Fin de moi.
Chaque fin de mois je meurs un peu. "La crise" tue à petit feu. "La crise" m’efface lettre à lettre. "La crise" vide les markers, nettoie les murs, efface les mémoires, tarit les imaginations, essore les moi.
La crise » a beaucoup, beaucoup, de clauses en petits caractère
« La crise » est jean-T-shirt et te tutoie.
« La crise » investit profitablement dans « la crise ».
« La crise » décrète ton devoir de réserve et ton droit imprescriptible de te taire.
« La crise », de ses millions de bras musclés sait manier la grue, poser des cloisons de béton armé au trente-septième étage, creuser des tunnels, extraire le pétrole et le diamant tout ça pour un salaire d’une remarquable humilité.
Une preuve d’existence de « la crise » c’est « la crise ».
La vie chère nourrit « la crise » qui nourrit la vie chère.
« La crise » mène la vie chère.
« La crise » ça s’épelle : c-a-p-i-t-a-l-i-s-m-e.
« La crise » sponsorise les carrières politiques.
« La crise » inégalise verticalement et égalise horizontalement.
« La crise » est un suspens à durée déterminé renouvelé à l’identique à chaque fin de mois. Une tension dramatique nécessaire. Un climax leitmotiv. Une errance cyclique. Une addiction involontaire.
La crise » c’est la liberté sans la justice.