De Zweig, on connaît les biographies magistrales, les nouvelles passionnées et le style toujours juste... Et l'homme derrière le génie littéraire ? Moi, je ne le connaissais pas et je suis contente d'avoir découvert quelques clés dans cette biographie romancée qui se concentre sur ses derniers mois passés en exil au Brésil en 1941-1942.
Profondément affecté par les atrocités nazies, la fin de son monde viennois bien-aimé et l'exil solitaire, il s'enfonce dans la dépression, entraînant avec lui Lotte, sa deuxieme femme, jeune et joyeuse, mais aussi malade et tragiquement amoureuse. Ne souhaitant pas faire de son écriture un combat politique ou un engagement, il perd peu à peu le goût d'écrire, et de vivre.
Les circonstances étaient suffisamment terribles pour expliquer cela, me direz-vous... Oui et non... Tous les intellectuels juifs ou exilés ne se sont pas suicidés, certains ont gardé espoir, d'autres ont voulu résister ou témoigner. Ainsi
Bernanos ou Feder ou
Jules Romains.
C'est là pour moi un des grands mystères de l'âme humaine : pourquoi certains basculent-ils dans le désespoir et d'autres pas ? Pourquoi bien avant la guerre Zweig était-il fasciné par le geste ultime de
Kleist ? Pourquoi le sourire de Lotte ne parvient-il pas à éclairer sa vie, maintenant qu'ils ont trouvé un refuge ? le livre ne répond pas à cette grande question, mais dépeint avec pudeur, sensibilité et justesse le malheur pesant, gris et infini de
Stefan Zweig, jusqu'à son voyage au veronal...
Au final, Les derniers jours de
Stefan Zweig sont sombres et parfois déprimants, mais aussi et surtout émouvants et intéressants.