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EAN : 9782070377541
320 pages
Gallimard (11/09/1986)
4.19/5   8 notes
Résumé :
Quatrième de couverture
Sciascia nous conte l'histoire de la petite bourgade dont il était l'instituteur dans les années cinquante. À sa manière concise, pleine d'humour, d'érudition ironique, de verve, il vit la vie de tous les jours en Sicile. Et nous voyons s'aggraver, de page en page, l'inextricable réseau de contradictions dans lequel se débat - sous la férule de ses deux grands exploiteurs, l'Église et la Mafia - le petit peuple des braccianti, ceux qui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est le premier livre écrit par Leonardo Sciascia en 1956, j'ai hésité à employer le terme de ‘roman' car ce n'en est pas vraiment un. Ici l'auteur nous raconte l'histoire d'une petite ville sicilienne au nom fictif qui pourrait être proche de la ville où il est né près d'Agrigente et où il a été instituteur. Ce sont des chroniques à la fois historiques et contemporaines de la période où il y a exercé.

Il remonte jusqu'au 17ème siècle où le hobereau local régnait alors sur la région et se fit assassiner par un de ses valets. Ce noble avait en effet instauré des impôts qui se superposaient aux impôts féodaux déjà existants, en plus des droits de fermage et d'ensemencement de la terre ; ainsi les fermiers et les paysans de la bourgade se retrouvèrent dans une pauvreté noire. Plus tard rien ne s'améliora lors de la découverte de mines de sel et de soufre. de la même façon, les mineurs furent alors exploités avec des salaires si bas qu'ils ne pouvaient que subsister, et ce jusqu'à l'époque de Leonardo Sciascia.

C'est de cette bourgade ultra pauvre pendant des siècles que Leonardo Sciascia dresse une chronique où il n'épargne personne : ni les bourgeois qui passent leurs journées au cercle, ni les politiques dont les combines et les promesses ne servent qu'à faire avancer leurs carrières. Il ne cache pas non plus la collusion de ces derniers avec la mafia et la férule de l'église qui au mieux ferme les yeux et au pire est complice des manigances des uns ou des autres pour exploiter et soumettre le petit peuple des travailleurs, ces éternels floués.

Il décrit aussi les années passées à enseigner à ces enfants si misérables que l'école est bien la dernière de leurs préoccupations et qui y sont présents uniquement parce que sinon les carabinieri demandent des comptes à leurs parents. Ils étudient peu, tenaillés par la faim et grelottant de froid l'hiver. Sciascia raconte aussi les visites des inspecteurs complètement déconnectés de tous ces problèmes et prônant des méthodes si inadaptées qu'elles en sont cocasses. Enseigner tient de la mission impossible et Sciascia essaie simplement de ne pas être un fardeau supplémentaire pour ses élèves quitte à passer pour un faible dans un monde ou la pauvreté extrême n'engendre que brutalité et violence.

Le système est perverti depuis des siècles et c'est bien ce que veut démontrer Sciascia, il est immuable malgré des révoltes vite réprimées. Leonardo Sciascia en démonte patiemment et savamment tous les mécanismes non sans un humour parfois grinçant. Un livre intéressant, qui bien que paru en 1956, reste probablement encore d'actualité en Sicile par certains aspects.

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Le style est très agréable, la société Sicilienne est décrite crument.
Ce n'est pas un roman, ce ne sont pas des chroniques, la lecture est agréable car de nombreuses touches d'humour sont présentes (le contexte étant assez lourd, j'ai apprécié le fait de pouvoir sourire!)
L'histoire de la cité (cité imaginaire, mais les faits contés sont réels dans une grande proportion) est décrite, tout comme les classes sociales, étudiées avec une précision chirurgicale.
Si vous souhaitez approfondir vos connaissance sur la Sicile ou la période, cet ouvrage est parfait.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Et quand je pensais qu'il y avait des paysans et des artisans de mon village, et de toutes les régions de l'Italie, qui s'en allaient mourir pour le fascisme, je me sentais rempli de haine. Ils y allaient parce qu'ils avaient faim. Je les connaissais. Il n'y avait pas de travail, et le Duce leur offrait le travail de la guerre. Ils étaient chargés d'enfants, désespérés; si cela allait bien, leur femme leur ferait trouver, à leur retour, trois ou quatre mille lires mises de côté; et le Duce les récompenserait bien avec une petite place d'huissier ou d'appariteur. Mais pour deux ou trois de mon village, la chose tourna mal, et ils restèrent en Espagne: ils moururent d'un coup de fusil en Espagne pour ne pas mourir de faim en Italie.
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Pendant la fête, le bourg s'entoure comme d'une auréole d'odeurs grasses, une auréole rissolée d'agneaux bien gras. Il y a de l'agneau dans toutes les maisons, il pénètre les vêtements d'une vapeur grasse, il appelle le vin, un vin rouge et épais. Pendant ces jours-là, la tâche des gamins, secrètement instruits par leurs mères, est de surveiller leurs pères, pour éviter qu'ils ne s'enivrent ou au moins pour les ramener à la maison quand ils sont gorgés de vin. C'est une fête pleine de bagarres, qui éclate en rouges colères, en une sensualité désespérée. Tout est excessif, désespéré; on se saoule pour rouler sous la table, on passe la nuit sans dormir, pour trébucher le lendemain d'un sommeil bourdonnant.
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Videos de Leonardo Sciascia (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Leonardo Sciascia
Le 1.10.2022, Hubert Prolongeau présentait “Actes relatifs à la mort de Raymond Roussel” de Leonardo Sciascia dans “Mauvais Genres” (France Culture).
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