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EAN : 9782228921282
300 pages
Payot et Rivages (02/05/2018)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Toucher le cœur des hommes: tel est, selon Annemarie Schwarzenbach, le désir profond de tout écrivain. La cinquantaine de textes publiés ici couvrent les dix dernières années de sa vie. Parmi eux figurent, dans une traduction révisée, les reportages de Loin de New York et de Où est la terre des promesses ?,mais aussi vingt inédits sur le Proche-Orient, les Pays baltes, la Scandinavie et les États-Unis. L'écrivain raffiné s'y révèle une femme de terrain, libre, défen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Toucher le coeur des hommes » réunit 53 articles dont seul 20 sont inédits, les autres ayant déjà été publiés dans deux ouvrages aux Éditions Payot : « Loin de New York » et « Où est la terre des promesses ? »
J'ai apprécié que ces textes soient regroupés en suivant la chronologie des déplacements de l'auteur de Berlin en Afghanistan, en passant par la Perse, les États-Unis, les petits états Baltes et la Suède, la Russie etc…
Quand on sait qu'Anne-Marie Schwarzenbach a écrit plus de 300 articles en dix ans accompagnés par de très belles photos qui venaient les illustrer ce volume ne représente qu'une petite partie de son travail mais permet de l'apprécier. Des photos d'Afghanistan sont visibles sur internet : commons.m.wikimedia.org

Quel que soit le lieu où elle se rend ce sont avant tout les rencontres et les conditions de vie des gens les plus démunis qui la retiennent et qu'elle s'emploie à décrire avec empathie et dénoncer : petits blancs et noirs aux Etats-unis femmes, en particulier en Afghanistan.

Ce qui me frappe quand je regarde son visage c'est une espèce d'absence, d'éloignement, elle est là et déjà ailleurs, il s'y révèlent une grande douceur, une fragilité et pourtant à la lecture de ses articles apparaissent une détermination et une acuité d'observation qui montrent qu'en elle réside aussi une grande force.

Cette jeune femme inquiète devant la montée du nazisme qu'elle rejette, s'est lancée dans une fuite éperdue à travers plusieurs continents par amour de la vie, se rebellant contre les forces mortifères qui gagne l'Europe tout en désirant se retrouver elle-même, déchirée qu'elle est entre sa riche famille Zürichoise qui penche vers Hitler et elle qui s'y oppose.

C'est en cela que ses textes, qui nous permettent d'éclairer notre présent, m'ont retenue avec une préférence pour ceux qui accompagnent son périple en compagnie d'Ella Maillart vers l'Afghanistan. Ces derniers m'ont semblé moins journalistiques, ils sont même parfois empreints d'une grande poésie peut-être parce que le monde s'assombrissant de plus en plus, il lui faut en exprimer la beauté. le temps presse. Elle sent sans doute aussi que le temps qui lui est imparti est compté.

Comment rester insensible à ce poignant cri du coeur qui même s'il reste dissimulé, s'exprime parfois au détour de certains de ces articles :
« Ô tendresse, silence, immortel désir ! (…) aujourd'hui, il s'agit d'écrire, d'apaiser un coeur rétif. N'as-tu pas vu des villes emplies de merveilles, et des vallées au charme austère ? Es-tu faible, lâche, es-tu misérable indigent qui vit d'aumônes ? Ne sais-tu pas que l'homme ressemble à son Dieu, et à lui seul, et qu'il peut capter dans les ondes du néant des sons qui émeuvent les coeurs, et voir des couleurs plus belles et plus délicates que tous les rêves, et inventer des lignes d'élégance, et dresser des autels de lumière et de feu ? Qu'il peut vivre sans espoir, être courageux, et arracher sa prière au gouffre terrifiant de sa solitude ? » p 295 le voyage à Gazni
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15 novembre 1942: Annemarie Schwarzenbach meurt des suites de blessures provoquées par une chute malencontreuse à vélo. Elle avait à peine 34 ans. Malgré cette mort prématurée, cette jeune femme journaliste, écrivaine et aventurière dans l'âme, a laissé à la postérité, en une petite dizaine d'années, un nombre non négligeable d'articles et de récits de ses voyages. Toucher le coeur des hommes propose vingt reportages inédits ainsi que trente-trois reportages déjà publiés, tirés de deux de ses oeuvres, Loin de New York et Où est la terre des promesses?

Toucher le coeur des hommes se présentent donc comme un série d'articles écrits par Annemarie Schwarzenbach et publiés entre 1932 et 1941 dans différents journaux suisses pour lesquels elle travaillait. L'ouvrage est divisé en deux parties; une plus accès sur ses voyages en Occident et l'autre tournant son regard vers l'Orient.

