"Écrire sur mon envahissante perte de vue, il n'en était pas question."...
C'est bien au contraire l'opposé de cette affirmation que nous offre Jacques Sémelin dans ce livre. Ne nous focalisons toutefois pas sur sa maladie : certes atteint d'une déficience visuelle le conduisant progressivement à la cécité, il s'attache à décrire son combat pour devenir un politologue émérite ayant pour sujet les génocides et massacres au XXème siècle (depuis un collège de banlieue à son entrée au CNRS). Ce livre ne doit pas se lire comme une description d'une longue perte de la vue, mais bien plus comme le récit d'une lutte contre une maladie incurable, découverte bien trop tôt, intériorisée, cachée.On y voit l'impact sur la vie familiale, sentimentale. Les voyages de l'auteur aux États-Unis nous font prendre conscience de l'avancée en matière technologique et de matériel spécialisé outre-manche.
Un livre à conseiller à toutes les personnes s'intéressant de près ou de loin à la déficience visuelle et à toutes les solutions pour pallier ce handicap.
Maintenant que j'avais pris conscience que les couleurs, elles aussi, avaient fini par s'envoler à jamais, je fus surpris de ne pas en être anéanti. J'aurais dû exploser, me révolter, crier ma rage d'être privé de cette dimension de la beauté. Vous qui pouvez contempler la magnificence d'une fleur, d'un tableau de maître, d'un coucher de soleil, soyez sûr de votre bonheur. moi, je m'étais enfoncé encore un peu plus dans les marais de la grisaille. Je ne me faisait plus d'illusions depuis longtemps : je savais que j'étais en train d'y disparaître complètement. Mais j'espérais ne pas y laisser ma peau, ayant préparé, tant bien que mal, les conditions de ma métamorphose.
En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.