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Critique de daniel_dz


Jean qui rit est aimable et bienveillant avec tous ceux que le bon Dieu met sur son chemin. Et ces gens deviennent des bienfaiteurs pour lui et sa famille, par la grâce de Dieu (encore Lui). Jeannot qui grogne est le personnage secondaire qui est juste là pour enfoncer le clou : si on tire la gueule, on s'attire le malheur. Amen ! Malgré tout, j'ai été pris par la lecture de ce livre d'un autre âge.

Voilà bien 45 ans que je n'avais plus ouvert un livre de la Comtesse de Ségur et j'avoue que le souvenir qui m'en restait était relativement léger. Je ne suis plus un enfant sage, Dieu merci, mais j'avais envie de me remémorer l'ambiance de ces classiques de mon enfance.

« Jean qui grogne et Jean qui rit » traînait sur une étagère de ma compagne, mon choix s'est ainsi porté sur ce volume-là. Ne me demandez pas à quel point il est représentatif de l'oeuvre de la Comtesse.

Soyons positifs: globalement, c'était un agréable moment de lecture. le dénouement est extrêmement prévisible, mais je reconnais que j'étais tout de même pris par l'histoire, curieux de voir comment se tracerait le chemin vers le bonheur, dans un paysage de bonté, de petites farces gentilles et bien sûr d'une dose de malheur pour rappeler que le monde est celui des chrétiens et pas celui des Bisounours. À cela s'ajoutait l'agrément du dépaysement d'un décor vieillot du XIXe siècle et bien entendu le petit plaisir de retrouver mon enfance, le temps de ces quelques heures de lecture.

Fondamentalement, le message que la Comtesse veut faire passer ici n'a pas vieilli. Bien au contraire, la bienveillance est un thème à la mode, à juste titre. Je suis convaincu que se montrer gentil, tolérant et bienveillant attire une réponse similaire, au bénéfice de tous. Bien souvent, ce que l'on pense être de la chance, est plutôt la conséquence d'un comportement positif et bienveillant.

Mais je suis un adulte du XXIe siècle et pas l'enfant du XIXe auquel la Comtesse destinait son histoire. Sans vouloir remettre le message en question, j'aurais préféré un texte inspirant alors qu'il m'est plutôt apparu comme du matraquage. Je commençais à sérieusement me lasser de voir Jean se mettre à genoux pour baiser les mains d'Abel, son bienfaiteur ! Je me suis d'ailleurs demandé si la Comtesse ne s'était pas elle-même lassée de décrire ces effusions, car elle a fini par pousser Abel à prier Jean d'arrêter de se comporter comme un enfant et de maîtriser ses émotions.

La fortune d'Abel lui permet d'apporter un bonheur matériel à Jean et à sa famille. On les voit heureux et reconnaissants, Abel passe donc pour un grand homme. Je ne doute pas de la profondeur de ses sentiments envers ceux qui bénéficient de ses largesses, qu'il distribue d'ailleurs avec une certaine discrétion. Mais malgré que tout le monde soit heureux, son attitude m'a un peu choqué. Il est un sorte de Pygmalion et, à froid, je n'ai pas aimé sa façon d'imposer ses vues, même si elles sont bonnes. Par exemple, on le voit mettre dans les mains de certains personnages les cadeaux qu'ils pourront offrir lors d'une noce. Ils en sont heureux, certes, mais ils ne les ont pas choisis. J'aurais préféré qu'il prenne le temps d'éduquer; le confort matériel et l'épanouissement personnel sont deux choses différentes. Autres temps, autres moeurs, peut-être.

Finalement, mais ce dernier commentaire est sans doute plus subjectif, j'ai été, comme je le suis toujours, irrité par la glorification de la souffrance propre à la tradition judéo-chrétienne.

La couverture de l'édition que j'ai lue était l'oeuvre des pinceaux du mouscronnois Marcel Marlier, connu comme illustrateur des aventures de Martine. Rien d'étonnant ! ;-)
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