L'auteur
ROB SCHULTHEIS est né aux États-Unis mais a passé une grande partie de son enfance en Extrême-Orient. Il a longtemps été correspondant de guerre en Afghanistan, où sa tête à d'abord été mise à prix par le KGB avant de l'être par les Talibans. Alpiniste renommé, il est l'auteur de plusieurs classiques sur l'Ouest américain et vit depuis plus de trente ans à Telluride, dans le Colorado.
"C'est pas parce que ça s'est jamais passé que c'est pas vrai."
Comme vous ne le savez sans doute pas plus que moi en démarrant ce récit, Telluride se situe dans les San Juan Mountains du Colorado, à près de 3000 mètres d'altitude. Tout au sud, se trouve "l'endroit le plus bête jamais consacré: le Four Corners National Monument, le seul lieu où quatre états se rejoignent en un même point." (...) Là-bas s'étend l'Arizona : grès, sable et broussailles.Là, le Nouveau -Mexique : grès, sable et broussailles. Et par là, l'Utah : g,s et b. Par là enfin, le Colorado... bon, vous voyez le tableau."
Un personnage hors du commun, ce
Rob Schultheis, qui serait le dernier occidental à avoir vu intacts les fameux Bouddhas de Bamiyan... Rien que ses aventures en Afghanistan, ça doit être passionnant, mais ce n'est pas le sujet du récit!
Là il brosse un portrait fort vivant du passé de Telluride, avec ses aventuriers, ses prostituées, ses mineurs, puis du Telluride qu'il a connu à son arrivée en 1973 (dans un vieux minibus Volkswagen...) et son évolution au fil des ans. Personnages hauts en couleur, aventures tragiques ou quasiment incroyables, luttes contre certains investisseurs ou nouveaux riches qui veulent détruire l'âme du lieu se suivent en brefs chapitres non dépourvus d'humour, d'autodérision et souvent d'émotion. Schultheis sait aussi magnifiquement peindre la montagne, le climat disons "caractériel" du coin, ses dangers (récits d'avalanches, à couper le souffle), sans oublier les canyons à descendre en radeau ou une évocation du désert que ne renierait pas
Edward Abbey."Une immense plate-forme minérale sillonnée de mystères, avec ses trésors perdus, ses secrets voilés, ses sortilèges enterrés. Au fond des plis et replis de ces origamis de roche et de sable, il y a encore des mesas qui n'ont pas été encore arpentés, des jardins suspendus de dalles rocheuses que personne n'a jamais explorés, des habitations creusées dans les falaises jamais recensées parce qu'elles se cachent sur de sombres corniches."
Évitant parfaitement l'écueil du "c'était mieux avant", il donne l'impression de rester bien debout sur le pont, "la lutte continue!"
"Ceux qui, comme moi se sont installés à Telluride dans les années 70, y sont venus pour la montagne. Pour la montagne et pour tâcher de se construire un vie à la hauteur de ses cimes. Partisans de la vie en communauté, poètes, alpinistes, fous de ski, visionnaires, le fait que nous ayons la plupart du temps échoué n'a en rien diminué ni détruit la force de nos rêves de départ. Mais les immigrés de la vague suivante, quand Telluride a commencé à être davantage connue, plus "branchée", étaient différents. Oh, bien sûr, ils continuaient à parler montagne: la splendeur de la montagne, l'originalité unique de la ville, la nature intacte dans le comté de San Juan. Des mots, des mots, surtout du vent. En fait, pour le plupart, ils l'avaient rarement senti sur leurs joues, le vent! Agents immobiliers véreux, "promoteurs", investisseurs, escrocs de tous poils, styles et confessions."
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