Toxique

128 pages seulement et une terreur qui monte très haut. L'argentine Samanta Schweblin, jusqu'alors connue pour son talent d'auteure de nouvelles (Des oiseaux plein la bouche) frappe fort avec Toxique, un roman certes très court mais ô combien traumatisant d'autant que l'on ne connait pas l'origine des événements qui sont relatés (mais on les devine). le livre est conçu comme le dialogue entre une femme qui va mourir et un très jeune garçon, qui n'est pas son fils mais celui d'une amie, alors qu'elle-même est mère d'une petite fille qui semble avoir disparu. le récit de cette agonisante est sans cesse relancé par les questions de son interlocuteur qui la recadre, voulant absolument lui faire dire un certain nombre de choses. le livre ressemble à une sorte de cauchemar fantastique dans un environnement pollué par les épandages de produits chimiques dans un village où tous les enfants semblent malades. Samanta Schweblin fait preuve de beaucoup de maîtrise pour maintenir le suspense dans ce climat d'horreur avéré. Rien n'y est dit clairement pourtant, et ce jusqu'à la fin, si ce n'est que notre monde court à sa perte s'il continue dans cette voie. Comme l'indique à juste titre sa quatrième de couverture, Toxique est un roman magnétique, obsessionnel et vertigineux. Opaque, aussi, dans sa narration. Mais le message, lui, est clair, et il y a urgence.





This one will not be for everyone, but it flows very quickly,
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Tout commence comme un interrogatoire. C'est une enquête qui nous raconte l'histoire de Carla et son fils David, ainsi qu'Amanda et sa fille Nina. Ce sont deux expériences, deux moments du passé qui sont actualisés dans un dialogue à la fois mystérieux et angoissant. Amanda et Nina emménagent le temps d'une pause estivale dans la maison à côté de celle de Carla. La première partie raconte l'intoxication ou la contamination dont est victime David et ses conséquences. La seconde histoire raconte celle de Nina et Amanda en tentant de remonter à la source du « poison ». Avec ces deux temporalités passées et incertaines, basées seulement sur les souvenirs d'Amanda, mourante et de David, schizophrène, l'auteure arrive à rendre avec brio le mélange de superstitions et de fausses informations dont sont victimes les Argentins dans les campagnes face aux substances polluantes utilisées pour l'agriculture et l'élevage et leurs dangers pour la santé.
J'ai beaucoup aimé : je lirai avec plaisir les prochains ouvrages de cette auteure.

Un roman très court ou peut-être plutôt une longue nouvelle, écrite comme le délire fiévreux d'une femme alitée et confuse, qui tente de se remémorer les événements qui l'ont conduite jusque-là. L'histoire est un peu difficile à suivre par moment, mais j'imagine que c'était l'effet recherché. Je n'ai pas été impressionnée par l'écriture (ou la traduction), mais la construction du récit et l'ambiance sont vraiment réussies et rendent le mystère captivant. J'ai tout lu d'un trait!

Le roman frôle le récit d'anticipation et le fantastique, mais traite surtout de maternité. Il y est question des mères qui, malgré leur vigilance soutenue et toutes leurs incessantes inquiétudes, ne parviennent jamais à protéger leurs enfants, puisque les dangers sont partout et bien souvent invisibles. le monde finit immanquablement par "contaminer" les enfants. C'est un thème intéressant, exploité de façon originale. Je crois que je m'attendais à un peu plus, parce que j'avais entendu beaucoup de commentaires positifs, mais j'ai tout de même bien apprécié ma lecture.

Voilà un très court roman d'une profonde intensité, qui sait prendre aux tripes de qui est sensible au thème abordé.
Dans une sorte de brouillard, Amanda et David discutent, l'un cherchant à faire comprendre quelque chose d'important à l'autre qui semble aveuglée et partiellement amnésique.
Amanda et sa jeune fille Nina sont arrivées un peu plus tôt dans ce village argentin, isolé au milieu des cultures intensives. Elles y font la connaissance de leur voisine Clara, mère du jeune David, qui semble perdue, bouleversée. Celle-ci commence à raconter l'accident qui a conduit à l'incendie de son écurie, et ce qui semble être arrivé à son fils. Ce village qui aurait pu être joli recèle un mal s'insinuant inexorablement au sein des familles.
Viscéral, ce roman aborde le lien mère-enfant tel un fil enserrant les entrailles, cette distance de sécurité qui fait s'alerter le parent quand l'enfant semble trop loin, exposé à un potentiel danger.
A mi chemin entre nouvelle et roman, cette novella est servie par une écriture très efficace immergeant très rapidement dans la situation et faisant ensuite monter encore la tension. Une certaine noirceur dans cette histoire peut mettre mal à l'aise vu le sujet abordé; mais pour 14€ les 120 pages on est en droit d'attendre une oeuvre créant des ressentis

Le livre entier est un dialogue entre les personnages principaux, sans chapitres, sans narration. Un style particulier qui m'a séduit et rend l'énigme encore plus mystérieuse et étouffante. Je m'attendais à un retournement de situation vers la fin, et j'ai été d'abord déçu avant de comprendre réellement ce que souhaitait dénoncer l'auteur à travers cette fiction, et là toute la démarche a pris du sens !