Quand on m'a proposé de découvrir ce roman, j'ai été intriguée par la quatrième de couverture et je sentais que j'allais sortir de mes lectures habituelles. Étant ouverte et curieuse de nature, j'ai accepté de me laisser porter par ce récit que l'auteur qualifie de fantastique et d'anticipation.
Cette histoire débute dans le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui. Nous faisons la connaissance d'Axel, un professeur de guitare facétieux et sympathique, que j'ai d'ailleurs aimé suivre. Lorsqu'il décide de prendre un auto-stoppeur un vendredi d'août sur une aire de repos autoroutière, il ne se doute pas que sa vie en sera chamboulée à tout jamais. Quand, au fil de la conversation, Morgan demande à Axel quel serait le pouvoir spécial que ce dernier aimerait acquérir s'il rencontrait un génie, le professeur de guitare n'hésite pas un seul instant, il aimerait pouvoir voler. Un rêve auquel beaucoup d'entre nous avons déjà pensé. C'est alors que l'histoire prend un tournant fantastique. En effet, quelque temps plus tard, Axel découvre que soudainement, il peut s'élever dans les airs. On se doute par conséquent que cette rencontre fortuite n'était pas anodine et que nous serons amenés à retrouver Morgan, l'auto-stoppeur mystérieux.
Si à ce stade l'histoire peut paraître assez banale,
Jack Sellaire ne se contente pas de broder autour de ce super-pouvoir. Il construit un monde imaginaire en parallèle de celui que l'on connaît, en y intégrant des éléments de l'Histoire. Il aborde des thématiques actuelles telles que l'argent, le pouvoir, l'écologie, et imagine ce qu'il adviendra de la Terre dans plusieurs centaines, et même, milliers d'années. Réaliste dans ce que les humains se complaisent à détruire, le roman en devient peu à peu une dystopie.
« L'Homme a eu la bonne idée d'inventer son propre cancer : l'argent. »
La noirceur n'envahit pas le récit mais elle est apposée par touches dans les réflexions du personnage principal qui voit le monde évoluer, et malheureusement pas dans le bon sens.
« L'humain est trop intelligent pour être heureux, mais pas assez intelligent pour s'en rendre compte. »
Si l'histoire débute par un pouvoir idéaliste de liberté, elle se dénoue peu à peu dans un futur où le contexte écologique et humain n'est pas vraiment optimiste. Une réalité que l'on se complaît à occulter au quotidien et dans laquelle même l'Espoir finit par abdiquer. Mais attention, l'auteur n'en fait pas un roman sombre pour autant. Il met en exergue la tentative d'un peuple à sauver le monde, et même si certains abandonnent leur mission, la relève est assurée.
En bref, je suis heureuse d'avoir pu sortir de ma zone de confort en me plongeant dans ce roman qui est finalement à la lisière de l'idéalisme d'un côté et de la contre-utopie de l'autre. Un récit qui, par le biais de faits fantastiques, fait passer le message qu'il est important de se réveiller et de prendre davantage conscience que la Terre n'est pas inépuisable et que nos bêtises et entêtements égoïstes supplantent ses ressources. Sans se poser en donneur de leçon, l'auteur nous envoie dans un futur que nous n'aimerions pas connaître. En dépit des super-pouvoirs de ses personnages (qui exploitent toutes les capacités dont le cerveau serait peut-être capable), le destin semble difficile à redresser si les Hommes ne changent pas leur état d'esprit. Un roman qui n'est pas un coup de coeur pour moi, certainement en raison de la trame fantastique (et dont je ne suis pas forcément fan en règle générale, mais c'est très personnel), mais qui demeure intéressant par le message que l'auteur a voulu délivrer à travers cela. Je rajouterai que l'écriture de
Jack Sellaire est agréable et fluide et que malgré quelques petites coquilles par-ci par-là et quelques facilités, le roman se lit vraiment bien. Les amateurs du genre devraient l'apprécier !
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