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Citations sur La voisine du cinquième (53)

Personne n’accepterait de travailler pour rien. J’ai toujours respecté mes employeurs et je fais mon travail du mieux possible, mais je défends fermement mes droits, je n’accepte pas qu’on m’exploite. Le droit, c’est sacré, et l’injustice est une chose odieuse, la religion l’interdit. Si vous voulez m’aider, je ne vous demanderai qu’une chose. Une seule.”
Elle s’est tue et m’a fixé des yeux.
“Quoi donc ?
— Que vous teniez compte de ma situation.”
Elle était tellement gênée que sa lèvre inférieure s’est mise à trembler. C’était la première fois que je remarquais cela.
“Je sais que vous êtes un grand professeur et que je vous prendrai de votre temps. Vous méritez beaucoup, hélas ma situation ne me permet pas de vous payer des honoraires très élevés.”
J’ai vite opiné de la tête pour la rassurer. Toutefois, en repensant à la difficulté de la tâche qui m’était demandée, j’ai été pris d’une légère inquiétude.
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Elle estimait que la beauté naturelle de la femme se suffisait à elle-même. Et puis elle ne supportait pas de s’enduire de cosmétiques contenant des produits nocifs pour la peau. Malgré tout, elle daignait se maquiller légèrement de temps à autre, aux mariages, aux fêtes d’anniversaire, ou lorsque nous sortions dîner au restaurant, ou que nous allions au cinéma, ou à l’opéra, et parfois quand elle se sentait heureuse, ou que, pour quelque raison, elle était contente de moi.
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Il y avait aussi quelque chose auquel je ne me serais pas attendu de sa part. Je peux même dire que cela m’a choqué : elle s’est mise à prendre soin de son visage. Je ne me souvenais pas de l’avoir vue maquillée. Je n’imaginais même pas que cela soit possible, parce qu’en général, les femmes arabes de son âge ne se maquillent pas. À présent, elle dessinait ses sourcils, se fardait les yeux de khôl et allait jusqu’à se mettre un peu de rouge à lèvres. Il était fort probable qu’elle s’enduisait aussi le visage de crème cosmétique.
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Elle affichait une grande pudeur et s’efforçait d’être le plus naturelle possible. Mais j’étais certain qu’elle était consciente de ce qu’elle faisait et qu’elle savait que je percevais tous ces petits détails.
Au bout de quelque temps, les choses ont évolué : sa façon de s’habiller a changé. Bien sûr, Zohra se souciait de son apparence ; elle avait toujours des vêtements propres et décents. Mais j’ai remarqué que, de temps en temps, il lui arrivait de porter des tenues plus féminines – du moins c’est ce qu’il me semblait. Des vêtements qui, d’une certaine manière, mettaient en valeur ce qu’il subsistait des charmes de son corps.
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Après tout, quel mal y avait-il à être attiré par une femme d’un milieu social différent, et à ce que cette femme soit une employée de maison ? Et qu’est-ce que cela pouvait bien faire qu’elle soit tunisienne comme moi, mariée à un homme un peu excentrique à la retraite, avec un fils handicapé et sans travail ? Quant au fait qu’elle habitait le même immeuble que moi, cela ne me gênait aucunement. Au contraire, cela m’aidait à justifier ce qui m’arrivait à mes propres yeux : le fait de croiser une femme plusieurs fois par jour n’était-il pas à même de susciter en moi un intérêt pour elle, voire une attirance ?
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Je n’avais jamais eu de relation amicale, ni de liaison amoureuse – pas même une passade – avec une femme qui n’était pas de mon milieu. Lorsque j’étais étudiant à Tunis puis à Paris, je ne fréquentais que des étudiantes. Après avoir fini mes études, quand j’avais commencé à enseigner dans le secondaire, puis à l’université, toutes les relations que j’avais eues, avant de rencontrer Brigitte, étaient avec des enseignantes. C’était la première fois que j’étais attiré par une femme avec laquelle je n’avais apparemment rien de commun, sinon le fait qu’elle était tunisienne et que, comme moi, elle vivait à Paris.
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Je me suis rendu compte que Zohra aussi prend plaisir à parler avec moi en dialecte tunisien. Non pas parce qu’elle en est privée, comme moi, puisqu’elle l’utilise tous les jours avec son fils et son mari, mais, je crois, parce qu’elle sent que cela m’est agréable et me réjouit.
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Je n’ai jamais fréquenté de femmes arabes, à part quelques étudiantes, de brèves aventures à l’époque de la fac à Tunis, avant de partir. Sans doute est-ce le sentiment d’avoir été exclu de leur monde depuis que je me suis installé en France, et surtout depuis que j’ai épousé Brigitte, qui m’inspire sur le tard cette nostalgie. D’une certaine façon, en conversant ainsi avec Zohra, je cherche à pénétrer cet univers dont j’ignore presque tout, et à déceler ses mystères.
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Je sais bien qu’appeler les domestiques par leur prénom est une forme de familiarité qui efface la distance censée exister – ou qu’il est préférable de garder – entre ceux-ci et leurs patrons. Cela peut les encourager à se comporter de manière inconvenante, à dépasser les limites, voire pire. Certes, Zohra ne travaille pas chez moi mais chez Mme Albert, mais cela ne change rien à la question car, au bout du compte, elle est femme de ménage, et tout le monde le sait dans l’immeuble. Pourtant, si j’ai pris cette décision, c’est par égard pour elle, non seulement parce qu’elle est tunisienne, mais aussi parce que c’est une femme qui mérite cela.
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Pour tout dire, c’est l’attitude de Zohra qui m’a changé. J’étais sûr qu’elle avait remarqué mon trouble, et peut-être même la gêne que je ressentais – elle semblait être une femme intelligente et sensible –, pourtant elle a continué à me saluer et à s’adresser à moi avec une grande courtoisie. De jour en jour, j’étais de plus en plus convaincu de ce que j’avais perçu depuis que j’avais commencé à m’intéresser à elle : qu’elle avait des qualités qui ne pouvaient que forcer l’admiration, même chez les Français qui haïssent les Arabes.
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