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Critique de domreader


C'est le premier livre écrit par Leonardo Sciascia en 1956, j'ai hésité à employer le terme de ‘roman' car ce n'en est pas vraiment un. Ici l'auteur nous raconte l'histoire d'une petite ville sicilienne au nom fictif qui pourrait être proche de la ville où il est né près d'Agrigente et où il a été instituteur. Ce sont des chroniques à la fois historiques et contemporaines de la période où il y a exercé.

Il remonte jusqu'au 17ème siècle où le hobereau local régnait alors sur la région et se fit assassiner par un de ses valets. Ce noble avait en effet instauré des impôts qui se superposaient aux impôts féodaux déjà existants, en plus des droits de fermage et d'ensemencement de la terre ; ainsi les fermiers et les paysans de la bourgade se retrouvèrent dans une pauvreté noire. Plus tard rien ne s'améliora lors de la découverte de mines de sel et de soufre. de la même façon, les mineurs furent alors exploités avec des salaires si bas qu'ils ne pouvaient que subsister, et ce jusqu'à l'époque de Leonardo Sciascia.

C'est de cette bourgade ultra pauvre pendant des siècles que Leonardo Sciascia dresse une chronique où il n'épargne personne : ni les bourgeois qui passent leurs journées au cercle, ni les politiques dont les combines et les promesses ne servent qu'à faire avancer leurs carrières. Il ne cache pas non plus la collusion de ces derniers avec la mafia et la férule de l'église qui au mieux ferme les yeux et au pire est complice des manigances des uns ou des autres pour exploiter et soumettre le petit peuple des travailleurs, ces éternels floués.

Il décrit aussi les années passées à enseigner à ces enfants si misérables que l'école est bien la dernière de leurs préoccupations et qui y sont présents uniquement parce que sinon les carabinieri demandent des comptes à leurs parents. Ils étudient peu, tenaillés par la faim et grelottant de froid l'hiver. Sciascia raconte aussi les visites des inspecteurs complètement déconnectés de tous ces problèmes et prônant des méthodes si inadaptées qu'elles en sont cocasses. Enseigner tient de la mission impossible et Sciascia essaie simplement de ne pas être un fardeau supplémentaire pour ses élèves quitte à passer pour un faible dans un monde ou la pauvreté extrême n'engendre que brutalité et violence.

Le système est perverti depuis des siècles et c'est bien ce que veut démontrer Sciascia, il est immuable malgré des révoltes vite réprimées. Leonardo Sciascia en démonte patiemment et savamment tous les mécanismes non sans un humour parfois grinçant. Un livre intéressant, qui bien que paru en 1956, reste probablement encore d'actualité en Sicile par certains aspects.

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