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Critique de JBLM


Troisième et dernier livre de l'oeuvre la plus connue de la Comtesse de Ségur, après Les Malheurs de Sophie et Les Petites Filles Modèles, Les Vacances sont parfaitement lisibles de manière indépendante, sans avoir lu les précédents ouvrages. On assiste aux retrouvailles des familles cousines pour les vacances d'été, durant lesquelles d'importants événements ont lieu, à commencer par le retour de M. de Rosbourg et de Paul, que tout le monde croyait morts dans un naufrage.

A moins d'en faire la lecture au sein d'un milieu familial plutôt catho et bourgeois où la Comtesse de Ségur continue d'être une institution, encore aujourd'hui, ne serait-ce que pour apprendre à lire, l'oeuvre a assez mal vieilli, dans le sens où son intention première, à savoir l'éducation morale et religieuse des enfants, rencontre désormais un public extrêmement restreint. Loin de moi l'idée de reprocher à l'oeuvre, comme certains, de ne pas refléter les valeurs d'aujourd'hui, mais il faut simplement savoir dans quoi on entre. Il faut prendre le roman comme un objet historique, un témoignage du genre d'éducation qui était dispensé à la jeunesse de la bonne société française au XIXème siècle, et non plus véritablement comme un livre pour les enfants. La hiérarchie sociale est très stricte, et les catégories élevées traitent leurs inférieurs avec un paternalisme qui fait un peu sourire, mais c'est NORMAL à l'époque, les classes élevées considéraient qu'elles avaient un rôle d'assistance matérielle et morale envers les plus pauvres ; les indigènes qui recueillent les naufragés sont des « sauvages » à civiliser et à évangéliser, mais c'est NORMAL à l'époque, on considérait que c'était leur rendre service que de les sortir de la Préhistoire et de les sauver par la foi ; on brocarde les nouveaux riches qui font vulgairement ostentation du luxe auquel ils sont parvenus et finissent par retomber d'où ils sont sortis, mais c'est NORMAL à l'époque, on estimait qu'il y a une part d'héréditaire dans la transmission des valeurs, qui ne peuvent donc qu' être « copiées » très imparfaitement par ceux qui ne sont pas issus des classes aisées. Que celui qui pense que les livres d'enfants contemporains parfaitement dans l'air du temps seront encore lisibles selon le système de valeurs de la France du XXIIIème siècle jette la première pierre…

Alors il reste quand même quelques petites choses un peu dérangeantes, une fois que l'on a pris le contexte historique en compte : on ne me fera pas croire que M. de Rosbourg, aristocrate français, va aller enseigner à des indigènes qui ont toujours vécu sous ces latitudes tropicales comment fabriquer des huttes plus commodes ; on est submergé par la quantité de câlins échangés, de larmes versées, de bons sentiments répandus, c'en est presque pathétique ; les personnages transforment leur caractère après des discours moralisateurs d'à peine quelques lignes, en jurant d'être bon désormais. C'est sûr que l'on n'est pas sur un niveau de nuance et de complexité de niveau balzacien. Cela étant, malgré ce qui a été dit plus haut, rien n'empêche de sélectionner des chapitres bien précis, qui ne nécessitent pas forcément de lire le reste, pour accompagner la lecture des petits tout en la commentant avec eux. On évitera peut-être de multiplier les véritables sauvages de 7 ans qu'il m'arrive de croiser dans le tram, habitués à se faire servir par des parents hagards qui ne leur ont jamais rien inculqué et qui le payent.
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