Malgré son jeune âge, Annemarie, a, dès 1932, un regard très lucide sur son temps et son époque. Ses voyages sont l'occasion pour elle d'observer les gens, les petits gens surtout. Elle y découvre l'envers du décor, le quotidien des familles, des travailleurs, l'évolution des villes et villages. Elle dépeint sans fioriture et avec grand réalisme la vie des peuples en Occident et Orient. Son style est doux, féminin mais ne tombe jamais dans la mièvrerie. Quelques envolées lyriques et moments de contemplation des paysages et de la nature amoindrissent le style assez documentaire de l'ensemble, donnant une certaine touche d'originalité comme un marque du style de l'auteur.

Toutefois je n'ai été que moyennant convaincue par cette série de reportages. Autant j'ai trouvé la partie consacrée aux États-Unis très intéressante voire passionnante (j'ai beaucoup pensé au photographe Walker Evans et à sa série de photos montrant l'Amérique de la Grande Dépression) autant la partie dans les pays baltes et l'Afghanistan assez ennuyeuse. Mais cet ennui a uniquement été provoqué par mon manque d'intérêt pour ces régions du monde et n'enlève en rien à la qualité du texte. Tout est question de goût…


La vocation de Toucher le coeur des hommes n'étant certainement pas d'être un ouvrage universel pouvant plaire à tous, il « touchera » un certain lectorat bien défini, celui qui s'intéresse aux récits de voyages et qui recherche un style journalistique. Cette série de reportages peut toutefois être une bonne introduction pour découvrir cette jeune écrivaine qui nous a quitté trop tôt.
Lien : https://www.uneplumesurunpar..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La première fois que j'ai vu l'Hindou Kouch, j'arrivais par le nord de la plaine torride du Turkestan. J'ai franchi ses cols historiques, qui sont sublimes. Et ce que j'ai eu envie d'écrire ensuite, c'est un hymne, pas autre chose qu'un hymne. Un hymne à son nom, car les noms sont plus que des désignations géographiques, ils sont musique et couleur, rêve et souvenir, ils sont le mystère, la magie - et loin d'être une expérience décevante, c'est merveille que de les retrouver un jour, nimbés d'éclat et d'ombre, enveloppés de feu et de la cendre froide de la réalité. Pamir, Hindou Kouch, Karakorum .....
Si je suis partie, c'est non pas pour apprendre la peur (1). mais pour vérifier le contenu des noms, pour éprouver leur magie dans mon corps, comme on sent entrer par la fenêtre ouverte la force merveilleuse du soleil qu'on a vu longtemps se refléter sur les collines lointaines et les prairies humides de rosée. p 236-237
(1) Allusion au conte de Grimm "Histoire de celui qui s'en alla apprendre la peur."
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J'ai aussi goûté à Hérat plus de quarante variétés de raisin, sucré, âpre, avec des grains de toutes les couleurs, à la peau très fine, jusqu'aux raisins dorés et ronds qu'ils appellent là-bas le raisin royal, et j'ai passé des nuits d'août caniculaires à l'ombre des minarets gigantesques parés de flamboyantes couleurs. Même le souffle ininterrompu du vent du Nord, semblable à une mer déferlante, loin de dispenser la moindre fraîcheur, apportait avec lui le sable brûlant des déserts du Turkestan.
Je n'ai pas appris grand-chose de nouveau, mais j'ai tout vu, tout vécu dans ma chair - et au coeur même des contrées désertiques du Lataband, je n'ai ressenti que la douleur figée des adieux.
p 212
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Je jette un coup d'oeil dans la piéce : une table, deux fauteuils à bascule, un grand lit en fer et un objet long peint en jaune que j'identifie d'abord comme un cercueil et ensuite comme une baignoire. "C'est mon cercueil, explique le vieux, qui a suivi mon regard. Je l'ai fait peindre avec une peinture étanche pour pouvoir l'utiliser comme baignoire en attendant." p 91
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Force est pourtant de constater ce curieux phénomène: même « sur commande », l’écrivain ne fournit pas le livre, l’article, le poème que les calculs désignent comme le plus apte à plaire à l’éditeur et au public, celui qui de ce fait lui rapporterait le plus d’argent. Il écrit sur ce qui le touche et sur ce qu’il pense pouvoir toucher le cœur des hommes.
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Vidéo de Annemarie Schwarzenbach
Vidéo de l'exposition des autoportraits. Musée Berardo, Lisbonne, 2010/
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