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Critique de Nimauzza


J'ai choisi ce livre sur les rayons de la bibliothèque à cause de son titre. Je m'étais déjà intéressée à la biographie de Ramon Mercader del Rio, assassin de Trotski, à travers le livre passionnant de Leonardo Padura : « L'homme qui aimait les chiens ». Voilà donc l'occasion de découvrir Jorge Semprun écrivain.
L'action se déroule au printemps 1966, en pleine guerre froide, à Amsterdam.
Le roman commence par une déconcertante et longue analyse artistique du tableau de Vermeer, « une vue de Delft » au musée Mauritshuis de la Haye. Ce tableau constitue une sorte de fil rouge tout au long du récit. Déconcertant aussi le manque de rigueur chronologique dans la première partie, on se perd un peu à saisir le lien entre tous les protagonistes de cette histoire, ce qui contraint parfois à un retour en arrière. D'autant que l'auteur se plait à quelques digressions littéraires fort intéressantes par ailleurs, sur l'attitude d'un personnage, ou une expression qu'il aurait employée, avec humour souvent. Mais petit à petit, à notre grande surprise, les diverses pièces du puzzle s'imbriquent de façon cohérente, et il devient difficile de lâcher la lecture.
Car c'est un roman d'espionnage, et, sans doute pour nous plonger dans l'atmosphère complexe entre Russes et Américains à cette époque, où il est difficile de savoir qui agit pour qui, qui est un agent double, qui est un agent infiltré, l'auteur s'est plu à nous perdre dans l'histoire personnelle et politique de chacun de ses personnages, de la guerre d'Espagne à la révolution russe, en passant par la deuxième guerre mondiale et la RDA.
Mais c'est aussi un roman politique. A travers ce roman, l'auteur livre son regard désabusé sur la politique de l'Union Soviétique ; comment Staline, dans son délire paranoïaque, a dépouillé la Révolution de ses idéaux, en éliminant les uns après les autres ceux qui s'étaient battus pour un monde différent. Un deuxième Ramon Mercader, sacrifié lui aussi, au nom d'une idéologie dont on peut finalement douter de la légitimité et de la sincérité.
Un roman autobiographique aussi en quelque sorte, beaucoup d'éléments de sa vie personnelle se retrouvent dans le héros Ramon Mercader, et c'est un peu son rôle d'activiste communiste espagnol contre le régime de Franco qui sert de trame à ce roman.
« L'homme qui aimait les chiens », un livre passionnant entre guerre d'Espagne, révolution russe, et révolution cubaine, lu et relu.
« La deuxième mort de Roman Mercader », à relire certainement, pour une réflexion plus approfondie sur l'action politique.
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