis mais a passé une grande partie de son enfance en Extrême-Orient. Il a longtemps été correspondant de guerre en Afghanistan, où sa tête à d'abord été mise à prix par le KGB avant de l'être par les Talibans. Alpiniste renommé, il est l'auteur de plusieurs classiques sur l'Ouest américain et vit depuis plus de trente ans à Telluride, dans le Colorado.



"C'est pas parce que ça s'est jamais passé que c'est pas vrai."



Comme vous ne le savez sans doute pas plus que moi en démarrant ce récit, Telluride se situe dans les San Juan Mountains du Colorado, à près de 3000 mètres d'altitude. Tout au sud, se trouve "l'endroit le plus bête jamais consacré: le Four Corners National Monument, le seul lieu où quatre états se rejoignent en un même point." (...) Là-bas s'étend l'Arizona : grès, sable et broussailles.Là, le Nouveau -Mexique : grès, sable et broussailles. Et par là, l'Utah : g,s et b. Par là enfin, le Colorado... bon, vous voyez le tableau."



Un personnage hors du commun, ce Rob Schultheis, qui serait le dernier occidental à avoir vu intacts les fameux Bouddhas de Bamiyan... Rien que ses aventures en Afghanistan, ça doit être passionnant, mais ce n'est pas le sujet du récit!



Là il brosse un portrait fort vivant du passé de Telluride, avec ses aventuriers, ses prostituées, ses mineurs, puis du Telluride qu'il a connu à son arrivée en 1973 (dans un vieux minibus Volkswagen...) et son évolution au fil des ans. Personnages hauts en couleur, aventures tragiques ou quasiment incroyables, luttes contre certains investisseurs ou nouveaux riches qui veulent détruire l'âme du lieu se suivent en brefs chapitres non dépourvus d'humour, d'autodérision et souvent d'émotion. Schultheis sait aussi magnifiquement peindre la montagne, le climat disons "caractériel" du coin, ses dangers (récits d'avalanches, à couper le souffle), sans oublier les canyons à descendre en radeau ou une évocation du désert que ne renierait pas Edward Abbey."Une immense plate-forme minérale sillonnée de mystères, avec ses trésors perdus, ses secrets voilés, ses sortilèges enterrés. Au fond des plis et replis de ces origamis de roche et de sable, il y a encore des mesas qui n'ont pas été encore arpentés, des jardins suspendus de dalles rocheuses que personne n'a jamais explorés, des habitations creusées dans les falaises jamais recensées parce qu'elles se cachent sur de sombres corniches."



Évitant parfaitement l'écueil du "c'était mieux avant", il donne l'impression de rester bien debout sur le pont, "la lutte continue!"



"Ceux qui, comme moi se sont installés à Telluride dans les années 70, y sont venus pour la montagne. Pour la montagne et pour tâcher de se construire un vie à la hauteur de ses cimes. Partisans de la vie en communauté, poètes, alpinistes, fous de ski, visionnaires, le fait que nous ayons la plupart du temps échoué n'a en rien diminué ni détruit la force de nos rêves de départ. Mais les immigrés de la vague suivante, quand Telluride a commencé à être davantage connue, plus "branchée", étaient différents. Oh, bien sûr, ils continuaient à parler montagne: la splendeur de la montagne, l'originalité unique de la ville, la nature intacte dans le comté de San Juan. Des mots, des mots, surtout du vent. En fait, pour le plupart, ils l'avaient rarement senti sur leurs joues, le vent! Agents immobiliers véreux, "promoteurs", investisseurs, escrocs de tous poils, styles et confessions."
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
Commenter  J’apprécie          50
« Telluride est une importante station de ski au Colorado, connue pour son festival de cinéma. 2 200 habitants. » (Wikipédia)

Journaliste risque tout, revenu de tout, Rob Schulteis est aussi à l'aise en Iraq ou en Afghanistan que chez lui, dans le Colorado. C'est un amoureux de la nature et un aventurier au coeur noble. Ses études terminées, il monte dans son van et part pour Telluride, un minuscule village perché dans les Rocheuses à 3400 m d'altitude, à la fois repère de hippies et tombeau pour mineurs. Il y vit toujours aujourd'hui. Témoin de son époque, il assiste impuissant à l'invasion récente des touristes aisés et des stars. de faux amoureux de la montagne, médiocres, qui la défigurent pour la faire correspondre à l'image qu'ils s'en font.

Mais ça ne l'empêchera pas de vivre, Rob Schulteis. Cette montagne que certains ne font qu'effleurer, si belle et si dangereuse, il s'y mesure régulièrement et partage avec elle des moments plus précieux que l'or. Tout comme ces hommes et ces femmes de Telluride, dont il raconte les histoires incroyables, tout au long de ce magnifique récit. Un livre régénérant.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Au temps de la mine, les avalanches signifiaient la mort certaine des mineurs qui logeaient dans des campements et des baraquements situés bien au-dessus des limites de la forêt, sur des pentes escarpées, sans abri, sans voie de secours possible.
Les avalanches peuvent donner naissance à des vents chargés de neige qui filent à plus de deux cents miles par heure.
Les gens suffoquent tant la pression est élevée, mâchoires béantes, pour tenter de respirer.
Les flocons soulevés par le vent emplissent leur poumons, les étouffent puis prennent comme du ciment.
On découvre les victimes avec de la neige qui s'échappe d'entre leurs lèvres et leurs dents, poussant un dernier hurlement silencieux.
Pris entre les tourbillons de flocons et les plaques de neige, les corps se tordent tellement que leurs têtes semblent montées à l'envers et que leurs membres contorsionnés suivent des angles invraisemblables.
-(Région de Telluride ) p 215.
Commenter  J’apprécie          70
Les toponymes, dans cet endroit perdu au milieu de nulle part, sont révélateurs des caprices de la géologie. Paradox Valley, par exemple, est une longue vallée encaissée, bordée des deux côtés par des falaises hautes de plusieurs centaines de pieds. On s'attendrait à ce qu'y coule un torrent? Ou même une rivière? Eh bien non. Rien ne coule au milieu de Paradox. Il faut dire qu'elle n'a pas été formée comme une vallée ordinaire ; elle est apparue à la place quand un vaste gisement de sel s'est effondré sous les strates de grès. C'est en tout cas ce que racontent les géologues.
Commenter  J’apprécie          70
.
[...] il y a une voix silencieuse dans la nature sauvage que l'on ne peut entendre que si l'on est seul [...]
Commenter  J’apprécie          230
C’est en 1973 que j’ai pris mon baluchon pour aller m’installer dans les San Juan Mountains, pratiquement à l’endroit où le Colorado, l’Utah, le Nouveau-Mexique et l’Ari­zona se rejoignent. Telluride, Colorado : 8 750 pieds et des poussières au-dessus du niveau de la mer, perchée au fond d’une vallée encaissée tout là-haut. Au plus profond du cœur déchi­queté des Rocheuses.

Commenter  J’apprécie          40
La forêt a des senteurs vieilles de centaines de milliers d'années ,des odeurs immémoriales.

Nous avons hérité de ces trésors de l'ère glaciaire.
Commenter  J’apprécie          60

>Géographie générale>Géographie de l'Amérique du Nord>Géographie : Ouest des USA (17)
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (78) Voir plus



Quiz Voir plus

Nature writing

Quel philosophe est considéré comme le fondateur du Nature writing?

Ralph Waldo Emerson
Henry David Thoreau
Benjamin Franklin

10 questions
97 lecteurs ont répondu
Thèmes : nature writing , écologie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}