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Critique de nadejda


« Toucher le coeur des hommes » réunit 53 articles dont seul 20 sont inédits, les autres ayant déjà été publiés dans deux ouvrages aux Éditions Payot : « Loin de New York » et « Où est la terre des promesses ? »
J'ai apprécié que ces textes soient regroupés en suivant la chronologie des déplacements de l'auteur de Berlin en Afghanistan, en passant par la Perse, les États-Unis, les petits états Baltes et la Suède, la Russie etc…
Quand on sait qu'Anne-Marie Schwarzenbach a écrit plus de 300 articles en dix ans accompagnés par de très belles photos qui venaient les illustrer ce volume ne représente qu'une petite partie de son travail mais permet de l'apprécier. Des photos d'Afghanistan sont visibles sur internet : commons.m.wikimedia.org

Quel que soit le lieu où elle se rend ce sont avant tout les rencontres et les conditions de vie des gens les plus démunis qui la retiennent et qu'elle s'emploie à décrire avec empathie et dénoncer : petits blancs et noirs aux Etats-unis femmes, en particulier en Afghanistan.

Ce qui me frappe quand je regarde son visage c'est une espèce d'absence, d'éloignement, elle est là et déjà ailleurs, il s'y révèlent une grande douceur, une fragilité et pourtant à la lecture de ses articles apparaissent une détermination et une acuité d'observation qui montrent qu'en elle réside aussi une grande force.

Cette jeune femme inquiète devant la montée du nazisme qu'elle rejette, s'est lancée dans une fuite éperdue à travers plusieurs continents par amour de la vie, se rebellant contre les forces mortifères qui gagne l'Europe tout en désirant se retrouver elle-même, déchirée qu'elle est entre sa riche famille Zürichoise qui penche vers Hitler et elle qui s'y oppose.

C'est en cela que ses textes, qui nous permettent d'éclairer notre présent, m'ont retenue avec une préférence pour ceux qui accompagnent son périple en compagnie d'Ella Maillart vers l'Afghanistan. Ces derniers m'ont semblé moins journalistiques, ils sont même parfois empreints d'une grande poésie peut-être parce que le monde s'assombrissant de plus en plus, il lui faut en exprimer la beauté. le temps presse. Elle sent sans doute aussi que le temps qui lui est imparti est compté.

Comment rester insensible à ce poignant cri du coeur qui même s'il reste dissimulé, s'exprime parfois au détour de certains de ces articles :
« Ô tendresse, silence, immortel désir ! (…) aujourd'hui, il s'agit d'écrire, d'apaiser un coeur rétif. N'as-tu pas vu des villes emplies de merveilles, et des vallées au charme austère ? Es-tu faible, lâche, es-tu misérable indigent qui vit d'aumônes ? Ne sais-tu pas que l'homme ressemble à son Dieu, et à lui seul, et qu'il peut capter dans les ondes du néant des sons qui émeuvent les coeurs, et voir des couleurs plus belles et plus délicates que tous les rêves, et inventer des lignes d'élégance, et dresser des autels de lumière et de feu ? Qu'il peut vivre sans espoir, être courageux, et arracher sa prière au gouffre terrifiant de sa solitude ? » p 295 le voyage à Gazni
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